Budget Girard: toujours en quête de la fin du fax, Québec prévoit 900 M$ pour numériser la santé

Déterminé à mettre un terme à l’ère du fax, Québec allongera 900 M$ sur cinq ans afin de numériser son réseau de la santé. Le budget Girard mise fortement sur les hôpitaux et les soins à domicile, mais prévoit peu d’argent frais pour bonifier l’accès à la première ligne.

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Malgré la rigueur budgétaire, la Santé (tout comme l’Éducation) fait partie des deux grandes missions de l’État priorisées par le ministre des Finances, Eric Girard.

Son collègue Christian Dubé pourra donc compter sur des hausses de 4,2% de dépenses cette année, puis de 3,2% l’an prochain. Il s’agit tout de même d’une baisse par rapport aux 5,7% de croissance réelle l’an dernier.

«Le niveau de dépenses en santé est beaucoup plus élevé depuis la pandémie» et le demeurera, a noté Eric Girard. Le ministre évalue entre 2 G$ et 3 G$ cette charge supplémentaire chaque année, notamment pour maintenir des stocks d’équipements médicaux et des centres de vaccination.

En parallèle, Québec s’est réservé une enveloppe de 3 G$ annuellement afin de régler avec les secteurs toujours sans nouvelles conventions collectives (FIQ, médecins omnipraticiens et spécialistes, ambulanciers, RI, RTF).

• Écoutez l'analyse d'Antoine Robitaille, chroniqueur au Journal de Montréal et de Québec, avec les informations de dernière heure sur le budget sur QUB :

Coup de pouce aux RPA

Dans cet exercice budgétaire, la numérisation du réseau obtient la part du lion. Québec réserve 902,5 M$ sur l’horizon de cinq ans.

La somme permettra la mise en place du Dossier santé numérique, mais également l’intégration de l’intelligence artificielle afin «d’alléger la charge administrative des professionnels» qui pourront ainsi consacrer plus de temps aux soins.

Cet investissement massif est bien reçu par la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui représente de nombreux employés du réseau de la santé.

«Ça vient combler un déficit technologique. Tout le monde rit des fax dans le système de santé. Alors, effectivement, ça peut améliorer [les soins aux patients] en diminuant la paperasse et faire en sorte que l’information soit disponible rapidement», observe Caroline Senneville.

Autre grand bénéficiaire, le secteur des services de soutien à domicile recevra 581 M$ sur cinq ans. Québec espère ainsi faire passer le nombre d’heures offertes de 34,7 M$ aujourd’hui à 43,6 M$ en 2028.

Il faut savoir que les besoins en soutien à domicile sont immenses: depuis 2019, le Québec a ajouté 8 G$ pour bonifier son offre.

Afin de venir en aide aux résidences privées pour aînés, qui ferment leurs portes à un rythme alarmant, le gouvernement Legault prolongera les primes salariales versées depuis le début de la pandémie.

Cette aide devait se terminer cette année, elle demeurera finalement en place jusqu’au 31 décembre 2026.

Du même souffle, le gouvernement Legault poursuit la concrétisation d’une promesse faite en plein cœur de la pandémie, en conventionnant les CHSLD privés. D’ici la fin du mois en cours, 13 l’auront déjà été; 16 autres devraient l’être au cours de la prochaine année.

1^re ligne

Concernant l’accès à la première ligne, le budget Girard contient peu de nouveautés. Pour les cinq prochaines années, 113,5 M$ sont prévus afin de poursuivre le déploiement du Guichet d’accès à la première ligne, qui permet d’obtenir un rendez-vous avec un professionnel de la santé.

Selon Québec, ce système permet de rediriger la moitié des demandes vers un service autre qu’un rendez-vous médical.

Santé Québec

Pour le président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, une grande inconnue demeure à la lecture du budget.

«Le trou noir, c’est la création de la nouvelle agence Santé Québec. On ne sait pas combien ça va coûter pour créer une structure parallèle au ministère de la Santé», note Robert Comeau.

Notons toutefois que Québec avait réservé 60 M$ dans son budget l'an dernier pour mettre en place Santé Québec. Son budget de roulement, lui, proviendra du ministère de la Santé, qui cédera une partie de ses activités à la nouvelle agence.