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Culture

Benoît Brière révèle ses deux projets les plus marquants en 35 ans de carrière

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Daniel Daignault

2025-07-03T10:00:00Z
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Benoît Brière est aimé par le public depuis plus de 35 ans, à la fois pour sa personnalité enjouée et pour tous les personnages qu’il a brillamment incarnés. Cet été, il va encore nous en mettre plein la vue dans la pièce Les 39 marches, qui s’annonce comme un grand défi pour lui et ses amis, ses complices Martin Drainville et Luc Guérin, sans oublier Évelyne Rompré.

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Plus de 30 ans de carrière, ça veut dire que le temps passe... et ça ne le rajeunit pas, que je lui fais remarquer à la blague! Justement, il était à quelques jours d’atteindre la soixantaine lorsque je l’ai rencontré. Je lui ai bien sûr demandé si le fait d’avoir 60 ans changeait quelque chose pour lui. La réponse n’a pas tardé: «Rien pantoute! Honnêtement, je pense que j’ai été plus craintif à la quarantaine et à la cinquantaine qu’à la soixantaine. Il faut dire que, lorsqu’on fait une pièce comme Les 39 marches, on retombe toujours dans la trentaine. C’est comme si notre corps oubliait notre âge... mais il nous le rappelle tous les matins. Quand tu te lèves, tu as 60 ans: tu as mal aux genoux, mal dans le dos... Mais quand tu arrives dans la salle de répétition et que tu joues, tu as 30 ans. Quand tu sors de scène, tu en as même 22... mais une demi-heure après, par contre, tu en as 87, dit-il avec le sourire. On oublie vraiment notre âge quand on sait qu’on va courir comme des fous sur scène.» Il faut dire qu’il a l’habitude de jouer dans des émissions ou des pièces qui sont exigeantes physiquement! «Tout le temps! Peter Pan, ce ne sera pas reposant, avec les chorégraphies entre autres, et Broue aussi était très exigeant. Mais j’aime ça, je suis habitué, je m’y retrouve comme un poisson dans l’eau, je me sens bien là-dedans.»

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La pièce Les 39 marches, dans laquelle il joue aux côtés de Luc Guérin, Martin Drainville et Évelyne Rompré, offre peu de répit aux comédiens et aux spectateurs. Les comédiens incarnent tout près de 50 personnages, et les décors se succèdent sans cesse; c’est une mécanique bien huilée. Tout est une question de timing pour provoquer les rires et l’étonnement. «Une nanoseconde avant ou après, et ça ne marche pas. Quand tu es conscient de cette mathématique-là, tu veux que ce soit parfaitement fluide, et tu ne peux pas arriver là dans la demi-mesure. Il y a 33 scènes dans la pièce, et ça va vite. Moi, je fais 17 personnages, dont trois importants qui vont réorienter l’histoire du personnage principal, joué par Luc. C’est un peu exigeant, mais on est très heureux et surtout très conscients de notre privilège d’avoir encore cette tribune-là aujourd’hui, car il y a de moins en moins d’élus. Nous, on veut simplement livrer la marchandise.»

Dans cette pièce qui s’annonce comme l’un des grands succès de l’été, Benoît incarne au moins un personnage féminin: «C’est l’histoire de ma carrière! J’ai porté plus souvent le bas-culotte que le pantalon. Juste avec les publicités de Bell (il y en a eu plus de 130), il y en a au moins le tiers, sinon la moitié, où je jouais un personnage féminin. J’ai donné. Ça doit être parce que mon yin et mon yang sont équilibrés!»

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Outre cette pièce de théâtre, qui sera présentée cet été à Laval, puis à Sainte-Agathe et à Terrebonne, avant la tournée à travers le Québec qui aura lieu l’an prochain, on a beaucoup parlé du rôle qu’a défendu Benoît dans la série télé Empathie. Disons-le, c’est une grande performance d’acteur qu’il a offert avec son personnage de pyromane. «Très humblement — avec une vérité dans l’humilité que tu ne peux pas imaginer —, ça fait partie des grands projets auxquels j’ai participé. J’en ai eu de beaux projets à la télévision; j’ai été gâté pourri dans l’industrie. Mais les deux plus marquants pour moi, en 35 ans de carrière, ç’a été Cher Olivier, qui a tout démarré, et Empathie. Cher Olivier pour ce que c’est, mais aussi pour avoir travaillé avec André Melançon. Tout le monde était extraordinaire dans ce projet-là, à tous points de vue. Et j’ai revécu ça quelque 30 ans plus tard avec Empathie», confie-t-il.

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Benoît raconte comment il a obtenu ce rôle. «C’est une belle histoire. J’ai appelé Florence (Longpré), que je ne connaissais pas mais que j’admire profondément depuis ses débuts. Je n’en reviens toujours pas de l’humanité et de la vérité de cette fille-là, de son humour à travers des projets fondamentalement dramatiques. Je l’approchais pour un projet cinématographique. Elle m’a dit que ça adonnait bien parce qu’elle voulait me parler de quelque chose. Elle m’a alors parlé de sa série et m’a demandé si c’était quelque chose qui pouvait m’intéresser. Je lui ai répondu: “Florence Longpré, peu importe ce que tu veux que je fasse, une poignée de porte ou un pot de chambre, je vais y aller.” Quand j’ai reçu les textes des 10 épisodes, je les ai lus assis dans mon salon et je pleurais. Je trouvais ça magnifique, je voyais déjà où on pouvait aller avec ça, parce que tout était là sur papier. Hitchcock (qui a réalisé le film Les 39 marches en 1935) disait: “Ça prend trois choses: un bon scénario, un bon scénario et un bon scénario.” Il n’avait pas tout à fait tort», raconte le comédien.

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Tout le monde était bon dans cette série, selon Benoît. «Ce bonhomme-là que j’avais à jouer, je l’ai aimé dès la première lecture, et je me suis dit que c’était un pauvre homme fragile et que c’était ça qu’on allait mettre de l’avant. J’étais fatigué quand j’ai tourné ça, et j’ai profité de mon état pour jouer ce personnage. Je répétais mon texte dans ma tête, et les larmes me venaient aux yeux. Quand je revenais de ces journées de tournage, alors que j’aurais dû être exténué, à terre, j’étais surexcité! Je n’étais pas capable de dormir! Ma blonde me disait d’aller me coucher, que je recommençais à travailler le lendemain à 6 h, mais j’en étais incapable. Chaque jour, je disais à ma blonde: “Oh! On tient quelque chose avec cette série-là!”»

Le mot chance reviendra souvent dans la bouche de Benoît au cours de notre entretien, notamment lorsqu’il est question de ses débuts dans le métier. «On est souvent tributaire du premier succès qu’on connaît. Moi, en sortant de l’École nationale, j’ai joué dans une comédie, alors on a dit de moi que j’étais un acteur comique. J’aime beaucoup ça, j’ai du fun là-dedans, et je pense que j’y arrive. Mais j’ai eu des propositions théâtrales, cinématographiques et télévisuelles où je n’étais pas du tout dans la comédie. Honnêtement, je trouve ça beaucoup plus difficile de faire de la comédie que du drame. Avec Empathie, tout est là, dans chacune des scènes. Grâce à la façon dont c’est écrit, c’est plein de ressources, ce n’est pas monocorde et linéaire, c’est archi riche.» On devine que si Florence décide de faire de nouveau appel à Benoît pour incarner Jacques Dallaire, il ne se fera pas prier longtemps. «Ç’a été vraiment une peine d’amour quand j’ai fini de tourner dans cette série-là. Ç’a été un cadeau du ciel inouï.»

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Un incident qui l’a fait réfléchir

Retour dans le temps: on est en novembre 2021 et Benoît est à l’hôpital. Il est sur le point de rentrer à la maison après avoir été opéré pour une diverticulite, lorsqu’il s’effondre dans une salle de bains. Il est rapidement pris en charge et doit être opéré pour une péritonite. «C’était très grave, mes organes vitaux lâchaient un à un», a-t-il confié à Marie-Claude Barrette, alors qu’il était invité à son balado Ouvre ton jeu. Si Benoît a bien cru que sa dernière heure était arrivée il y a quatre ans, il ne semble pas pour autant mettre la pédale douce aujourd’hui sur le plan professionnel puisque, en plus de tous ses autres projets, il jouera en décembre dans la comédie musicale Peter Pan, aux côtés notamment d’Éléonore Lagacé. «J’ai besoin d’avoir la couenne dure, dit-il en riant. C’est une parenthèse dans mon horaire, avant de reprendre Les 39 marches l’an prochain, puis Broue à l’automne. J’ai calculé, et on n’est pas loin de 150 shows que je vais faire en un an et demi.»

Passionné par son travail et par son bonheur de faire rire ou d’émouvoir les spectateurs, Benoît dit être en grande forme et vouloir jouer encore et encore. «J’aime être dans l’action, ça me garde totalement jeune. Le passage à vide que j’ai vécu sur le plan de la santé, il n’est plus là. C’est la beauté de la chose: j’ai été très chanceux dans ma malchance, car je n’ai pas de séquelles de ça. C’est comme si on me donnait une deuxième chance. Normalement, un être humain intelligemment constitué se serait dit: “J’ai une deuxième chance, je vais quand même y aller plus mollo.” Mais moi je n’ai pas compris ça; je n’ai jamais fait ça. Je ne dis pas que l’envie de prendre des moments pour respirer n’est pas là, mais c’est une drogue, cette affaire-là. C’est dans ma nature; j’ai besoin de ça. Pas de travailler comme un fou, mais d’avoir du fun à faire ce que je fais.»

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Il y a le travail, mais il y a aussi la vie personnelle, et Benoît confie qu’il ne pourrait être plus heureux sur ce plan. Lui et sa compagne, Christine Harvey, sont ensemble depuis 36 ans. «Mes filles ont maintenant 22 et 24 ans! Elles sont des diplômées de HEC depuis un an. Elles sont belles, t’as pas idée! Elles ont une année scolaire de différence. L’aînée avait commencé pendant la pandémie en psycho à l’Université de Montréal, et elle a fait ses études en Zoom pendant les deux premières sessions. Elle a fait ça haut la main, dans sa chambre, devant son ordi. Toutefois, après une année en psycho, elle est entrée à HEC en même temps que sa sœur cadette. L’une de mes filles travaille à la RBC, et l’autre à Tennis Canada», dit-il avec fierté.

On dit que Benoît travaille beaucoup, mais il souligne que sa blonde, qui est violoncelliste professionnelle, ne donne pas sa place non plus. «Ma blonde continue à jouer comme pigiste, mais elle est régulière dans l’Orchestre Métropolitain. Elle s’en va en tournée en Europe, où elle va jouer à Paris, Hambourg, Vienne, Bruxelles et Baden-Baden, avec Yannick Nézet-Séguin. Elle sera aussi au Domaine Forget cet été, et elle participera aux concerts sur le mont Royal. Elle est partout et, en plus, elle enseigne et dirige des camps musicaux pour adultes. Nos enfants sont élevés, ils sont autonomes, et ma blonde et moi, on mène nos activités professionnelles chacun de notre bord, et on a du travail! C’est vraiment super.»

Le prochain bonheur que Benoît se souhaite, dit-il à la fin de notre rencontre, est d’être un jour grand-père. «Je le souhaite, mon vieux, je ne peux même pas te dire comment! Je suis prêt depuis longtemps, mais ce n’est pas moi qui vais décider, et je ne veux pas mettre de pression à mes filles. Ces enfants-là, quand ils vont voir le jour, ils vont être gâtés, ça va être effrayant.»

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