Avec la fin d’«Avant le crash», Irlande Côté vit un véritable deuil
Alicia Bélanger-Bolduc
À seulement 16 ans, Irlande Côté possède déjà une impressionnante carrière, ayant fait ses débuts devant la caméra dès l'âge de trois mois dans une publicité. Son interprétation nuancée du personnage de Florence dans Avant le crash témoigne de son talent, forgé au contact des plus grands artistes qui l'ont profondément influencée ces dernières années. Reconnaissante de sa place privilégiée dans l'industrie, Irlande évoque son métier avec une remarquable humilité.
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Comment le public découvre-t-il Florence pour cette ultime saison d’Avant le crash?
Je remarque vraiment une belle et grosse évolution de mon personnage depuis la première saison. On la voit grandir en expérience et expérimenter toutes sortes de choses. On continue de voir la belle relation qu'elle entretient avec Marc-André (Éric Bruneau) et celle, plus compliquée, avec sa mère (Mylène Mackay).
Qu'est-ce que ça fait de jouer avec des personnes aussi expérimentées autour de toi?
J'ai vraiment grandi grâce à eux. Je prends exemple et je les regarde pour évoluer. Ils me donnent un bon exemple d'éthique de travail. Malgré mon âge, ils ne me prennent pas pour un enfant et ne me laissent pas à part. Pendant les pauses, on se parle, et certains m'ont même aidée à étudier. Bien qu'ils soient tous très connus, ce sont des personnes extraordinaires, gentilles et humbles. Ce n'est pas parce qu'ils sont des vedettes qu'ils sont des gens différents. À la première saison, j'arrivais tout le temps excitée, mais j'ai appris que la bulle personnelle était importante. J'ai eu besoin de me mettre une discipline plus stricte que les autres de mon âge. Je ne pouvais pas aller jouer avec mes amis parce que j'avais des textes à apprendre et des journées de tournage qui pouvaient commencer tôt.

Comment as-tu vécu la fin de ce projet?
Ce fut vraiment un deuil, puisqu'on a été une vraie famille durant les trois saisons. Je m'en allais toujours travailler avec des gens qui me faisaient me sentir bien. J'ai toujours eu du plaisir à tourner. Il n'y a pas une journée, même l'été, où je n'étais pas contente d'y être. C'était très dur de leur dire au revoir. Ils ont vécu mon adolescence avec moi, j'ai commencé sur le projet, je n'avais que 13 ans.
Comment concilies-tu ton travail d'actrice et tes études?
Je dois avoir beaucoup de discipline. Parfois, je ne manque pas trop de matière et je peux simplement le rattraper plus tard, mais quand je tourne trois ou même cinq jours par semaine, j'ai un tuteur, parce que sinon c'est trop dur. J'ai la chance d’avoir des professeurs et une école qui sont conciliants et qui m’aident à jumeler les deux.
Tu es en cinquième secondaire. Comment vois-tu la fin de ce chapitre?
J’ai hâte, mais j'ai peur en même temps. Je suis triste que cette grosse étape se termine, mais ça me permettra de me concentrer sur d’autres choses et d’apprendre davantage sur d’autres sujets. Je désire aller au cégep, mais je n'ai pas encore choisi dans quel profil j'irai.

Tu as commencé très jeune dans le domaine. D’où vient ce désir d’être devant la caméra?
J'ai eu mon premier rôle à trois ans, mais ma première publicité à trois mois. Ma grande sœur était déjà sur les plateaux et ma mère devait m'amener avec elle, donc j’ai grandi dans cet univers. J’étais super sociable avec tout le monde et un jour, la production a demandé à ma mère si je ne voulais pas en faire à mon tour. J’avais cette énergie qui attirait les gens autour de moi, j’avais déjà le désir très jeune il semble et je n’ai jamais voulu arrêter.
Comment vois-tu ton avenir dans ce milieu?
J’aimerais continuer le plus longtemps possible. C’est un travail, mais je ne le sens pas. J’ai toujours autant de plaisir à être sur un plateau. Je suis chanceuse d'avoir trouvé un métier qui me passionne si jeune et je vais travailler fort pour continuer.
As-tu eu de la difficulté à te faire des amis qui ne connaissent pas ta réalité, bien différente des filles de ton âge?
Au primaire, j'ai vécu beaucoup d'intimidation et de jalousie de mes collègues de classe. Beaucoup pensent que le métier me monte à la tête, que je me trouve plus cool que les autres puisque je suis à la télé, mais ça ne pourrait pas être plus faux. Pour moi, je suis un humain comme les autres et je fais un simple travail. Ça a été dur de leur faire comprendre, mais mes amis saisissent un peu mieux maintenant et savent où je m'en vais quand je suis absente. J'ai des amis dans le milieu, mais quand je suis sur un plateau, c'est très professionnel pour moi. Je n'ai pas trop envie de mélanger mon travail avec le plaisir.
Maintenant que tu as passé des années sur les plateaux, sens-tu que tu deviens à ton tour une mentore pour des gens qui débutent?
Je suis encore majoritairement la plus jeune sur des plateaux, mais ça m'est arrivé d'aider pour des auditions et de donner la réplique pendant celles-ci. Je sais ce que ça demande et ce que les productions veulent, donc je peux aider à les diriger. J'aime beaucoup aider et j'aimerais plus tard coacher des jeunes.
Ah oui? Qu’est-ce qui t’intéresse dans cette approche?
J'aime beaucoup aider les autres et j'adore personnellement ma coach Anik Lefebvre qui m'a tellement appris. Je voudrais prendre exemple sur elle. J'ai toujours été quelqu'un de très gênée et qui n'aime pas avoir de coach avec moi; je préfère faire mes choses de mon côté. Mais là, j'ai trouvé quelqu'un d'exceptionnel et j'aimerais, à mon tour, être celle qui peut redonner et aider les jeunes à se sentir à leur meilleur.

Outre ton talent d’actrice, qu’est-ce que tu souhaiterais que le public retienne de toi?
Je suis peut-être très gênée, mais je ne vais jamais repousser quelqu’un qui vient me saluer et me parler. Je ne vais jamais avoir une attitude désagréable. Au contraire, c'est un vrai honneur pour moi; j'y pense souvent des jours après tellement je trouve ça gentil. Jamais le fait que je joue à la télé ne changera quelque chose de ma personnalité. Pour moi, je travaille au même titre qu'une amie qui est serveuse dans un restaurant. Je suis exactement comme tous les élèves de mon école. Mes parents m'ont toujours appris à rester humble et à garder la tête froide. J'aime beaucoup recevoir des nominations, c'est un honneur, mais ce n'est pas ce qui me définit. Je n'aime pas me vanter de mes accomplissements, non pas parce que je les tiens pour acquis, mais je ne veux pas qu'on me voie différemment.
Qui est Irlande, justement, quand elle n’est pas en tournage?
J'aime les sports d'hiver. Je fais partie d'un programme sport-études en planche à neige. Sinon, j'aime beaucoup passer du temps avec ma famille et mes amis. Avec ma famille, on part tous les ans deux semaines dans différents endroits.

Parle-moi de l’importance de l’entourage quand on commence ce métier si jeune.
J'ai quatre personnes en tête en ce moment: ma mère, mon beau-père, mon grand-père et ma coach Anik. Sans eux, je n'en serais jamais arrivée où j'en suis aujourd'hui. Je ne suis jamais capable de me pratiquer devant ma famille, mais ils sont toujours là pour m'encourager. Même s'il y a des scènes où je suis moins satisfaite ou que je pleure parce que je ne me sens pas bien, ils sont là pour moi. Ils m'ont aidée à m'élever. Mon grand-père a été très présent, c'est souvent lui qui venait avec moi sur les plateaux. Depuis que j'ai 14 ans, j'y vais seule, mais ils sont très importants pour moi.
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi?
Je ferai partie de la série Jumelles et les tournages commenceront à la fin d’octobre. C'est très à l'opposé de mon personnage de Florence: elle est plus joyeuse, vit moins de problèmes. J'ai hâte d'expérimenter un autre type de jeu. C'est l'histoire d'Emma et Florence, jumelles de 14 ans qui vivent une crise identitaire, étant nées d'un couple québécois-haïtien. Ça sortira au printemps 2026. Je n'ai pas encore appris à connaître ma collègue de jeu, Keyla Mingot, mais elle semble vraiment gentille.