Attaque de l’Halloween à Québec: un fantasme malveillant pour se prouver

Le périple meurtrier de Carl Girouard se voulait une «quête narcissique» qui aurait même pu être abandonnée s’il avait connu l’amour, mais qui s’est finalement concrétisée afin de magnifier sa différence, selon le psychiatre Sylvain Faucher pour qui les crimes commis n’ont rien à voir avec un délire psychotique.

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Le dernier témoin du procès de l’assaillant de l’Halloween, le psychiatre Sylvain Faucher, s’est présenté à la barre pour faire valoir son opinion sur l’état mental de l’accusé au moment où il a tué deux personnes en plus d’en blesser cinq. Le D^r Faucher s’est rapidement dissocié de l’analyse du psychiatre de la défense, le D^r Gilles Chamberland, qui estime que l’accusé était en plein délire psychotique au moment des faits et qu’il n’était pas en mesure d’apprécier la portée de ce qu’il faisait.  

Selon le D^r Faucher, le projet de tuer des gens s’est présenté à Girouard à un moment où il était blessé, souffrant. «Ça ne lui est pas tombé dessus», illustre-t-il 

Le jeune adulte «doit subir le poids de sa différence», il se sent dévalorisé, il n’aime pas le monde dans lequel il vit, il est incompris. Il s’agit «d’éléments qui laissent entrevoir le ressentiment», analyse le psychiatre.    

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Pas une psychose

La mission serait donc une «quête narcissique», «un fantasme dont il est le maitre du jeu». «Une façon en somme de magnifier sa différence au lieu de vivre et d’être confronté à sa grande difficulté à s’intégrer», a écrit l’expert dans son rapport de 56 pages. 

Rien à voir avec une quelconque entité divine, une hallucination ou une signification particulière «comme on l’observe usuellement chez l’individu souffrant de psychose», ajoute l’expert. À plusieurs reprises l’accusé, placé dans la boite des accusés derrière le témoin, a fait non de la tête. 

Plus encore, lors des rencontres le D^r Faucher lui a demandé s’il y avait des éléments qui auraient pu empêcher le passage à l’acte. «S’il avait connu l’amour, peut-être que ça l’aurait empêché. Ce n’est pas une certitude, mais peut-être», a répondu l’accusé.  

Grande improbabilité

Un élément convainc le D^r Faucher plus que tout de l’improbabilité du délire psychotique de Girouard. Alors qu’il élabore son plan depuis six ans, après le soir des événements, «la partie malade [le mauvais Carl] est disparue en un claquement de doigts et n’est jamais revenue» sans jamais que des comportements erratiques soient remarqués depuis.  

«Pour moi c’est exceptionnel, je n’ai jamais vu ça en 26 ans de carrière. C’est la plus grande improbabilité», a affirmé l’expert au jury. Cette disparition du mauvais Carl est d’autant plus particulière qu’elle est survenue sans que des médicaments antipsychotiques soient prescrits à l’accusé.  

«La survenue des événements délictuels nous apparaît plutôt découler d’un fantasme malveillant chez monsieur Girouard», estime l’expert. Carl Girouard aurait donc un trouble de la personnalité narcissique, accompagnée d’éléments des personnalités obsessive compulsive et évitante. Il était donc capable de faire la différence entre le bien et le mal le 31 octobre 2020, selon Sylvain Faucher.