«Allée du crack»: les discussions rompues avec la santé publique, dit Cactus Montréal
Kevin Crane | TVA Nouvelles
Le directeur général de Cactus Montréal fait une sortie en règle contre la santé publique de Montréal. En pleine crise des opioïdes et de surdoses, Jean-François Mary se plaint que les communications sont presque rompues avec la santé publique.
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La diffusion de notre reportage la semaine dernière sur «l’allée du crack» à Montréal a fait grandement réagir. La cohabitation est difficile entre des consommateurs de drogues dures et des résidents. Au quotidien: les citoyens du quartier sont témoins de consommateurs en crise, de la consommation de drogues dures et de surdoses.
Le directeur général de Cactus réagit sur ce qui est devenu la rue Berger. «Ce que dénoncent les résidents de la rue Berger c’est la même chose que ce que nous dénonçons. Ces situations sont inhumaines et elles ne devraient pas, dans un pays aussi riche que le Canada et une province aussi riche que le Québec, se dérouler sous nos yeux», explique monsieur Mary.
Il est critique à l’endroit de la santé publique de Montréal. Il ne comprend pas pourquoi il ne participe pas, ainsi que d’autres groupes communautaires, aux rencontres entre la Ville de Montréal, la santé publique et le Service de police de la Ville de Montréal sur la crise des opioïdes. « Ce n’est pas normal que les discussions soient quasiment rompues avec les instances de santé publique locale. Avant, on avait des comités de vigie sur les surdoses. On était capable de discuter sur les enjeux qu’on vivait », raconte le directeur général.
En réaction à notre premier reportage, le conseiller municipal dans Ville-Marie, Robert Beaudry, a précisé que la Ville était au rendez-vous et que Québec devait financer davantage les groupes communautaires comme Cactus. Le directeur général lui donne la réplique : «Il faut sortir de ces guerres de clocher et d’agir véritablement pour améliorer la condition des personnes les plus marginalisées et en retour la population aura ses conditions de vie s’améliorer», a souligné Jean-François Mary. Contrairement aux propos de Robert Beaudry, il dit que le financement de Québec est suffisant.
Les services de la rue Berger ont attiré 51 000 personnes l’année dernière pour la remise de matériels :
- 408 454 seringues
- 110 790 condoms
- 85 161 pipes en pyrex
- 37 898 pipes à cristal
Ce sont plus de 22 000 visites en 2023 pour accéder à la salle de consommation supervisée. Il y a une forte augmentation de la consommation de fentanyl, de crack et de méthamphétamine par inhalation. Le directeur général dit que c’est préoccupant, car ils ne sont pas prêts à faire face à une augmentation des surdoses par inhalation.
Le nombre de surdoses à l’intérieur des murs de Cactus est alarmant. L’année dernière, il y en a eu 941. C’est trois fois plus qu’en 2022. En moyenne, c’est 4 surdoses par jour et ça peut aller jusqu’à 10.
Cactus a des pistes de solutions pour améliorer la situation de la rue Berger. L’organisme attribue la forte présence de consommateurs sur cette rue en raison des autres centres qui ferment à 18h00. Il souhaite que ces endroits prolongent leurs heures d’ouverture. Ça pourrait diminuer les gens du nord, de l’est et de l’ouest d’aller au centre-ville.
Jean-François Mary demande aussi que Cactus soit ouvert 24 heures et que son centre devienne un site d’inhalation supervisé. Leur local au coin des rues Sanguinet et Sainte-Catherine pourrait être transformé.
La santé publique de Montréal n’a pas voulu accorder d’entrevue pour ce reportage.
Elle a toutefois réagi par message.
«La Direction régionale de santé publique (DRSP) souhaite maintenir un climat de collaboration avec CACTUS Montréal et établir des ponts afin d'assurer des services de qualité à la population.
La situation actuelle entourant le site CACTUS Montréal et la dynamique en cours sur la rue Berger est très préoccupante et représente une manifestation aiguë de l'augmentation de l'itinérance et de la consommation par inhalation observée dans plusieurs quartiers.
Le plan régional de prévention des surdoses prévoit l'implantation de salles d'inhalation.
La DRSP de Montréal reconnaît l'urgence de la mise en place de tels services au centre-ville et poursuit les démarches avec ses partenaires pour en étudier la faisabilité à court terme.»