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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Activistes qui ont bloqué le pont Jacques-Cartier: ils resteront détenus... pour le moment

La Couronne soutient que la libération sous caution des trois activistes minerait la confiance du public envers la justice

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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-10-23T16:01:50Z
2024-10-23T16:29:05Z
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Les militants écologistes accusés d’avoir complètement paralysé la circulation sur le pont Jacques-Cartier, mardi, resteront détenus au moins jusqu’à leur enquête sur cautionnement la semaine prochaine, car la Couronne invoque que leur libération pourrait miner la confiance du public envers la justice.

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Olivier Huard, Jacob Pirro et Michèle Lavoie se sont présentés souriants devant le juge, faisant des pouces en l’air et des cœurs à leurs proches venus assister à leur comparution.

Mais leurs airs ont vite changé quand ils ont appris qu’ils resteront détenus pour le moment, en lien avec le blocage du pont reliant la métropole à la Rive-Sud, en pleine heure de pointe, afin de dénoncer les énergies fossiles.

«Est-ce que [l’enquête sur remise en liberté] va être aujourd’hui? a demandé Lavoie. On ne peut pas sortir en attendant?»

Le juge Manlio Del Negro lui a alors répondu que non, si bien qu’un juge devra entendre la cause «pour ensuite prendre la décision qui s’impose». La première date disponible était jeudi de la semaine prochaine, soit la journée de l'Halloween.

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Couronne déterminée

Huard, Pirro et Lavoie, âgés de 47, 24 et 39 ans, sont accusés de méfait en «gênant la jouissance du pont Jacques-Cartier». Les deux hommes sont aussi accusés d’entrave à la police, possiblement pour leur refus de descendre de la structure.

La décision de la Couronne de s’opposer à leur libération sous caution peut paraître surprenante puisque les personnes accusées d’un tel geste sont bien souvent remises en liberté en attendant leur procès.

Dans ce cas-ci, la Couronne a mis en avant deux motifs, soit la dangerosité des accusés, mais aussi le maintien de la confiance du public envers la justice. Et elle est déterminée à maintenir son point de vue, selon Me Barbara Bedont de la défense en dénonçant la situation.

Me Barbara Bedont de la défense. PHOTO MICHAËL NGUYEN
Me Barbara Bedont de la défense. PHOTO MICHAËL NGUYEN Photo Michaël Nguyen

«Une action de désobéissance civile, qui fait partie d’une longue tradition de changements démocratiques, a-t-elle dit en marge de l'audience. Notre société doit tolérer ce genre d’action politique.»

Elle a ensuite affirmé que les accusés «avaient pris des mesures» pour que leur coup d'éclat soit «sécuritaire», tout en soulignant que si le blocage du pont était dérangeants, «la crise climatique l'est aussi».

« [Les accusés] sont très courageux, ils sont en train de souffrir mais ils le font parce que c’est important», a-t-elle conclu.

Pas une première

À ce stade-ci, la Couronne n’a pas eu à détailler les raisons qui l’ont poussée à demander la détention jusqu’au procès. Mais dans le cas de Huard et de Pirro, le fait qu’ils auraient commis des gestes similaires en 2022 pourrait avoir joué dans la décision. À l’époque, les deux hommes avaient escaladé la structure du terminal pétrolier Valero, bloquant les lieux pendant plusieurs heures avant d’être arrêtés.

Leur procès est prévu le mois prochain, à la cour municipale de Montréal, pour une durée d’une semaine.

Huard, de son côté, avait aussi été arrêté en 2013, alors qu’il s’opposait à la construction d’une minicentrale hydroélectrique sur la rivière Ouiatchouan au Lac-Saint-Jean.

Cinq membres de son groupe s’étaient carrément enchaînés dans des cabines téléphériques du Village historique de Val-Jalbert, mais ils avaient rapidement été délogés de force par la Sûreté du Québec. Huard avait obtenu l’absolution conditionnelle à des travaux communautaires et d'une amende de 1000$.

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