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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Plus de 550 dépanneurs et épiceries ont fermé leurs portes en moins de deux ans au Québec

L’inflation et des contraintes gouvernementales ont mis à mal ces commerces de proximité

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Photo portrait de Louis Deschênes

Louis Deschênes

2025-06-28T04:00:00Z
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L’explosion du coût de la vie et de nouvelles règles font des ravages chez les propriétaires de dépanneurs et de petites épiceries du Québec, qui sont 550 à avoir mis la clé sous la porte en moins de deux ans.

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«Les fermetures de dépanneurs s’accélèrent comme jamais au Québec depuis novembre 2023», lance Guy Leroux.

L’éditeur du portail DepQuébec tient un registre des dépanneurs, des tabagies et des épiceries de quartier de la province à partir des permis d’alcool en vigueur.

Pour la première fois, il constate que le nombre total de dépanneurs au Québec est descendu sous la barre de 5000.

«J’en ai encore 30 à 40 chaque mois qui ne renouvellent pas leur permis. C’est vraiment très inquiétant», affirme M. Leroux.

D’ailleurs, il suffit de sillonner les rues de plusieurs villes du Québec pour apercevoir des locaux placardés après la fermeture d’un commerce de proximité.

Le dépanneur Accommodation Extra-Plus, dans le quartier Limoilou, à Québec, a fermé ses portes en juin 2024.
Le dépanneur Accommodation Extra-Plus, dans le quartier Limoilou, à Québec, a fermé ses portes en juin 2024. Photo Gabriel Côté
En quête de bas prix

Différentes raisons, comme la baisse des ventes de tabac, peuvent expliquer pourquoi un propriétaire va fermer son dépanneur, mais la hausse du coût de la vie arrive en tête de liste.

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Les produits vendus au dépanneur sont généralement plus chers qu’ailleurs et les Québécois courent de plus en plus les bas prix, font remarquer les intervenants interrogés par Le Journal.

«Nous sommes en compétition avec les supermarchés», mentionne Karine Briand, qui vient de fermer son dépanneur sur la Côte-Nord (voir autre texte).

«Les gens ont besoin de plus d’argent pour vivre, donc le salaire minimum augmente et je les comprends, mais le résultat, c’est que quand tu vas dans un fast-food, tu paies ton trio 15-20$. Eh bien, c’est la même chose au dépanneur», ajoute la femme d’affaires.

De nouvelles mesures restrictives imposées par le gouvernement pèsent aussi dans la balance, estime Guy Leroux.

Il cite le resserrement des exigences pour l’obtention d’un permis d’alcool, la hausse des taxes sur l’alcool, le tabac, le vapotage et l’essence, sans oublier la prohibition des saveurs de vapotage depuis 2023.

«Ça, c’est vraiment une mesure stupide. On aime mieux que les saveurs soient vendues par des bandits et par un réseau illégal. Ç’a donné une belle image, mais le problème n’est pas réglé [...] C’est l’accumulation de tout ça qui donne le résultat que l’on voit aujourd’hui.»

Ce dépanneur situé sur la rue Sainte-Catherine, dans l’arrondissement montréalais de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, a cessé de servir ses clients en 2023.
Ce dépanneur situé sur la rue Sainte-Catherine, dans l’arrondissement montréalais de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, a cessé de servir ses clients en 2023. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Plus de 300 à Montréal

À Montréal, c’est près d’une centaine de dépanneurs qui ont mis la clé sous la porte en un an sur un total de 320 fermetures au Québec.

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Dans la métropole, plusieurs commerces ne vendent pas d’essence et ont peu d’espace. Il leur est donc difficile de bonifier l’offre de services et de s’adapter au marché.

«J’observe un “phénomène Montréal” et c’est inquiétant», affirme Guy Leroux.

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Dans les régions, les statistiques sont moins impressionnantes, mais là aussi, il est difficile de préserver ces commerces essentiels à la vitalité des communautés.

Parlez-en au maire de Saint-André-de-Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent, Gervais Darisse, qui a tout fait pour garder son dépanneur ouvert.

La gestion en a été confiée à une coopérative formée par des citoyens et des gens d’affaires. La Municipalité a même acheté des parts dans le commerce en 2020.

«On l’a opéré pendant quatre ans et demi, raconte avec fierté M. Darisse. Malheureusement, nous avons fermé en avril 2024.»

«Je pense que ça va devenir de plus en plus difficile d’opérer un dépanneur de manière rentable », conclut Guy Leroux. 

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