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L'article provient de 7 jours
Culture

35 ans après «Chambres en ville», Gilbert Lachance et Gregory Charles se retrouvent sur le même plateau

Regardez «Piano public» à Télé-Québec.

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Alicia Bélanger-Bolduc

2025-10-24T10:00:00Z
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Gilbert Lachance, acteur et doubleur de renom, s'est distingué par son rôle marquant dans Chambres en ville et prête sa voix à des stars hollywoodiennes comme Tom Cruise, Johnny Depp et Matt Damon. Pianiste passionné, il se produit régulièrement en concert avec ses compositions instrumentales. Les téléspectateurs ont eu l'agréable surprise de redécouvrir son talent exceptionnel au piano dans l'émission Piano public diffusée à Télé-Québec.

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Comment a été ton expérience à l’émission Piano public?

Au départ, je ne suis pas un gars très compétitif, mais dans mon entourage, on m’a suggéré d’y participer parce que c'est une belle expérience. Ma carrière de pianiste est assez récente, alors c’était plus dans l’esprit de me faire connaître. Je n'interprète pas les œuvres des autres, je crée mes propres compositions et je ne savais pas si ce genre de compétition allait s’y prêter. Adolescent, je jouais beaucoup de piano, mais les carrières qui s'offraient ensuite, c'était plutôt des carrières d'interprète. Je suis donc allé vers mon autre passion, qui est tout aussi grande, celle d'être comédien. C’est en 2017 que je me suis davantage remis au piano. Avec l’émission, j’ai fait de fabuleuses rencontres d’autres personnes de grand talent. Mon aventure s’est finalement terminée au duel, mais j’ai aimé l’expérience.

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Quel est le lien entre ton jeu d’acteur et ta façon de composer?

Il existe de nombreuses connexions. Je compose en établissant un dialogue, une émotion qui répond à une autre, presque comme dans une conversation ordinaire où l'on passe naturellement d'un sentiment à un autre. Mon expérience en doublage, où je dois saisir les intentions et motivations des personnages, se reflète directement dans mes compositions musicales. Mes pièces fonctionnent comme de petits films, ce qui explique pourquoi j'ai intitulé mon dernier album Cinéma intérieur. Je souhaitais créer la bande sonore qui accompagne la vie quotidienne de mon public.

En voyant ton audition, j'ai remarqué que tu fermais les yeux et que tes lèvres bougeaient. Où voyage ton esprit lorsque tu joues?

Je suis totalement ancré dans l'instant présent. Je n'avais pas conscience des mouvements de mes lèvres jusqu'à ce que je me réécoute. Ça m'a étonné, mais je ne souhaite freiner aucune expression spontanée. Quand j'affirme que mes chansons sont comme des conversations, cette gestuelle le confirme davantage! Ma bouche s'anime, mais je serais incapable de te révéler ce que je me raconte!

Tu as passé ta carrière à utiliser ta voix pour t’exprimer. Maintenant, c’est ta musique qui parle. Il y a là un beau parallèle!

Ma voix a tellement été présente que maintenant, je laisse place à quelque chose de complètement opposé dans mon cheminement. Mon spectacle commence avec la phrase de Khalil Gibran, qui dit: «La pensée est un oiseau de l'espace qui, dans une cage de mots, peut déployer ses ailes, mais ne peut pas s'envoler.» La musique, à mon avis, est essentielle. Elle nous transporte dans la vibration pure et c'est précisément ce qu'on y retrouve: on vibre à ses sons. J'ai tellement joué les mots des autres à leur façon que c'était mon air de liberté. Pouvoir le faire à ma façon, avec ma sensibilité, mon âme, que je partage avec le public, représente pour moi une véritable libération.

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Est-ce que le public te découvrira autrement avec cette émission?

Je ne peux pas parler pour le public, mais il va certainement apprendre des choses sur moi. Mon intention est que les gens se découvrent à travers une musique enveloppante. Je souhaite surtout qu'en écoutant ma musique, ils s'accordent du temps pour être en contact avec eux-mêmes. Dans un monde où nous sommes constamment bousculés et violentés par l'actualité, je ne veux qu'offrir de la douceur.

Bruno Petrozza / TVA Publications
Bruno Petrozza / TVA Publications

Étais-tu déjà un fan du concept de piano public?

Honnêtement, ceux de l’émission sont accordés 14 fois par jour, mais les vrais, qu’on retrouve dans la rue, passent l’année dehors. Les pianos dans les lieux publics sont souvent en mauvais état: désaccordés, avec des notes qui sonnent toutes pareilles ou des touches qui ne fonctionnent plus. Ça m'est arrivé d'en jouer, mais c'est toujours un peu douloureux, car tu ne peux pas vraiment donner d'ampleur à ton interprétation. Je me suis parfois arrêté pour jouer dans une halte routière. Les gens, occupés par leurs affaires, passent tout droit, et tu te dis: «Moi, j'ai joué quelque chose de beau.» Mais les passants ne sont pas nécessairement disposés à écouter.

Qu’est-ce que le piano t’a apporté dans ta vie?

C’est avant tout un refuge, un baume, une amie de tous les instants. C’est même démontré scientifiquement que d'apprendre à jouer d’un instrument, étant enfant, connecte le cerveau d'une façon optimale. Je trouve aussi que ça développe notre sensibilité. Ça a enrichi ma vie, ça m'a ouvert les yeux et m'a permis de me connecter à quelque chose de plus grand.

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Un des juges est Gregory Charles, avec qui tu as joué dans Chambres en ville, des rôles marquants pour vous deux. Comment était-ce de le retrouver dans un tel contexte des années plus tard?

Ç'a été très amical et bienveillant. Le rapport était différent: lui juge, moi, candidat. Je ne déteste pas recommencer à zéro et apprendre, même à mon âge. Ça m'aide à rester jeune. J'ai 61 ans, mais je me sens encore plein de verve et d'ambition. Gregory a consacré toute sa carrière à sa musique, c'était normal qu'il soit choisi pour cette position. Dans une compétition, il faut mettre l'ego de côté et se mettre à nu. On peut être 14 pianistes et on ne fera jamais la même pièce de la même façon; c'est un art très subjectif. Ça fait une belle émission qui démocratise le piano et on y fait la rencontre de talents incroyables. Je suis tellement content d'avoir rencontré ces gens-là!

Bruno Petrozza / TVA Publications
Bruno Petrozza / TVA Publications

Aimerais-tu, à ton tour, être un passeur de savoir?

Je le suis déjà, puisque je donne des cours et des conférences sur le doublage. Avec l'expérience accumulée, transmettre devient naturel. Le doublage constitue une belle porte d'entrée vers l'empathie, car pour doubler, tu dois te mettre à la place des autres. Tu dois accréditer l'état de ton personnage, et j'apprécie particulièrement cet aspect.

J'ai enseigné le piano de l'âge de 16 ans jusqu'à mes 20 ans. Aujourd'hui, à travers mon spectacle, je sens également que j'enseigne, puisque je communique énormément avec mon public. Nous explorons vraiment de nombreux univers ensemble. Mon spectacle traite de la résilience et comprend d'ailleurs une pièce portant ce titre. Elle aborde notre capacité à absorber les épreuves puis à laisser les choses s'écouler grâce à l'écoute de la musique. L'ensemble de ma performance propose une façon de guérir des difficultés de la vie en riant et en écoutant de belles mélodies.

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En terminant, quels projets s’en viennent pour toi?

Je continue ma tournée de spectacles avec mon album Cinéma intérieur, dont le prochain aura lieu le 23 novembre, à Saint-Lambert. J'ai, entre-temps, sorti d'autres compositions, et un nouvel album intitulé Son de soie sera bientôt disponible. Cette création se révèle encore plus enveloppante et crée une atmospère très particulière, qui lui est propre. Grand passionné d'arts martiaux, notamment de taekwondo, je me suis inspiré de cinq principes philosophiques japonais pour cette œuvre. Par ailleurs, j'ai composé une pièce appelée Murmure d'étoiles, intégrée dans la boîte pour le dodo de Lili Mallette (Lise Martin). Encore une fois, cette démarche s'inscrit dans une visée éducative. Si l’enfant a traversé une journée difficile, cette musique lui permet de mettre des mots sur ses émotions, de les accueillir, puis de se projeter vers un lendemain meilleur, tout cela à travers un moment de connexion avec le parent.

Pour plus de détails sur les spectacles de Gilbert Lachance: gilbertlachance.com/concerts

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