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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Guerre en Ukraine: marathon diplomatique des Occidentaux à Bruxelles, les forces russes s'enlisent

Les chefs d'État membre de l'OTAN sont réunis à Bruxelles, jeudi.
Les chefs d'État membre de l'OTAN sont réunis à Bruxelles, jeudi. Photo AFP
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AFP

2022-03-23T23:02:37Z
2022-03-24T15:22:31Z
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BRUXELLES | Les chefs d’État et de gouvernement occidentaux étaient engagés jeudi dans un marathon de réunions à Bruxelles pour coordonner leur action face à la Russie, dont les forces semblent s’enliser, un mois après son lancement de l’invasion de l’Ukraine.

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Trois sommets — OTAN, G7 et Union européenne — s’enchaînent toute la journée, chacun accueillant une intervention en visioconférence depuis Kyïv du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, M. Zelensky a lancé un appel à manifester pour l’Ukraine à travers le monde, après avoir multiplié les discours devant les Parlements européens, américain, japonais.

«Allez-y avec des symboles ukrainiens pour défendre l’Ukraine, pour défendre la liberté, pour défendre la vie!», a-t-il lancé via un message vidéo en anglais. «Retrouvez-vous sur les places, dans la rue, montrez-vous et faites-vous entendre!» «Le monde doit arrêter la guerre».

Il s’est également adressé aux Russes: «Si vous le pouvez, quittez la Russie et ne payez pas vos impôts pour cette guerre», a-t-il dit.

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Les Occidentaux veulent empêcher la Russie d’utiliser son or  

Les pays du G7 et de l’Union européenne sanctionneront toute transaction impliquant les réserves d’or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d’isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison-Blanche jeudi dans un communiqué.

Il est «clair que toute transaction impliquant de l’or en lien avec la banque centrale de Russie est couverte par les sanctions existantes», a fait savoir l’exécutif américain, alors que se tient à Bruxelles une série de sommets internationaux consacrés à la guerre en Ukraine, dont un sommet du G7 et un sommet de l’Union européenne.

Un haut responsable américain a expliqué: «Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d’utiliser son or pour soutenir sa devise», le rouble.

Il a souligné, lors d’un échange avec la presse, que Moscou disposait d’un stock d’or «considérable», et que le métal précieux représentait quelque 20 % des réserves totales de la Russie.

La même source a par ailleurs assuré que les pays du G7 étaient «unis» pour considérer que les organisations internationales et les instances multilatérales ne devaient pas poursuivre leurs activités avec la Russie comme si de rien n’était».

Des propos à replacer dans le contexte d’un débat toujours plus vif sur la participation du président russe Vladimir Poutine au prochain sommet du G20 en Indonésie, un format qui regroupe les puissances occidentales et les plus grosses économies émergentes.

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La Chine par exemple a déjà estimé que le dirigeant russe y avait sa place, malgré les appels de certains pays à l’exclure.

Washington vise la Douma et les industries de défense 

Washington a annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l’industrie de défense, en réponse à l’invasion de l’Ukraine, et renforce la coordination avec ses alliés occidentaux pour empêcher la Russie d’utiliser ses réserves d’or.

Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux États-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l’institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

Les sanctions visent ainsi notamment Tactical Missiles Corporation JSC (KTRV), un conglomérat de défense russe appartenant à l’État et dont l’armement est actuellement déployé en Russie, a indiqué le Trésor dans un communiqué séparé. 

«KTRV produit du matériel de défense russe, y compris des armes aéroportées et des systèmes d’armes pour la marine russe», a-t-il précisé.

Les dirigeants des pays du G7 et de l’Union européenne veulent également continuer à empêcher la banque centrale russe d’utiliser les réserves internationales, y compris en or, afin de bloquer le financement de la guerre. 

«En coupant des dizaines d’entreprises de défense russes du système financier américain, l’action d’aujourd’hui aura un effet profond et durable sur l’industrie de défense russe», a indiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dans un communiqué.

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Il a assuré que Washington continuerait de cibler les entreprises qui fournissent des équipements de défense de la Russie, ainsi que leurs propres fournisseurs.

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La Douma «continue de soutenir l’invasion de Poutine, d’étouffer la libre circulation de l’information et de porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens russes», a déclaré la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.

Parmi les personnalités, figure Guerman Gref, patron de la première banque russe Sberbank et «conseiller de Poutine depuis les années 1990», selon la Maison-Blanche.

Le milliardaire Gennady Timchenko, ses entreprises Volga Group et Transoil, ainsi que les membres de sa famille, sont aussi concernés, et son yacht, le Lena, est bloqué.

Sont également sanctionnés 17 membres du conseil d’administration de la banque Sovcombank.

L’oligarque Roman Abramovitch ne figure en revanche pas dans cette nouvelle liste. 

Le propriétaire du club de foot de Chelsea est visé par des sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni. Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait demandé à Joe Biden de ne pas le sanctionner, selon le Wall Street Journal mercredi, estimant qu’il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.

Les Occidentaux ont par ailleurs annoncé un renforcement de leur action pour empêcher les cibles des sanctions d’y échapper. 

Le gouvernement britannique avait, un peu plus tôt, annoncé une nouvelle salve de sanctions.

Les États-Unis ont déjà rallongé à plusieurs reprises la liste de personnalités russes dont ils gèlent les avoirs et auxquelles ils interdisent toute activité financière ou économique impliquant des individus ou entreprises américaines, voire, dans certains cas, l’entrée sur le territoire américain.

Y figure déjà, entre autres, le président russe Vladimir Poutine lui-même.

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Le mandat de Stoltenberg à la tête de l’OTAN prolongé d’un an 

Les dirigeants de l’OTAN réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles ont décidé jeudi de prolonger le mandat du Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de l’Alliance jusqu’au 30 septembre 2023 en raison de la guerre en Ukraine, a annoncé ce dernier.

«Je suis honoré par la décision des chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN de prolonger mon mandat de secrétaire général jusqu’au 30 septembre 2023», a-t-il écrit sur Twitter.

«Alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise de sécurité depuis une génération, nous sommes unis pour maintenir notre Alliance forte et nos citoyens en sécurité», a ajouté Jens Stoltenberg après la décision des 30 pays membres de l’OTAN de le reconduire pour une année supplémentaire.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg Photo AFP

Initialement le Norvégien devait quitter son poste à l’automne pour prendre à la date du 1er décembre la tête de la banque centrale norvégienne, institution où il avait été nommé en février.

Mais l’invasion russe de l’Ukraine il y a un mois est venue bousculer cet agenda et Jens Stoltenberg a finalement renoncé au poste ce jeudi, a fait savoir le gouvernement norvégien.

«J’aurais bien sûr aimé voir Jens Stoltenberg devenir notre prochain banquier central mais nous sommes dans une situation dramatique en Europe et je comprends très bien qu’il accorde la priorité à poursuivre son rôle au sein de l’OTAN», a déclaré le ministre norvégien des Finances Trygve Slagsvold Vedum dans un communiqué.

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Le responsable social-démocrate dirige l’Alliance atlantique depuis octobre 2014.

Auparavant, il a été premier ministre en Norvège en 2000-2001 puis de nouveau plus longuement entre 2005 et 2013.

Peu avant l’annonce de la décision de jeudi, l’actuel Premier ministre norvégien Jonas Gahr Store avait dit, en marge du sommet au siège bruxellois de l’OTAN, soutenir la prolongation du mandat de M. Stoltenberg.

«Nettoyez notre sol» 

L’OTAN va déployer quatre nouveaux groupements tactiques en Bulgarie, Roumanie, Hongrie et Slovaquie pour renforcer ses défenses contre la Russie sur son flanc oriental, a annoncé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

«Ce que nous aimerions entendre est que cette fermeté partagée que nous avons vue au cours du mois dernier durera autant qu’il le faudra», a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, arrivé mercredi soir dans la capitale belge et qui doit ensuite se rendre en Pologne vendredi.

Dans une interview accordée au quotidien espagnol El Pais, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba s’est inquiété d’«un certain ralentissement dans le processus de prise de décision de l’UE» ces «dix derniers jours», ajoutant que «ceux qui pensent qu’ils en ont fait assez se trompent».

Le président Zelensky a aussi appelé l’OTAN à fournir des armes à son pays. «Nettoyez notre sol des envahisseurs et restaurez la paix en Ukraine», a-t-il imploré.

Saluant la résistance «extraordinairement courageuse» des Ukrainiens, le premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé mercredi la livraison de 6000 missiles antichar supplémentaires à Kyïv. Londres a déjà livré à l’Ukraine 4000 de ces armes.

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Le premier ministre britannique, Boris Johnson
Le premier ministre britannique, Boris Johnson Photo AFP

Le gouvernement britannique a aussi annoncé jeudi une nouvelle série de sanctions visant 59 personnalités et entreprises russes et six entités biélorusses.

La Suède et l’Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l’Ukraine de respectivement 5000 et 2000 nouvelles armes antichar. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l’armée allemande.

Hôpital à la chandelle 

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a accusé la Russie d’avoir «commis des crimes de guerre en Ukraine».

«Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d’attaques aveugles et d’attaques visant délibérément des civils, ainsi que d’autres atrocités», a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu’il reviendra aux tribunaux de déterminer les responsabilités.

Le président américain, Joe Biden
Le président américain, Joe Biden Photo AFP

Sur le terrain, au moins quatre personnes sont mortes, dont deux enfants, et six autres ont été blessées dans des frappes russes sur la localité de Roubijné, près de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, a indiqué jeudi le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï.

Le gouverneur a ajouté que le bilan risquait de «s’avérer bien supérieur». «L’aviation russe a commencé à larguer des bombes au phosphore sur Roubijné», a-t-il accusé.

M. Zelensky avait affirmé mardi que près de 100 000 personnes étaient encore piégées dans les ruines de Marioupol, grande ville assiégée du sud du pays, « sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants ».

À l’hôpital numéro un, les patients sont soignés dans les sous-sols à la lueur des chandelles, avait indiqué mercredi le conseil municipal de la ville.

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«Les habitants du quartier Livoberejny commencent à être déportés massivement vers la Russie», a accusé jeudi le conseil municipal, affirmant qu’«environ 15 000 habitants de Marioupol sont visés par cette déportation illégale». Ces accusations étaient invérifiables dans l’immédiat.

Quelque 4,3 millions d’enfants — soit plus de la moitié de la population enfantine ukrainienne — ont dû quitter leur foyer pour fuir l’insécurité et les combats déclenchés par l’invasion de l’armée russe le 24 février, a indiqué l’Unicef jeudi.

«Grosse erreur» 

Selon Washington, l’offensive de l’armée russe piétine notamment dans les environs de la capitale Kyïv.

«Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l’est et au nord-est de Kyïv», a déclaré à la presse un haut responsable du Pentagone ayant requis l’anonymat. 

Faute de réussir à s’emparer de grandes villes, l’armée russe continue de les bombarder de façon intense. L’état-major ukrainien a recensé 250 sorties aériennes russes mercredi, 60 de plus que mardi. 

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«Les principales cibles de l’ennemi restent les infrastructures militaires et civiles dans les régions de Kyïv, Tcherniguiv et Kharkiv», a-t-il indiqué jeudi sur sa page Facebook.

L’invasion russe «s’enlise malgré toutes les destructions qu’elle provoque jour après jour», avait estimé mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz.

La marine ukrainienne a aussi affirmé jeudi avoir détruit un navire de transport de troupes russes ancré dans le port de Berdiansk, ville proche de Marioupol sur la mer d’Azov, première annonce de destruction d’un navire de cette taille. 

Le président russe Vladimir Poutine a commis une «grosse erreur» avec l’invasion de l’Ukraine dont il a «sous-estimé» la résistance, a affirmé jeudi Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, avant l’ouverture d’un sommet extraordinaire de l’Alliance.

«Le président (ukrainien) Zelensky va s’adresser aux dirigeants de l’Alliance et ils vont examiner leur soutien pour aider l’Ukraine à exercer son droit à l’autodéfense», a indiqué M. Stoltenberg.

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