CH: Wô, les moteurs!
Le Canadien accumule les victoires à un rythme...inquiétant


Jonathan Bernier
Vous avez vu cette publicité pendant les Jeux olympiques où une patineuse de vitesse se fait demander de ralentir par son entraîneur, les spectateurs et les téléspectateurs ? C’est probablement ce que plusieurs partisans du Canadien se disent, dans leur salon, en regardant l’équipe accumuler les victoires.
Le Tricolore, qui n’avait pas été en mesure de coller deux gains de suite avant la semaine dernière détient maintenant la plus longue séquence active de victoires.
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Cinq gains consécutifs
Cinq triomphes consécutifs, un fait d’armes que le Tricolore n’avait pas réalisé en saison régulière depuis décembre 2017.
Advenant le cas où les Montréalais renverseraient les Jets, mardi soir, on parlerait d’un scénario qui ne s’est pas produit depuis le 7 mars 2017.
C’est assez pour que certains craignent de voir le Canadien rater l’occasion de repêcher Shane Wright. Déjà qu’il s’est sorti temporairement de la cave du classement général, il ne faudrait pas qu’il se rapproche trop du Kraken et des Sabres.
On peut les comprendre. Il serait dommage de voir le Canadien se retrouver Gros-Jean comme devant après avoir vécu un hiver aussi misérable.
Toutefois, il ne faut pas compter sur Martin St-Louis pour demander à sa troupe de ralentir.
« Moi, je coache pour gagner, a-t-il martelé, vendredi, avant le départ de l’équipe pour Ottawa. Je m’entoure de personnes qui ont des buts positifs. Habituellement, quand tu as cette attitude, tu es récompensé d’une façon ou d’une autre. »
Objectifs à court terme
Cet esprit de compétition, St-Louis est parvenu à l’insuffler à ses troupes (ou plutôt à la réinsuffler. On ne se rend pas en finale de la Coupe Stanley sans lui). Comment on s’y prend quand la saison est perdue et qu’il n’y a rien à espérer ? En stimulant le groupe avec des objectifs à court terme.
« Quand Marty est arrivé, il nous a dit de prendre les 37 matchs de la saison comme si c’était des séries quatre de sept, a raconté Samuel Montembeault, jeudi soir, à la suite du premier blanchissage de sa carrière. Après avoir perdu les trois premiers matchs, on a remporté les quatre suivants pour gagner la première série. Tout le monde est plus heureux. C’est plus amusant de jouer au hockey de cette façon. »
« Je n’ai pas inventé ça, a lancé St-Louis. Ça donne un petit défi et de l’enthousiasme à l’équipe. »
Pour l’instant, ça semble fonctionner.
On joue comme on pratique
Ce regain de vie prend également racine lors des entraînements. Depuis qu’il est en poste, St-Louis multiplie les compétitions à l’interne.
Immanquablement, le groupe est divisé en deux : les Rouges et les Blancs. S’en suivent des exercices de trois contre trois sur une portion réduite de la patinoire, de travail en zone restreinte et de récupération de rondelles.
Perdre ces exercices entraîne, comme conséquence, quelques tours de patinoire ou coups de patin supplémentaire.
« J’ai déjà vu d’autres entraîneurs faire cela. Mais leur motivation était différente. Pour eux, c’était une façon de rehausser le niveau d’intensité. L’objectif de Martin est plutôt de garder nos réflexes aiguisés et nous habituer à prendre des décisions rapidement », a expliqué Andrew Hammond.
En plus de garder tout le monde sur le qui-vive, cette façon de faire permet de mettre en application le plus vieux leitmotiv de l’histoire du sport : on joue comme on pratique.
« La constance, ça vient avec l’attitude et l’état d’esprit. Et c’est au niveau des entraînements que ça se construit. Prenez n’importe quel joueur intense. Allez voir la façon dont il s’entraîne. Vous verrez probablement qu’il travaille fort physiquement, mais qu’il est également très engagé mentalement. Les joueurs les plus constants sont ceux qui ont les meilleures habitudes de travail dans les entraînements. »
Ça en prendra probablement plus pour renverser la vapeur pour de bon, mais, au moins, on comprend le type de culture que s’efforce d’implanter St-Louis.