Voici pourquoi les oeufs ne sont plus jamais en rabais à l’épicerie

Genevieve Abran
Vous avez peut-être remarqué: la douzaine d’oeufs n’a pas été en rabais depuis des mois à l’épicerie, alors qu’il y avait autrefois des spéciaux presque chaque semaine. Voici trois raisons qui peuvent l’expliquer.
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Il faut remonter à la semaine du 23 octobre 2024 pour retrouver un rabais sur les oeufs dans une circulaire du Maxi, selon une recherche effectuée par 24 heures. La douzaine d'oeufs était alors affichée à 2,44$.

Depuis janvier, le prix moyen pour la douzaine d’oeufs est de 4,94$ au Canada, selon des données du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. C’est 12% de plus que l’année passée.
Au Québec, c'est pire: la douzaine d’oeufs se vend en moyenne 4,67$ (+28% par rapport à 2024).
On décortique pour vous les trois raisons qui peuvent expliquer que les rabais se font aussi rares sur ce produit.
1. Des éclosions de grippe aviaire
«Il y a la grippe aviaire qui a frappé fort dans certaines régions [au Canada], ce qui a fait augmenter les coûts», affirme le directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire et professeur à l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois.
Il faut savoir que dès qu’un cas de grippe aviaire est détecté sur une ferme, toutes les poules doivent être abattues.
«Quand une ferme doit relancer sa production, ça prend quand même du temps. Cette ferme ne contribue pas à l’offre pendant une certaine période, alors ça diminue l’inventaire», précise-t-il.
2. Des coûts de production à la hausse
Les prix des grains qui servent à nourrir les poulets et de la main-d’oeuvre nécessaire pour faire fonctionner les fermes ont augmenté, note le spécialiste de l’industrie agroalimentaire.
«Si ça coûte plus cher au producteur, ça coûte plus cher au consommateur au final», mentionne-t-il.
3. La gestion de l’offre est plus rigide
Au Canada, la production d’oeufs est régie par le système de gestion de l’offre. Ce que ça veut dire, c’est que les producteurs s’assurent d'offrir un approvisionnement en oeufs stable à la population canadienne dans l’objectif de stabiliser les prix et de limiter les importations.
Dans les derniers mois, les quantités de poules pondeuses ont été réduites, ce qui limite les surplus d’oeufs, explique Sylvain Charlebois.
Si les producteurs ont moins de surplus à écouler, ils n’ont pas intérêt à vendre leurs oeufs au rabais, poursuit le professeur. C’est donc ce qui pourrait expliquer, du moins en partie, que les oeufs sont vendus à prix régulier depuis aussi longtemps dans les épiceries.
La question qui se pose maintenant: pourquoi avoir voulu s’attaquer aux surplus?
Pour équilibrer le prix des oeufs à travers le pays et limiter les effets que pourraient avoir une éclosion de grippe aviaire (ou d’autres enjeux) sur le marché, soutient M. Charlebois. On veut aussi éviter que le prix fluctue trop souvent, comme aux États-Unis dans les derniers mois.
Le professeur donne l’exemple suivant pour mieux comprendre: il y a une pénurie d’oeufs en Colombie-Britannique à cause d’éclosions de grippe aviaire. Pour répondre à la demande, des oeufs sont acheminés de l’Alberta vers la Colombie-Britannique. Dans un tel contexte, les prix auraient tendance à augmenter en Alberta, où l'offre d'oeufs serait grandement réduite. Mais puisque les prix sont standardisés d'une province à l'autre, les effets seraient à peu près nuls pour le consommateur.