Guerre des tarifs: «Trump est en train d’obtenir ce qu’il voulait»

Yannick Beaudoin
Les États-Unis sont en train de remporter leur bras de fer commercial avec le Canada, estime le spécialiste de l’industrie agroalimentaire à l’Université Dalhousie Sylvain Charlebois.
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Les tarifs américains de 35% sur les produits canadiens et les contre-tarifs canadiens sur les produits américains nuisent énormément au secteur de l’alimentation du Québec et du Canada, a soutenu l'expert en entrevue à l'émission d'Isabelle Perron à QUB radio et télé, diffusée simultanément sur les ondes du 99,5 FM à Montréal.
Selon ce dernier, la moitié des exportations canadiennes dans ce secteur sont touchées par les droits de douane en raison des critères stricts imposés pour être exemptés de ceux-ci.
«Il y a beaucoup de bureaucratie pour ces exemptions-là, précise M. Charlebois. Souvent, les PME doivent travailler très fort pour exporter aux États-Unis.»
Par ailleurs, Donald Trump réussit à avantager le marché américain sur la scène internationale, ce qui a pour effet de diminuer l’attrait du marché canadien.
«Les acheteurs américains regardent ça aller à Washington avec le président Trump qui est imprévisible. Pourquoi une entreprise américaine achèterait des produits canadiens ou québécois quand, demain matin, avec un message sur Truth Social, tout d’un coup, on ferait face à des tarifs de 50%?» questionne Sylvain Charlebois.
Le président Trump incite donc les entreprises américaines à acheter davantage local.
«Il y a plusieurs entreprises québécoises actuellement qui ont perdu plusieurs comptes clés en raison de l’incertitude créée par ce qui se passe à Washington», explique le spécialiste de l’industrie agroalimentaire.
«Trump est en train d’obtenir ce qu’il voulait à la base», ajoute-t-il.
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Les contre-tarifs canadiens sur les produits américains sont par ailleurs nuisibles à notre économie, selon l’expert.
«On est les seuls à avoir appliqué des contre-tarifs. À part la Chine, on est les seuls. Puis on le voit, on les voit, les résultats, six mois plus tard. C’est nous qui écopons le plus contre Washington», affirme-t-il.
Et il n’y a pas que les Américains qui pourraient tourner le dos aux producteurs québécois et canadiens.
«Si le Canada devient un pays difficile où faire de l’argent et faire des profits, c’est sûr que les pays vont éviter le Canada», clame M. Charlebois.
L’expert soutient que plusieurs entreprises d’ici songent déjà à déménager leur production, ou du moins une partie de celle-ci, aux États-Unis, afin d’éviter les tarifs américains.
Quelle solution pour le Canada?
Le Canada a accumulé un immense retard dans le secteur de la transformation, ce qui le rend hautement dépendant des États-Unis. C’est cette relation qui place le pays dans un état de vulnérabilité accrue face à son voisin américain.
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«Ça fait des années que je martèle le message de la transformation chez nous. Plus on transforme nos propres denrées, plus qu’on est en contrôle, mais on a toujours vu les États-Unis comme étant une option facile, pas chère, tout près. Et là, on paye le prix», explique Sylvain Charlebois.
Pour ce dernier, il est impératif que le Canada et le Québec misent davantage sur le secteur manufacturier.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.