[EN IMAGES] Le parlement barricadé: vers une intervention imminente de la police d’Ottawa
Anne Caroline Desplanques, Roxane Trudel et Nora T. Lamontagne
OTTAWA | La colline parlementaire se barricade sous la pluie battante, en vue d’une intervention policière de plus en plus évidente au 21e jour de l’occupation.
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De hautes barrières de métal ont commencé à être érigées dès 6h jeudi matin autour des édifices du Parlement, du Sénat et de la Cour suprême.
- Écoutez la chronique d’André Durocher au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Intervention policière en préparation à Ottawa.
— Yves Poirier (@poirieryvesTVA) February 17, 2022
Ajout d'une clôture métallique devant le parlement sur Wellington.@tvanouvelles https://t.co/WhuFvW54zD

L’esplanade du Parlement où se sont réunis des milliers de personnes au cours des trois dernières fins de semaine est de plus en plus difficile d’accès, certaines portes ont été bloquées par des grilles et les quelques assiégeants qui s’y trouvent encore sont invités à évacuer.

- Écoutez l'édito de Philippe-Vincent Foisy, tous les jours 7 h 30 à QUB radio :
Peu habitués à se voir restreints dans leurs mouvements, les assiégeants regardaient le spectacle téléphone en main pour filmer la scène.

«Vous êtes du mauvais côté de l’histoire!», criait l’un d’eux, affublé d’un drapeau.

Un des leaders du groupe, Pat King, parcourait le secteur en indiquant aux camionneurs de s’enfermer dans leurs véhicules. Plusieurs camions ont été enchaînés ensemble et d’autres ont retiré leurs pneus. La tension est de plus en plus palpable.

Bien que la tension soit de plus en plus palpable, le ravitaillement se poursuivait, les bidons de carburants circulant sur des chariots entre les camions comme d’habitude.

Dernière heure: De nombreux policiers de la #SQ prennent la direction d'Ottawa ce matin pour prêter main-forte à leurs collègues de la capitale nationale, afin de déloger les camionneurs qui manifestent depuis maintenant trois semaines devant le Parlement. #FreedomConvoy pic.twitter.com/iKb6rZmx0V
— Maxime Deland (@MaxDelandQMI) February 17, 2022
Mecredi soir, une autre organisatrice, Tamara Lich, a publié une vidéo émotive sur les réseaux sociaux dans laquelle elle indique s’attendre à être mise en état d’arrestation dès jeudi. En pleure, elle livre un au revoir émotif à ses partisans les appelant à demeurer pacifiques.
- Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Claude Bonnet et Chantal Fortin, deux résidents d’Ottawa sur QUB radio :
#ConvoyForFreedom2022
— Yves Poirier (@poirieryvesTVA) February 17, 2022
L'une des leaders du convoi Tamara Lich dit dans cette vidéo publiée au cours des dernières heures qu'elle est consciente qu'elle sera arrêtée par la police et ''est prête à vivre avec trois repas par jour'' en prison. ''Je n'ai pas peur.''@tvanouvelles pic.twitter.com/RFZ4XeId5f
Pendant ce temps, les employés de l’Université d’Ottawa et ceux de certains ministères situés au centre-ville recevaient un courriel les enjoignant à travailler de chez eux jusqu’à nouvel ordre et à ne pas se déplacer en ville.

Policiers de plus en plus nombreux
De plus en plus nombreux, les policiers en imperméables fluorescents distribuent jeudi matin un nouvel «avis aux participants de la manifestation» pour les informer qu’ils sont dans l’illégalité et qu’ils s’exposent donc à «de graves sanctions». Un second pamphlet les informe de la marche à suivre en cas de remorquage de leur véhicule.
— Ottawa Police (@OttawaPolice) February 17, 2022

Mercredi, les agents avaient distribué sans grand effet deux pamphlets du genre entourés d’une ligne bleue. Le feuillet du jour est entouré de rouge.

Steve Bell, le chef de police intérimaire d’Ottawa, a promis mercredi de libérer la ville.

6.54 in the morning in Ottawa. This is what it sounds like for the residents of Ottawa.
— Taleeb Noormohamed 🇨🇦 (@Taleeb) February 17, 2022
What about their freedom to live without unending pollution and noise outside their homes?#OttawaOccupation #cdnpoli pic.twitter.com/SnYIzpjLOd
«Certaines des techniques que nous avons le droit d'employer et que nous sommes prêts à employer ne sont pas couramment vues à Ottawa. Mais nous sommes disposés à y avoir recours au besoin pour aboutir à la plus sûre résolution et pour rétablir l'ordre», a-t-il dit.
Le moral des troupes sapé par la température
Après la pluie battante, la tempête de neige qui s’est invitée sur Ottawa depuis hier pourrait autant démoraliser les troupes que nuire au travail des policiers, estiment des experts.
« Ton moral quand tu as froid, que tu es mouillé et que tu commences à avoir faim, il descend rapidement, surtout s’ils parviennent à barrer le ravitaillement au convoi. À un moment donné, ils ont beau être convaincus et avoir la cause à cœur, ça peut vraiment saper le moral », indique André Gélinas, ancien sergent-détective au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Si la pluie n’a pas eu l’air d’incommoder les manifestants, qui continuaient de danser devant le parlement, vêtus de ponchos en plastique, la tempête de 20 à 30 cm de neige annoncée par Environnement Canada pourrait venir changer la donne.
« La température joue en faveur des policiers d’un point de vue tactique. Si j’étais policier, je les laisserais se mouiller pendant un bon bout de temps. Ça va amener des gens à quitter plus rapidement de manière pacifique », a indiqué à LCN Michel Juneau-Katsuya, expert en sécurité nationale et ancien cadre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Déplacements difficiles
L’accumulation pourrait cependant mettre des bâtons dans les roues des opérations policières en rendant plus difficile l’évacuation des camions.
« Avec 30 cm de neige, ça peut compliquer les déplacements, commente André Gélinas. Et les gens vivent là. Ils ont un campement et une certaine capacité à résister à l’environnement. Dans une manifestation classique, quand les conditions ne sont pas bonnes, c’est sûr que c’est une question de temps avant que les gens partent. »
Mais les assiégeants, qui ont déjà fait face à la pluie, à la glace et à la neige depuis leur arrivée il y a 21 jours, assurent qu’ils sont prêts à affronter les éléments. Au chaud dans les camions, les remorques et les abris de toile, ils ont pris l’habitude de déneiger et de déglacer leur environnement.
« La tempête de neige ? Ça ne change rien. Regarde, les rues sont mieux déneigées quand on s’en occupe. Les autres trottoirs sont un désastre », a dit Chris « Beeman », un apiculteur ontarien qui prend part à l’occupation.
Roxane Trudel et Anne-Caroline Desplanques