Ça bouge enfin: l'étau se resserre sur les manifestants à Ottawa
La police d’Ottawa a annoncé hier la mise en place d’une centaine de points de contrôle dans le centre-ville
Raphaël Pirro, Anne Caroline Desplanques, Roxane Trudel et Nora T. Lamontagne
OTTAWA | La police a procédé à ses premières arrestations ciblées hier, dont la tête dirigeante Tamara Lich, après avoir transformé le centre-ville d’Ottawa en souricière à l’aide de barricades et de points de contrôle érigés sous la pluie et la neige.
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« Cette fin de semaine sera très différente des trois dernières », a défié Steve Bell, chef intérimaire de la police d’Ottawa.
La tension est montée d’un cran avec l’arrestation d’une des têtes dirigeantes du convoi, Chris Barber, au 21e jour de siège.

Puis ce fut au tour de Tamara Lich, la femme derrière la campagne de sociofinancement GoFundMe pour le convoi des camionneurs, qui a récolté plus de 10 millions $.

En fin d’après-midi hier, la police avait d’ailleurs annoncé une intervention imminente.
- Écoutez la revue de l'actualité de Philippe-Vincent Foisy et Alexandre Moranville-Ouellet sur QUB radio :
Tamara Lich has been arrested, but we will continue to #holdtheline pic.twitter.com/GaPZdsrhVe
— FreedomConvoy2022 (@rFreedomConvoy) February 18, 2022
Elle est passée de la parole aux actes quelques heures plus tard avec des arrestations ciblées et une présence policière accrue au sein du noyau dur devant le parlement.

Les agents ont aussi menotté Shane Marshall, un homme connu des services policiers pour avoir lancé des pierres à Justin Trudeau en campagne électorale.
Zone étanche
Les autorités ont commencé à resserrer l’étau dès l’aube, en érigeant de hautes barrières de métal autour des édifices du parlement, du Sénat et de la Cour suprême.

« Vous êtes du mauvais côté de l’histoire ! » criait avec rage un manifestant, un drapeau sur les épaules, aux employés municipaux.
More arrests here in Ottawa. Two of the original organizers of the Freedom Convoy are now in jail. Tamara Lich and Chris Barber.
— Keith Wilson, Q.C. (@ikwilson) February 18, 2022
Tamara told she is not afraid.
Another dark day for Canada and our once-famed Charter of Rights and Freedoms. pic.twitter.com/2GXwWmleCE
Une zone étanche, délimitée par une centaine de points de contrôle, a été mise en place pour filtrer les manifestants des travailleurs de la zone, a indiqué le chef Bell.

Le Journal a constaté le départ de quelques camions au cours de la journée, malgré les encouragements d’un des leaders du groupe, Patrick King.
Un des leaders #convoytoottawa2022 Chris Barber arrêté sur la rue Albert.@tvanouvelles https://t.co/Jg2NcxvHEV
— Yves Poirier (@poirieryvesTVA) February 17, 2022
D’autres se disaient prêts à résister coûte que coûte.
« À la gang qu’on est, ça va être compliqué de tous nous arrêter », croit Phil, un camionneur québécois habitué à transporter des matériaux de construction.
Les contestataires les plus déterminés ont appelé à la résistance jusqu’en soirée, sous la neige.
« Nous tenons le coup, nous n’irons nulle part. Ceci est une protestation légale », a hurlé l’un d’entre eux sur une scène de fortune, devant quelques dizaines de personnes.
Les policiers locaux ont reçu le renfort d’une centaine d’agents de la Sûreté du Québec (SQ), qui agiront sous l’autorité de la Police provinciale de l’Ontario.
Pas d’enfants
Les autorités ont affirmé qu’elles s’assureraient qu’aucun enfant ne serait dans les parages advenant une intervention plus musclée.

« Ils veulent changer de tactique et utiliser des balles en caoutchouc ? D’accord. De toute façon, mes enfants seront en sécurité à côté de moi, dans une chambre d’hôtel », a affirmé Sandy Williams, un camionneur albertain père de quatre enfants, dont le plus jeune a 9 ans.
Les ambassades des États-Unis et du Danemark ont même recommandé hier à leurs ressortissants d’éviter les alentours du convoi de la liberté.
Forcés de partir
De l’autre côté de la rivière des Outaouais, des membres du groupuscule anti-mesures sanitaires des Farfadaas seront forcés d’abandonner le campement de fortune qu’ils avaient installé dans un stationnement du centre-ville de Gatineau.
La Cour supérieure a livré une injonction en après-midi au propriétaire du terrain, l’entreprise immobilière Zibi, qui avait accepté leur présence pour une durée de deux jours contre une rémunération. Ils n’étaient plus tolérés sur place depuis le 7 février.