Varda Étienne: Découvrez la tradition familiale qu'elle poursuit avec grande fierté!
Nathalie Slight
Autrice, chroniqueuse, comédienne et documentariste, celle qui s’autoproclame la Diva de Brossard prépare un livre de recettes haïtiennes aussi savoureux que son franc-parler. Fanm Fò, qui signifie «femme forte» en créole haïtien, est un hommage vibrant à ses racines, à sa famille et à toutes les femmes qui l’ont inspirée.
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Varda, tu prépares un livre de recettes haïtiennes. Quelle place occupe la nourriture dans ta vie?
Je suis née au Québec, mais j’ai grandi avec la culture haïtienne. Le dicton «Ça prend un village pour élever un enfant» décrit parfaitement mon enfance. À l'âge de quatre ans, je suis partie vivre chez mes tantes dans un triplex. Mes cousins et cousines fréquentaient le Collège français de Longueuil, établissement où ma tante et mon oncle étaient professeurs. J’ai vécu avec eux jusqu’à mes huit ans et j’en conserve d’excellents souvenirs, notamment par rapport à la nourriture.
Qu’est-ce qui t’a particulièrement marquée de cette époque?
Ma tante Cocotte, qui est une excellente cuisinière. L’odeur des bons petits plats qu’elle préparait est imprégnée dans ma mémoire. Je constate que plus je vieillis, plus je ressens le besoin de me rattacher à mes racines haïtiennes, et ça passe inévitablement par la bouffe. Comprenez-moi bien: je suis très fière d'être québécoise, mais je suis haïtienne dans l’âme. J’ai appris à faire à manger auprès des femmes de ma famille, c’est donc un peu un hommage que je leur fais en préparant un livre de recettes haïtiennes.
Es-tu encore proche de ta famille?
Bien sûr! Au-delà d’être d’excellentes cuisinières, ce sont des modèles pour moi; des femmes fières, indépendantes, instruites. Nous habitons toutes sur la rive sud de Montréal, à 15 minutes l'une de l'autre. Le dimanche, je reçois ou je suis reçue. Ma mère est âgée de 78 ans. Elle est gentille, bienveillante, avenante et extrêmement généreuse. D’ailleurs, lorsqu’elle vient à la maison, elle arrive avec des petits plats. Elle cuisine aussi pour mes enfants et mon ex-mari.
Elle aime visiblement cuisiner...
Pour elle, c’est bien plus qu'une façon de nourrir ses proches: c’est un geste d’amour! Dans la culture haïtienne, lorsque tu reçois, tu t’assures que les gens repartent le ventre bien plein. Tu quittes même avec des restes, au cas où tu aurais envie d’une collation en soirée. (rires) D’ailleurs, si vous allez chez ma mère et mes tantes, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, il y a toujours de la bouffe... au cas où quelqu'un passerait. Je suis pareille: si un de mes enfants arrive à la maison avec des amis, il y aura assurément quelque chose à manger. Je me fais un devoir — une fierté, même — de poursuivre cette tradition familiale.

Que représente la bouffe pour toi?
Je suis de nature épicurienne, la nourriture est donc au centre de ma vie! Pour moi, c’est synonyme de rassemblement, d'échange, de proximité, d'intimité. Mes plus belles conversations à vie, je les ai eues autour d’une table, devant un bon repas. Dans un monde où tout va vite, les repas représentent une bulle suspendue dans le temps, un moment de qualité avec mes proches.
Tes enfants ont-ils hérité de ton amour pour la cuisine?
Même s’ils sont métissés, c’était primordial pour moi de transmettre ma culture à mes enfants. Ils ont visité Haïti, ils parlent créole et ils cuisinent nos recettes familiales. Mon fils Alexis, qui a 32 ans, cuisine très bien la bouffe haïtienne. Lorsque Sacha est parti étudier aux États-Unis, l'une des premières choses qu’il m’a dites au téléphone, c’est à quel point la nourriture haïtienne lui manquait. Alors, par FaceTime, je l’aidais à cuisiner ses plats préférés. Ma fille est toujours à la maison, mais lorsqu’elle quittera pour ses études, soyez assuré qu’elle partira avec des petits plats préparés avec amour par maman.
Ton livre de recettes est-il terminé?
Oui. D’ailleurs, nous avons organisé une séance photos, la semaine dernière, pour accompagner le livre, et j’ai eu un petit moment d’émotion. Ma tante Cocotte, qui est âgée de 89 ans, a toute sa tête. Elle est hyper drôle, elle a fait plein de blagues grivoises... mais j'ai réalisé qu'elle n'était pas éternelle. C’est comme si, tout à coup, je réalisais que les femmes autour de moi pourraient un jour me quitter. J’essaie de ne pas trop y penser, de profiter au maximum de leur présence réconfortante.
Sinon, qu’est-ce qui t’occupe cet été?
Je fais des chroniques à Sucré Salé pour une 23e saison. Pas besoin de vous dire que j’ai du gros fun sur ce projet. Même chose pour l’émission de radio Véro et les Fantastiques, que je vais reprendre à la fin août. L’automne est toujours une période plus difficile pour moi, au niveau de la santé mentale, à cause de la baisse de luminosité qui vient avec le changement de saison. Même si je traverse des journées plus difficiles, je me présente à Rouge parce que je sais que je vais rire et que ça me fera du bien.
La saison dernière, tu étais de la quotidienne Indéfendable. Seras-tu de retour?
Oui, mes chéris! Lorsque j’ai appris que mon personnage serait de retour cette saison, j’ai crié de joie, comme si je venais de remporter le gros lot à la loterie! (rires) Je ne suis pas comédienne dans la vie, mais j’ai beaucoup de plaisir à camper ce personnage, inspiré des femmes de ma communauté. À travers Madame Dominique, je peux leur rendre hommage, et c’est tout un honneur pour moi. Je viens tout juste de terminer les tournages, alors comme je connais davantage mon personnage, je suis plus à l’aise devant les caméras, et c’est encore plus drôle.

Parallèlement à la radio et à l’écriture, tu es également documentariste. Après Les enfants invisibles et T’es belle pour une Noire, as-tu un autre projet de documentaire en vue?
Bien sûr. Tout ce que je peux vous dire pour le moment, c’est que j'attends une réponse. Je croise les doigts, j'allume des cierges, je brûle de la sauge... J’ai bon espoir que ce projet va se concrétiser. Je suis rendue à un âge où je veux parler de choses qui m'intéressent. Je suis de moins en moins dans la futilité, de plus en plus dans les enjeux de société. C’est l'un des beaux privilèges qui vient avec l'âge: on n’a plus à prouver quoi que ce soit, on peut simplement être soi.
Tu es atteinte d’un trouble bipolaire et d’un trouble de la personnalité limite. Comment se porte ta santé mentale, présentement?
Le printemps et l'été, ce sont les saisons où je vais le mieux, mentalement parlant. Je fais deux topos par semaine pour Sucré Salé, je passe du temps avec mes enfants, je reçois ma famille et mes amis, je relaxe dans ma piscine... La Diva de Brossard est à son meilleur! (rires)
Y a-t-il quelque chose qui manque à ton bonheur? Un amoureux, peut-être?
Plus le temps passe, plus je trouve ça cool d'être en tête à tête avec moi-même. J’ai envie d’aller au restaurant? Au cinéma? En voyage? Je ne me prive plus de faire des choses toute seule. Il fut un temps où j’étais gênée d’aller prendre un café en solo, mais plus maintenant. Je ne cherche pas l'homme parfait, mais il doit y avoir un respect, un intérêt, une connexion... ce que je n’ai pas trouvé pour le moment.
En terminant, quand sortira ton livre de recettes?
Le 28 octobre prochain, aux Éditions Cardinal. Ce projet-là s’est concrétisé d’une magnifique façon dans ma vie. Lorsque j’ai vu que mon amie Marilou (Trois fois par jour) était devenue copropriétaire des Éditions Cardinal, je lui ai parlé de mon projet de livre de recettes haïtiennes, et elle m’a dit oui immédiatement. Je suis entourée d’une équipe de rêve pour réaliser ce projet qui me tient profondément à cœur. Mon livre se nomme Fanm Fò, ce qui signifie «femme forte» en créole haïtien. Je ne pouvais pas choisir un meilleur titre pour rendre hommage à toutes les femmes de ma vie.