Utilisation du «mot en n»: le CRTC devrait s’excuser, dit Legault

Agence QMI
Ce n’est pas à Radio-Canada de s’excuser pour avoir utilisé le «mot en n» dans l’une de ses émissions, mais au Conseil de la radiodiffusion et de la télécommunication canadienne (CRTC), estime le premier ministre François Legault.
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«Je pense que c’est le CRTC qui devrait s’excuser», a lancé le premier ministre en marge d’une conférence de presse mardi après-midi, sous une pluie d’applaudissement.
Le CRTC ordonne à Radio-Canada de fournir des excuses publiques en raison d’une chronique de l’émission Le 15-18 dans laquelle le titre du livre Nègres blancs d’Amérique, de Pierre Vallières, a été prononcé quatre fois, le 17 août 2020.
L’organisme fédéral demande à la société d’État de «préciser la manière dont elle compte atténuer l’impact du «mot en n» dans ce segment de l’émission» d’ici le 29 juillet.
Radio-Canada doit aussi produire avant le 27 septembre un rapport de «mesures internes et de pratiques exemplaires en matière de programmation» qui seront mises en place «afin de s’assurer de mieux traiter d’un sujet semblable à l’avenir».
La pression monte
Depuis, de plus en plus de voix issues des milieux journalistique, politique et culturel, s’élèvent pour exhorter la société d’État à contester la décision du CRTC.
Mardi matin, dans une lettre envoyée au président du conseil d’administration de Radio-Canada, Michael Goldbloom, plus d’une vingtaine de personnalités connues du milieu des médias exigeaient que la SRC conteste jusqu’en cour la décision du CRTC. Du nombre, il y a la députée Christine St-Pierre, l’ex-chef d’antenne Bernard Derome et l’ex-présidente du Conseil de presse du Québec, Paule Beaugrand-Champagne.
Cette lettre, publiée dans Le Devoir, était la troisième missive de ce genre depuis que le CRTC a blâmé la SRC.
L’ombudsman de Radio-Canada avait d’ailleurs statué que l’utilisation du «mot en n» dans ce segment ne contrevenait pas aux Normes et pratiques journalistes de la Société d’État.
Réunion
Le conseil d’administration de Radio-Canada doit se réunir cette semaine pour orchestrer sa réponse au CRTC.
La direction de la Société Radio-Canada, qui dit «avoir pris connaissance des diverses opinions suscitées par la décision du CRTC», n’a pas souhaité commenter le dossier, plus tôt cette semaine.
«Nous souhaitons prendre le temps nécessaire pour étudier la décision rendue par le CRTC et la suite des actions à prendre», a-t-on fait savoir au «Journal de Québec».