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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

«Urgence d’agir»: près du tiers des meurtres impliquent des jeunes de 21 ans et moins au Québec

Le Journal a réalisé une recension parmi la cinquantaine de meurtres survenus dans la province cette année

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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2025-07-28T04:00:00Z
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Près du tiers des homicides survenus dans la province depuis le début de l'année ont impliqué des individus de 21 ans et moins.

• À lire aussi: «C’est phénoménal»: presque trois fois plus d'accusations de meurtre contre des mineurs

• À lire aussi: Encore plus de crimes violents commis par des jeunes: tué à 20 ans pour une banale chicane de voiture?

«Il y a une détresse chez certains jeunes qui va nécessiter qu’on se mobilise pour freiner cette montée [de violence]», insiste René-André Brisebois, chargé de projet à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté.

Parmi la cinquantaine de meurtres survenus en 2025, au moins 16 drames avaient comme acteur un Québécois de 21 ans et moins, selon une recension du Journal.

Lisa Marie Rytar, une femme de 42 ans, aurait été tuée à LaSalle en janvier dernier par son fils de 21 ans, Tyrell Rytar.
Lisa Marie Rytar, une femme de 42 ans, aurait été tuée à LaSalle en janvier dernier par son fils de 21 ans, Tyrell Rytar. Photo Agence QMI / MAXIME DELAND

Dans le lot, on dénombre 10 victimes et 12 meurtriers allégués. Il s’agit d’un bilan préliminaire puisque nombre d'enquêtes sont toujours en cours.

Et cela s'ajoute aux 17 chefs d'inculpation pour homicides déposés contre des mineurs en 2024.

René-André Brisebois, chargé de projet à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté, en 2022
René-André Brisebois, chargé de projet à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté, en 2022 MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

Ce constat s’inscrit dans une tendance de «rajeunissement» des personnes liées à des crimes graves depuis la pandémie, observe René-André Brisebois. Il y voit une «urgence d’agir».

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Le plus récent homicide auquel des jeunes sont mêlés est survenu début juillet à Nemaska, un petit village du Nord-du-Québec situé à un millier de kilomètres de Montréal.

Un garçon de 17 ans y a été retrouvé en pleine nuit, tout près d’une clinique, mortellement blessé par un objet tranchant.

L'accusé de meurtre non prémédité a fêté son 17e anniversaire il y a quelques jours.

Un tel crime a «brise des familles», souligne M. Brisebois, aussi chargé de cours à l’École de criminologie de l’Université de Montréal.

Pas à mon pire ennemi

Les proches de Mohamed Islam Benghellab en savent quelque chose.

Selon nos informations, le jeune homme serait allé récupérer un ami quand il a été tué par balle à Montréal-Nord, à la fin juin.

Mohamed Islam Benghellab aurait été atteint par balle, alors qu’il se trouvait dans ce véhicule rouge, à l’angle de l’avenue Matte et du boulevard Maurice-Duplessis, à Montréal-Nord, le 27 juin dernier.
Mohamed Islam Benghellab aurait été atteint par balle, alors qu’il se trouvait dans ce véhicule rouge, à l’angle de l’avenue Matte et du boulevard Maurice-Duplessis, à Montréal-Nord, le 27 juin dernier. Photo d'archives, Agence QMI, Pascal Girard

Brandon Rubens Dazulme, aussi âgé de 19 ans, a depuis été accusé de meurtre prémédité.

«Je souhaite qu’aucun de mes ennemis ne passe par là», assure le père de la victime, qui a demandé à taire son identité.

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Mohamed Islam Benghellab, qui n’avait pas d’antécédents judiciaires, comptait suivre bientôt des cours en carrosserie automobile.

Mohamed Islam Benghellab, 19 ans, a été tué par balle à Montréal-Nord, à la fin du mois de juin.
Mohamed Islam Benghellab, 19 ans, a été tué par balle à Montréal-Nord, à la fin du mois de juin. Photo fournie par la famille

Son père peine à comprendre pourquoi les jeunes se tournent rapidement vers une arme à feu quand un conflit éclate.

«Les enfants perdent leur vie pour rien, tonne-t-il au bout du fil. Partez de Montréal. Si vous voulez vivre en paix, partez de Montréal. C’est une ville de criminels.»

Effet d’entraînement

La situation est si grave dans les dernières années que le Directeur des poursuites criminelles et pénales a conçu une nouvelle équipe qui se consacre aux homicides commis par des mineurs à Montréal.

Pour quelques milliers de dollars, «on peut se procurer une arme à feu avec des munitions, fonctionnelle, tout de suite», constate Louis-David Bénard, procureur de la Couronne.

Louis-David Bénard, procureur de la Couronne, en 2023
Louis-David Bénard, procureur de la Couronne, en 2023 Photo Louis-Dominique Lamarche

Aux yeux d’André-René Brisebois, la prolifération des événements violents peut notamment convaincre encore plus de jeunes contrevenants de mettre la main sur des pistolets pour se protéger.

«Ça engendre des situations tragiques, spontanées, non planifiées», prévient-il.

Les victimes

Les accusés*

*Inclut les accusations d’homicides involontaires

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