Sidy Sow chez les Patriots: un deuxième Québécois repêché dans la NFL

Pour la première fois en 35 ans, deux Québécois ont été sélectionnés au repêchage de la NFL la même année. Le garde originaire de Bromont Sidy Sow a vu son rêve se réaliser lorsque les Patriots de la Nouvelle-Angleterre en ont fait leur choix de quatrième tour, au 117^e rang.

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Cette sélection faisait suite à celle de Matthew Bergeron par les Falcons d’Atlanta vendredi soir, en 38^e position. Une telle situation ne s’était pas produite au Québec depuis 1988, lorsque le receveur Tommy Kane et le secondeur Brian Forde, deux Montréalais, avaient été choisis en troisième et en septième ronde.

Sow, qui a évolué avec les Incroyables de l’école JH Leclerc de Granby au secondaire et avec les Cougars du Collège Champlain-Lennoxville par la suite, ne portait pas sur Terre encore quelques heures après la grande nouvelle.

«Me faire repêcher par les Patriots, c’est un rêve. Les Patriots, c’est la royauté pour bien des amateurs au Québec. C’est surréaliste», a-t-il lancé lors d’une conférence téléphonique organisée par sa nouvelle équipe, à laquelle participaient les médias de Boston et deux journalistes du Québec.

«Les Patriots ont une incroyable base de partisans au Québec. C’est la plus grosse équipe chez nous et je les ai observés pendant leurs années incroyables avec tous leurs Super Bowls. Faire partie de cette organisation et en faire le plus possible pour contribuer aux succès de l’équipe, ça veut dire beaucoup pour moi.

«J’étais enfant et je regardais Tom Brady lancer le ballon. Que cette organisation m’appelle le jour du repêchage pour me dire qu’elle me choisit, c’est un sentiment incroyable», s’est extasié celui qui détient le record du plus grand nombre de départs (54) dans le programme de football de l’Université Eastern Michigan. 

Un pressentiment

Pendant quelques instants, «mon cerveau a figé», a admis le joueur de ligne offensive de 6 pi 5 po et 325 livres, lorsque son cellulaire a vibré et qu’il a compris qu’il jouerait pour le club dirigé par l’empereur Bill Belichick.

«On était assis toute la famille dans le salon. Quand j’ai vu qu’il y avait un appel du Massachusetts sur mon téléphone, je me suis dit: "Wow! Qu’est-ce qui m’arrive?"» a-t-il raconté.

Si Sow a gelé sur le moment, il a tôt fait de revenir à lui-même. Après tout, pendant les longs mois menant au repêchage, les contacts avec l’organisation ont été fréquents et positifs. 

«J’avais un bon pressentiment par rapport aux Patriots. J’ai adoré toutes mes discussions avec les différents membres du personnel et ma visite avec eux a été la meilleure», a raconté celui qui a aussi été invité dans les installations des Commanders, des Lions, des Panthers et des Bills.

Comme un ouvrier

En demandant à Sidy Sow ce qu’il apportera aux Patriots, on comprend rapidement à quel point son coin de pays est au cœur de ses valeurs et du type de joueur qu’il est.

«Dans ma région, c’est agricole avec beaucoup d’usines. C’est un peu ma mentalité d’aller travailler à chaque jour sans poser de questions et de fournir mon 100% d’efforts. C’est ce que je veux amener à l’équipe», a-t-il dit. 

Les Patriots... avant le Canadien

Comme chaque fois qu’un joueur québécois atteint la NFL, il a eu droit aux questions concernant ses origines et son amour du hockey. 

«Je suis un partisan du Canadien jusqu’au jour où je mourrai», a clamé Sow. «C’est mon équipe de sport préférée depuis toujours... Quoique maintenant, c’est ma deuxième après les Patriots!» a-t-il pris soin d’ajouter.

Le relationniste de l’équipe, Stacey James, lui a d’ailleurs gentiment rappelé de faire attention, car «il y a beaucoup de partisans des Bruins ici».

Oui, la vie de Sidy Sow vient de changer du tout au tout.

Un moment émotif pour son ancien entraîneur

Quand Jean Junior Petit a appris que son ancien protégé Sidy Sow accédait officiellement à la NFL, il a pris place dans son bureau, a fermé la porte et a difficilement retenu ses larmes.

«On a l’air de gros durs au football, mais on est des émotifs. Je fais juste y penser et j’ai encore les yeux pleins d’eau», a confié celui qui a été l’entraîneur de Sow pendant tout son parcours secondaire avec les Incroyables de JH Leclerc.

Il faut dire que la relation entre Sow et Petit a largement dépassé celle d’un joueur et de son entraîneur.

«J’ai été une figure paternelle pour Sidy sans jamais me prendre pour son père. Il a été super bien élevé par une mère monoparentale avec plusieurs enfants. Elle a trimé tellement dur et Sidy aussi. Ce qui arrive aujourd’hui, ça ne pouvait pas arriver à un meilleur gars et à une meilleure famille», a-t-il souligné.

«Pour montrer à quel point il travaille fort, même si c’est un gars qui ne l’avait pas facile à l’école, il a été aux États-Unis et il repart de l’université avec un diplôme en criminologie. Ça en dit long et il travaille aussi fort sur le terrain.»

Un bijou pour les Patriots

Puisque Sow est de nature très réservée, il a été peu présent dans le paysage médiatique québécois au cours des dernières années. Nos demandes d’entrevue, au fil des mois, sont d’ailleurs demeurées sans réponse, mais son ancien entraîneur assure que le Québec le découvrira bien assez tôt.

«Dans les derniers mois, pour sa préparation, il s’est vraiment cloîtré. Il a toujours été un leader silencieux, très discret.

«Je suis convaincu que les Patriots ont mis la main sur un bijou. Il n’arrête jamais et il va tout donner. C’est sûr qu’il a toujours été un peu le maître et là il redevient un junior, mais il va tout absorber ce qu’on va lui enseigner. Je te le dis, ce ne sera pas long qu’on va le voir jouer», a-t-il assuré. 

Lors de sa période de disponibilité avec les médias, Sow s’est montré reconnaissant de cette période qui a façonné son parcours.

«Je serai toujours un Incroyable [JH Leclerc] et ça reste toujours dans mon cœur. Je ne parle pas beaucoup parce que j’aime que ma vie reste privée, mais j’y pense toujours. Je garde toujours un cadre avec des photos de Bromont à côté de mon lit pour toujours me rappeler d’où je viens», a-t-il affirmé.