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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Une nostalgie nommée Jean Charest

Photo d’archives
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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2023-04-14T23:30:00Z
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Il fallait beaucoup d’imagination pour y penser: certains libéraux confessent aujourd’hui leur nostalgie pour Jean Charest.

• À lire aussi: Les libéraux s’ennuient encore beaucoup de Jean Charest

Vingt ans après son élection, on veut désormais nous faire croire que l’ancien premier ministre libéral fut à sa manière un grand premier ministre, à la réputation injustement sacrifiée, qui mériterait d’être réhabilité. 

C’est une amusante théorie.

Référendum

Je me contenterai de rappeler quelques éléments politiques élémentaires pour qui veut comprendre ce bilan. 

Jean Charest s’est d’abord voulu premier ministre du Canada, et c’est parce qu’il a compris vers la fin des années 1990 qu’il n’y parviendrait pas qu’il s’est replié sur le Québec, comme prix de consolation.  

Devenu premier ministre en avril 2003, huit ans après le référendum, il s’est donné une mission : reprovincialiser le Québec. 

Le Journal de Montreal
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J’entends par là que le Québec, depuis la Révolution tranquille, s’était affirmé comme une nation à part entière. Jean Charest avait pour mission d’en finir avec cette idée. 

Il avait aussi un objectif : faire en sorte que plus jamais un référendum sur l’indépendance ne soit possible. Il fallait verrouiller démographiquement l’avenir politique du Québec, ce pourquoi il a ouvert les vannes de l’immigration. 

Jean Charest a vu le Québec s’angliciser. 

Au mieux, on dira qu’il a laissé faire par indifférence, au pire on peut croire qu’il ne s’en désolait pas. Car moins le Québec sera francophone, et plus il sera libéral. Moins il sera francophone, plus il sera canadien. 

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Affaissement

Il aura aussi contribué à la déformation de la question identitaire au moment de la crise des accommodements raisonnables en laissant entendre que ceux qui s’opposaient à leur multiplication participaient à un climat d’intolérance. 

Son gouvernement aura aussi contribué à la dégradation de la vie démocratique, pour peu qu’on se souvienne de la commission Charbonneau. 

Son gouvernement aura contribué à l’affaissement du Québec, qui ne s’en est toujours pas relevé. 

Il peut dire mission accomplie.

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