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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Les libéraux s’ennuient encore beaucoup de Jean Charest

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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2023-04-14T04:00:00Z
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Il y a 20 ans aujourd’hui, Jean Charest devenait premier ministre du Québec. Avec 46 % des voix et 76 sièges sur 125, sa victoire et celle du Parti libéral du Québec étaient sans équivoque. «Je suis prêt», avait-il clamé tout au long de la campagne...

Armé aussi au fédéral de ses 14 années de politique active au Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney, Jean Charest, il faut bien le dire, était une véritable bête politique.

Ce fédéraliste passionné, baptisé «Capitaine Canada» lors du référendum de 1995, s’était vu recruté en 1998 par le milieu des affaires pour diriger le PLQ. Malgré même son rêve de devenir un jour premier ministre du Canada.

Sa mission au Québec: affronter le populaire premier ministre péquiste, Lucien Bouchard. Lui aussi, un produit du sérail progressiste-conservateur.

Jean Charest devra néanmoins attendre 2003 avant d’accéder au poste de premier ministre, qu’il conservera pendant trois mandats consécutifs.

Bête politique, il était aussi un orateur redoutable. Au PLQ, le greffon conservateur a donc pris avec succès. Une fois au pouvoir, il échouera cependant à imposer sa «réingénierie» de l’État québécois visant à le rendre encore plus «business friendly».

Il réussira toutefois à refaire du PLQ une formidable machine à «ramasser l’argent», pour reprendre la formule-choc de Robert Benoît, ex-président du PLQ. D’où les soupçons de copinage et de corruption qui ne cesseront de flotter autour du PLQ.

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Tentative ratée

La suite de l’histoire, dont la création sous haute pression par Jean Charest lui-même de la Commission Charbonneau et de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), est amplement connue.

Tout comme sa tentative ratée en 2012 de se faire réélire pour une quatrième fois. Cette fois-là, en s’érigeant en gardien de «la loi et l’ordre» par sa diabolisation du Printemps érable tout en accusant faussement les étudiants en grève de verser dans la «violence et l’intimidation».

Depuis, sauf pour sa défaite l’an dernier aux mains de Pierre Poilievre à la chefferie du Parti conservateur du Canada, Jean Charest, qu’il le veuille ou non, traîne avec lui les casseroles de la Commission Charbonneau.

Une consolation majeure lui est néanmoins venue en avril. Soit pour les 20 ans marquant sa prise du pouvoir. La Cour supérieure lui accordait un dédommagement de 385 000 $ pour son recours intenté à la suite des multiples fuites médiatiques de l’UPAC.

Lesquelles fuites ont durement mis à mal sa vie privée et sa réputation. Ironiquement, l’UPAC était sa propre création.

Une dynastie Charest?

Deuxième consolation: pendant que le PLQ croupit au 36e dessous, plus d’un millier d’invités, libéraux et sympathisants, sont attendus demain pour célébrer les 20 ans de leur retour au pouvoir sous Jean Charest.

Le journaliste Sébastien Bovet rapportait en effet que cette commémoration festive est organisée non pas par le PLQ, mais par les amis de Jean Charest, sous la présidence d’honneur de Raymond Bachand, ex-ministre libéral.

Car il faut savoir que dans les rangs libéraux, aussi décimés soient-ils, plusieurs s’ennuient encore beaucoup de Jean Charest et de sa fougue. C’est lui qui, après tout, leur a donné trois mandats d’affilée au pouvoir. Un capital politique considérable que ses successeurs ont depuis lourdement dilapidé.

Troisième consolation: au sein du comité de travail chargé au PLQ de réfléchir à son éventuelle reconstruction, on trouve entre autres un militant du nom d’Antoine Dionne Charest, le fils de Jean Charest et Michèle Dionne.

Après la dynastie Trudeau au PLC, s’installera-t-il aussi un jour une dynastie Charest au PLQ? À suivre...

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