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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Une des dernières usines de textile menacée par les nouvelles règles sur les travailleurs étrangers

Des couturiers pourraient devoir quitter Textile Gauvin, ce qui mettrait l'entreprise dans une position difficile

Pascale Pelletier, présidente-directrice générale de Textile Gauvin et un travailleur originaire des Philippines, Joel Cesar Jr.
Pascale Pelletier, présidente-directrice générale de Textile Gauvin et un travailleur originaire des Philippines, Joel Cesar Jr. Photo Louis Deschenes
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Photo portrait de Louis Deschênes

Louis Deschênes

2025-02-16T05:00:00Z
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Après avoir traversé plusieurs tempêtes dans un secteur où les fermetures ont été nombreuses en raison de la production à faible coût en Chine et au Bangladesh, l’entreprise Textile Gauvin doit encore se battre pour sa survie.

• À lire aussi: «Faudrait se réveiller»: des entreprises manufacturières se battent pour ne pas perdre leurs travailleurs étrangers

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Dans le paradis du bois à Saint-Pamphile, l'usine de literie fondée en 1996 est restée debout comme un chêne grâce à 36 employés, dont six travailleurs étrangers.

«Nos produits haut de gamme fabriqués ici sont dans la prestigieuse chaîne d'hôtels Germain. Simons et Tanguay sont aussi nos clients», souligne avec fierté la présidente-directrice générale, Pascale Pelletier.

Pascale Pelletier, présidente-directrice générale de Textile Gauvin, avec une employée, Suzanne Larose, fières de la marque de draps Jump fabriquée à Saint-Pamphile.
Pascale Pelletier, présidente-directrice générale de Textile Gauvin, avec une employée, Suzanne Larose, fières de la marque de draps Jump fabriquée à Saint-Pamphile. Photo Louis Deschenes

Mais cette fois, ce n’est pas la Chine qui lui cause des maux de tête. Ce sont plutôt les nouvelles politiques québécoises et canadiennes sur les travailleurs étrangers temporaires.

Quota en baisse

La femme d’affaires précise qu’avant les nouvelles règles, les couturiers étaient des travailleurs dans la catégorie «traitement simplifié». Ils étaient ainsi exclus du quota de 20%, mais ce n'est plus le cas.

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Depuis septembre, le personnel étranger dans la catégorie bas salaire (33$/h et moins au Québec) est limité à 10% de l’ensemble des employés d’une entreprise,

«C’est catastrophique, parce que si ça ne change pas, je vais perdre trois ou quatre couturiers ou couturières sur 15 au total», expose Mme Pelletier.

Joel Cesar Jr. est l'un des six couturiers en provenance des Philippines sur la quinzaine de couturiers de l'usine de Textile Gauvin à Saint-Pamphile.
Joel Cesar Jr. est l'un des six couturiers en provenance des Philippines sur la quinzaine de couturiers de l'usine de Textile Gauvin à Saint-Pamphile. Photo Louis Deschenes

Si ces chiffres ne sont pas aussi spectaculaires que ceux d'une usine de 500 employés, les pertes sont assez importantes pour complètement chambouler les plans de la propriétaire.

Déménager la production?

«Je suis rendue à me demander s’il va falloir que je déménage le département de couture à Montréal. J’y pense. Ça va être à évaluer à long terme.»

Et pourtant, le plus grand désir de Pascale Pelletier est de rester à Saint-Pamphile. Elle ne veut surtout pas faire peur à ses employés parce que l’entreprise roule à plein régime.

L’actionnaire vient d’investir dans l’agrandissement de l’usine et dans la robotisation afin de répondre à la forte demande.

«Depuis 2017, nous avons une augmentation de 4 à 5% du chiffre d’affaires par année.»

Photo Louis Deschenes
Photo Louis Deschenes
Pas comme Montréal

En sillonnant les rues de la municipalité de Saint-Pamphile, difficile de s’imaginer que les règles sur l’immigration s’appliquent au même titre qu’à Montréal.

Chaudière-Appalaches est la région où le taux de chômage est le plus bas au Québec, à 2,8%.

«On engage sur-le-champ», lance Pascale Pelletier.

Très impliquée, elle insiste sur la lourde perte que subirait sa communauté si des dizaines d’étrangers qui travaillent dans le parc industriel devaient retourner dans leur pays d’origine.

«Ils parlent français, ils vont à l’épicerie, chez nous, les travailleurs viennent des Philippines et ils patinent, ils vont à la fête d’hiver [...] Ce sont vraiment des citoyens à part entière.»


Durant la pandémie, Textile Gauvin avait donné un fier coup de main à la société québécoise en fabriquant 30 000 jaquettes et 35 000 masques de procédure avec du tissu adapté.

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