«Faudrait se réveiller»: des entreprises manufacturières se battent pour ne pas perdre leurs travailleurs étrangers
Les nouvelles règles en vigueur depuis septembre frappent plusieurs régions de plein fouet


Louis Deschênes
Pendant que les yeux sont tournés vers Donald Trump et ses tarifs, des entreprises manufacturières québécoises font face à un autre enjeu de taille: le départ de travailleurs étrangers temporaires à cause des nouvelles règles des gouvernements.
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«Faudrait se réveiller», lance Patrick Bolduc, président du Groupe P. Bolduc dans Bellechasse. «Mon commerce est en péril à cause de ces politiques improvisées en immigration.»

Le Journal est allé à la rencontre d’une dizaine de propriétaires d’usines en Chaudière-Appalaches et en Montérégie. Cette collection d’entrepreneurs québécois sonne l’alarme: les nouvelles mesures en vigueur depuis septembre font très mal.
Nos manufacturiers perdent des travailleurs étrangers, ceux qui permettent à nos usines de fonctionner. Ces employés sont là depuis des années, mais leurs permis d’immigration, dans plusieurs cas, ne seront plus renouvelés.
Bye bye à 50 travailleurs
Beauce Atlas, à Sainte-Marie, est reconnue pour ses structures métalliques, mais l'entreprise doit aujourd’hui dire au revoir à une cinquantaine de travailleurs qui les construisent, en raison des restrictions.

«Plusieurs sont établis ici depuis six ans, c’est inhumain», s’indigne la directrice des ressources humaines, Jacinthe Fontaine.
Même discours pour Maibec, chez qui 13 demandes de renouvellement de permis viennent d’être refusées et où d’autres emplois sont en péril pour cause de délais administratifs.
«Dix Guatémaltèques sont retournés dans leur pays», confirme le vice-président, Charles Tardif, qui est loin d’être capable de se passer d’eux.
Son usine est menacée de perdre un quart de travail complet, explique l’homme d’affaires qui souhaite, comme plusieurs dirigeants à qui Le Journal a parlé, l’adoption d’une «clause grand-père» pour garder ses travailleurs.
33$ de l’heure
Pour répondre aux nouvelles règles et éviter la catastrophe pour son entreprise, Patrick Bolduc pense augmenter le salaire de ses travailleurs étrangers à 33$ l’heure.
«Je n’ai pas le choix, si je les perds, je ferme ma business», admet-il.
Cette réalité, c’est aussi celle de nombreux entrepreneurs. Ils cherchent des solutions pour éviter le pire. Une de celles qui reviennent souvent est de déménager la production.
«Les restrictions en immigration, c’est en lien direct avec des jobs qui seront créés aux États-Unis et non au Québec ou au Canada», affirme Julien Veilleux, de l’entreprise Rotobec, en ajoutant «qu’il est temps que les politiciens réalisent l’ampleur de la crise».
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