Vedettes: pourquoi y a-t-il une mode de dévoiler les détails de ses procédures esthétiques?

Chez les stars, jouer la carte de l'honnêteté — du moins partielle — sur leurs chirgurgies esthétiques est une tendance qui se poursuit. Cette fois, c'est une icône du monde du sport qui dévoile tout sur son compte TikTok.

• À lire aussi: Marina Bastarache: Parler aux femmes

• À lire aussi: La campagne de publicité d'injections amaigrissantes de Serena Williams soulève les passions

• À lire aussi: Kim Kardashian choque la Toile avec le sous-vêtement SKIMS qui grossit les fesses

C'est bien la gymnaste la plus médaillée de l'histoire, Simone Biles, qui a cette fois fourni tous les détails de son augmentation mammaire sur les réseaux sociaux. Sa vidéo sur TikTok, intitulée "Girl Talk", publiée le 20 novembre, cumule déjà presque 4 millions de vues et près de 400 000 j'aime.

L'athlète qui détient 7 titres et 11 médailles olympiques discute de son opération et de son processus de rétablissement pendant 2 minutes, en commençant par dévoiler qu'elle a reçu sa chirurgie le 16 juin 2025 à Houston, précisant même le nom de sa docteure pour les intéressées. 

Elle souligne que ses implants ont été insérés sous le muscle et spécifie leurs taille et caractéristiques: 310 centimètres cube, à profil haut, en silicone extra filled. Elle donne aussi son poids et sa taille à la livre et au pouce près pour mettre le tout en perspective.

Comme le rappelait récemment l'autrice et designer Elizabeth Goodspeed, avec la montée en puissance de la téléréalité et des réseaux sociaux, le dévoilement de soi est devenu une sorte de monnaie d'échange parasociale dans les 15 dernières années. Le discours sur la chirurgie s'est décomplexé à mesure que l'on s'est mis à partager de plus en plus sur soi, son corps et sa santé. Ce qui est “cool” chez les stars dorénavant, c'est d'avouer ses procédures et d'assumer sa part de fake. Kylie Jenner, benjamine du clan qui a joué un rôle énorme dans le phénomène de la surexposition de soi avec leur émission Keeping up with the Kardashians, a fait beaucoup parler lorsqu'elle a elle-même donné tous les détails de son augmentation mammaire en juin 2025. 

Cette semaine encore, une vidéo d'Ariana Grande était aussi virale sur les réseaux sociaux, dans laquelle celle-ci lançait, pendant une routine maquillage: "en complète transparence, j'ai reçu une tonne d'injections et de botox au fil des années". Elle dit avoir arrêté en 2018, voulant que son visage reflète ses expressions naturelles et les traces que celles-ci laissent. "Est-ce que je voudrai un facelift dans 10 ans? Possiblement! (rires)", dit-elle, signalant de nouveau son souci de keep it real. 

Il y a souvent un langage très médical dans ces prises de parole. On veut savoir ce que ces stars se font faire comme si nous étions nous-même médecin ou scientifique, mais aussi pour se sentir en contrôle dans nos éventuels choix de procédures. Parler du corps en termes de réalités biologiques, dans toutes sortes de discours — de l'optimisation du corps à la transphobie —, est aussi très in, en ce moment. Alors, on parle de substances, de quantités précises, d'ingrédients et de composition du corps.

On peut aussi noter que, dans une période plus conversatrice où les normes de féminité se reserrent de nouveau, la popularité de ce type de transparence est observée en parallèle avec l'intensification de la promotion de certains standards. Cela va aussi pour ce qui est non-chirurgical: on se souvient de Serena Williams et de sa campagne de pub pour un produit amaigrissant G-LP1 (l'Ozempic est l'exemple le plus connu de cette catégorie), une autre immense vedette sportive qui a abordé publiquement une modification physique.

Dans les réactions en ligne, certaines apprécient ces informations. En étant honnête sur leurs transformations, les stars admettent au moins travailler pour se soumettre à des normes et payer cher pour y arriver. Ces conseils sont perçus comme utiles par celles qui avouent tout autant vouloir se conformer à nos standards de minceur et de silhouette sablier. 

Toutefois, d'autres trouvent que la ligne entre authenticité, valeur reine de notre monde numérique, et promotion commerciale ou élévation volontaire de certaines normes de beauté est trop mince. 

La comparaison avec Serena Williams est intéressante, celle-ci étant comme Biles une athlète noire qui a marqué l'histoire par son talent et qui a redéfini sa propre discipline. Toutes deux ont enregistré de nombreux records, permis par leur corps qu'elles ont longuement entraîné, et sont des modèles de féminité alternatifs à celui de la maigreur, de la fragilité et de la blancheur. Dans les cas de Biles et de Williams, leur transformation les rapprochent d'une silhouette plus normative.

Toutefois, il y a une différence entre les deux: Simone Biles n'est pas dans une publicité. Celle-ci parle des parties plus difficiles du processus, notamment la douleur qu'elle a éprouvée pendant la guérison, dûe selon elle à sa masse musculaire au-dessus de la normale. Elle dit même que ses seins "ressemblaient à des aliens au début" (là, on parle d'honnêteté!). Elle mentionne aussi les risques potentiels des implants mammaires sur la santé, à l'opposé de Serena Williams qui était pleinement ambassadrice du produit GLP-1 et qui avait été vivement critiquée pour ne pas avoir abordé leurs conséquences négatives potentielles.

Il faut aussi garder en tête que le corps des femmes très médiatisées, particulièrement les sportives (et particulièrement les gymnastes), est souvent scruté de près et commenté. C'est encore pire pour les femmes noires, dont le corps est structurellement sexualisé et déshumanisé. Cette prise de parole de Simone Biles, en plus de constituer un certain geste d'intégrité, au vu de toutes les jeunes femmes qui la suivent, pourrait aussi être une façon de garder le contrôle de son image et de son narratif, avant que quelqu'un d'autre ne le fasse.

À VOIR AUSSI: