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Célébrités

Marina Bastarache: Parler aux femmes

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Juliette de Lamberterie

2025-06-15T04:00:00Z
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On le sait: l’authenticité paie, de nos jours. Les internautes apprécient particulièrement la sincérité et les personnalités qui dévoilent leurs failles, en qui ils peuvent se reconnaître. Ça tombe bien pour Marina Bastarache puisque sur Internet comme en tête-à-tête, elle se montre telle qu'elle est. Et elle n’a pas la langue dans sa poche.

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«Mes parents disaient souvent que l’argent ne pousse pas dans les arbres.» Chez cette «fille aux mille projets», comme la surnomment ses amis, l’envie de travailler s’est manifestée tôt. «Quand j'avais 12 ans, les jeans Parasuco étaient très trendy», se rappelle-t-elle en riant. «Je me disais que si je voulais un jour goûter à toutes les belles choses qui m'attiraient, je devrais travailler.»

Et on peut dire qu’elle n’a pas chômé. Danseuse professionnelle et animatrice, Marina travaille également depuis 12 ans dans la création de contenu pour les femmes. «Définitivement pour les femmes. Je m’en fous, des gars», dit-elle avec humour. 

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Entrepreneure et nouvellement à la barre d’un balado, elle a aussi fait une apparition surprise dans STAT, la série médicale à succès qui met en vedette son conjoint, Lou-Pascal Tremblay. Et j’ai l'intuition qu'on la reverra bientôt à l’écran ou à la radio. Valsant habilement entre les médias traditionnels et les plateformes alternatives, elle n’a jamais été à court de moyens pour faire ce qu’elle aime et en quoi elle excelle: le divertissement et les conversations franches.

Entrer dans la danse

En 2001, toute petite, Marina apparaît comme danseuse à La Fureur. Après des années de cours de danse classique, jazz, hip-hop, waacking et j’en passe, elle revient danser à Star Académie, au Bye Bye 2013 et à La Voix, entre autres. «Ces expériences m’ont inculqué une éthique de travail, une rigueur, une façon d'être en équipe.» Elle danse également dans le cadre de deux tournées de Marie-Mai, Miroir et M. «Le je-ne-sais-quoi qui ne s’apprend pas, tu l’as tout le temps eu», lui a récemment lancé la chanteuse culte, de passage au micro de son balado.

En plus de son physique angélique et de sa nature très expressive, Marina, qui a maintenant 34 ans, est dotée d’un vrai sens de l’humour qui met tout de suite à l’aise et qui témoigne de sa force de caractère. Car Marina a dû s’accrocher et s’adapter aux changements durant sa carrière. «Jeune, je me suis dit que je ne pouvais pas mettre tous mes œufs dans le même panier. La vie est magnifique, mais peut aussi être cruelle et intense.» Surtout dans l’industrie du show-business. À mes yeux, Marina incarne la culture du grind (broyer en français) qui véhicule l’idée d'enfiler les projets et les expériences de travail à un rythme effréné pour arriver à se tailler une place et vivre de son métier. Elle aime faire beaucoup de choses et admet: «J’ai grindé en titi».

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Au milieu des années 2010, Marina touche aux comédies musicales et au cinéma, avec Step Up 5. Elle obtient aussi ses premiers rôles à la télévision et fait sa première incursion à l’animation dans Code F, à Vrak, ce qui la fait connaître du grand public. Chroniqueuse pour plusieurs émissions, elle anime aussi OD+ en direct et Célibataires et nus en 2016 et 2017. Mais quelque chose de majeur se passe aussi dans le domaine du divertissement au milieu de la décennie: l’arrivée d’Instagram.

Se livrer en ligne

Marina estime qu'elle a eu de la chance avec les réseaux sociaux. Tandis qu’elle se fait connaître avec Code F, elle se crée un compte Instagram. «Je publiais une photo de mon café latte en ne pensant à rien quand tout à coup, j'avais atteint 2000 abonnés, puis 6000...» Ça a continué, et elle s'est prêtée au jeu. Rapidement, on lui a appris que des agences permettaient de monétiser cette activité. «Je suis une fille de projets, de business, d'opportunités. Je me suis dit: “OK, comment on fait ça?”»

Quand Marina se raconte, elle met en scène ses récits à la manière d’une comédienne, en livrant des détails précis, comme si elle s'adressait à une bonne amie. Dans son métier, les créatrices considèrent souvent leur communauté comme une confidente, à qui elles transmettent toutes leurs meilleures anecdotes. Tout en commençant à bâtir son compte Instagram, Marina lance une chaîne YouTube avec PO Beaudouin intitulée PO & Marina. Véritable archive du Web des années 2010, elle comporte un peu de tout: défis, vlogues, reprises... «Notre but, c'était de divertir. En chantant une chanson, en se sacrant la tête dans une boîte de Jell-O, en se teignant les cheveux d'une couleur, en découvrant la slime, en tachant nos divans... Tu sais, on a tout essayé.» Puisque l’autodérision et l’imperfection sont à la mode sur les réseaux sociaux, c'est sans surprise que Marina s’insère si bien dans les nouvelles itérations de la culture Web. Elle a compris depuis longtemps comment jouer sur le comique, l’absurde et la vulnérabilité pour divertir.

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«À la suite de Code F et après ma chaîne YouTube avec PO, je me suis demandé: “Qui suis-je sur les réseaux?”». Tandis que la mode, la beauté et le lifestyle sont toujours au cœur de ces plateformes, elle mise aujourd’hui sur des contenus francs et humoristiques auxquels on peut s’identifier. Ma vidéo préférée est sans contredit celle faisant la revue de l’année 2024, où elle énumère ses deux accomplissements: «Ne pas être enceinte» et «Ne pas mourir». Très relatable.

Une femme d'opinion

Marina s’exprime aussi sur la politique. Quelques semaines avant les élections fédérales de ce printemps, elle publie une vidéo qui incite ses abonnés à voter pour protéger les droits des femmes et des communautés queers. Pourquoi? «Mais pourquoi pas? Voyons donc.» Elle s'inquiète en effet du recul de certains droits de la personne, comme la criminalisation de l’avortement dans certains États américains. Sur les questions LGBTQ+, elle est aussi ferme: «Personne ne pourrait dire grand-chose à ce sujet sans que j'arrive comme une tonne de briques.»

Marina s’est d’ailleurs récemment retrouvée au centre d’une controverse après son passage au balado Datestable, de Vanessa Duchel. Un extrait où elle affirmait se méfier des hommes avant de les connaître a choqué plusieurs commentateurs masculins. «Oui, ça m’a fait peur», dit-elle en parlant de l’attention reçue. Elle comprend que, hors contexte, certains n’ont pas compris son propos. «Je ne connais pas beaucoup de femmes qui n'ont pas vécu quelque chose de dramatique avec un homme», explique-t-elle. «Je sors avec un homme blanc hétéro qui est merveilleux, et on voit que ceux qui sont bons comprennent cette méfiance: entre boys, il faut qu’ils se checkent». Ce franc-parler est typique de Marina. «J'essaye de ne pas être trop controversée, mais je suis une femme d'opinion, une grande féministe de cœur et dans tout ce que je suis.»

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Elle critique aussi la pression exercée sur les femmes en lien avec le couple et la maternité. Par exemple, la notion que le fait d'avoir un amoureux donnerait plus de valeur à une femme l’irrite. «Je suis 100 % moi avant d’être la blonde de mon chum, aussi fabuleux soit-il. Ce n’est pas grâce à Lou que j’ai de la valeur», dit-elle. Il en va de même pour la question des enfants, systématiquement posée aux femmes dans la trentaine. «On ne sait pas ce qu'elles vivent et si, pour elles, c’est un sujet heureux ou pas, dit-elle. J’ai des amies qui ont vécu l'infertilité et c'est cruel de leur rappeler constamment.» Elle exprime sans complexe son incertitude par rapport à la maternité et tente de désamorcer ces pressions sociétales sur ses réseaux.

Candide par rapport à l’entrepreneuriat

«C'est vraiment tough d'être entrepreneure», dit d’emblée Marina. Il y a quelques années, tandis qu’elle gagnait en popularité, on l’a sollicitée pour lancer une compagnie de vêtements et de maillots de bain, Nana The Brand, reprenant le nom de son blogue de l’époque. «À un moment donné, j'ai posé des questions. Est-ce qu'on fait travailler des enfants en Chine?». Puisqu’elle n’était alors que l’image de la marque et ne gérait pas les opérations, Marina n’obtenait pas de réponses à ses questions. Elle a alors repris les rênes de la compagnie, devenant ainsi entrepreneure.

«J’ai décidé que je prenais ça sur mes épaules. Il a fallu que je me fasse aider de beaucoup de gens.» Je lui ai demandé si une des raisons pour lesquelles autant d’influenceurs deviennent entrepreneurs était un besoin de stabilité. «C'est sûrement des gens de projets, un peu comme moi», répond-elle. Mais «Nana, ce n'est pas gage de stabilité, dit-elle. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas réussi à faire de l'argent avec ce projet. Je le dis ouvertement parce que je ne veux pas que les jeunes pensent que je me lance en entrepreneuriat pour être riche!»

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Marina a dorénavant un partenaire actionnaire qui compte plusieurs décennies d’expérience dans l’industrie. Elle peut maintenant déléguer les opérations et se concentrer sur le volet mode et l’image de marque, qu’elle veut inclusive. Elle travaille à ce que les campagnes représentent plusieurs types de morphologies et s'assure d'offrir un grand éventail de tailles. «Tous les corps, toutes les orientations sexuelles, toutes les religions... Est-ce qu’on peut juste exister?»

Oui, c’est souvent Marina qui pose pour les maillots de sa marque. Et oui, elle est consciente que le fait de correspondre aux standards de beauté l’avantage, mais elle n’hésite pas à appeler un chat un chat: «Sur ces photos, tout est fake. La lumière, l'huile que j'ai sur le corps, la pose...» Chez Marina, le vrai message se trouve souvent dans l’envers du décor, sur lequel elle n’hésite jamais à lever le voile.

De retour en studio

«Pendant longtemps, il y a eu un genre de chicane entre les médias traditionnels et les nouveaux canaux, constate Marina. On disait: “C’est qui, eux? Est-ce qu'ils ont fait l’école de l’humour, pour avoir autant de gens qui les suivent? L'école Promédia en animation?”» Selon elle, la rivalité entre les deux s’est atténuée, mais ce discours est toujours présent. «Entends-moi bien: il y a des créateurs de contenu à propos desquels je me dis “Au secours! Comment cette personne peut-elle être suivie par 100 000 personnes?” Mais il y a aussi des émissions de télé que je regarde en me disant: “Je ne peux pas croire que ça existe, cette histoire-là.”» Elle pointe du doigt le fait qu’on juge parfois davantage un produit médiatique en fonction de la plateforme plutôt que de sa pertinence.

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Marina coanime maintenant le podcast Party pyjama, lancé le 28 mars 2025 avec son ami l’acteur Maxime Gibeault. «Il amène quelque chose qui fait du bien», dit-elle. En regardant les épisodes, je comprends ce qu’elle veut dire. Marina, malgré son naturel, reste tout de même discrète sur certains pans de sa vie, tandis que Maxime n’hésite pas à s’ouvrir sur des enjeux comme la sexualité ou la dépendance, affichant une masculinité décomplexée. «Quand je plaisante, mon chum ne me trouve pas drôle, mais Max, lui, me trouve comique! On connecte bien ensemble», dit-elle en riant. À deux, ils s’entretiennent longuement avec leurs invités en abordant des sujets personnels, tabous ou ridicules, dans une ambiance détendue. «Je m’intéresse à l’humain», note Marina, qui apprécie la liberté que permet Party pyjama au niveau du contenu et du registre, même si elle est intéressée à refaire de la radio ou de la télévision dans le futur.

En dehors du Web, on retrouve aussi Marina sur le terrain... de soccer. Elle est fière d’annoncer qu’elle est maintenant animatrice maison pour l’équipe féminine des Roses de Montréal. «Ça représente tout ce qui est important pour moi», dit-elle, se réjouissant qu’il y ait enfin une ligue d’élite pour les joueuses canadiennes. Lors des rendez-vous à domicile, Marina assure l'animation avant et durant les matchs. Elle raconte que s’entendre au micro dans un stade pour la première fois l’a un peu intimidée. Plus que les réseaux sociaux, où elle cumule des centaines de milliers de vues? Elle sourit: «Sur les réseaux, c’est juste moi et ma caméra.»

Dans le futur, elle souhaite déléguer afin de faire place à encore plus de projets qui la représentent vraiment, quitte à en refuser d’autres. «Je veux être fière de ce que je fais!» Marina a su se réinventer au fil des années et refuse d'entrer dans les boîtes toutes faites. Elle s’appuie toujours sur sa sincérité, qui était déjà apparente il y a 10 ans dans ses covers YouTube (ah, le bon vieux temps). Marina répète qu’elle aimerait être une femme qui aide les autres femmes à se sentir bien. Cette candeur, qui caractérise tout ce qu’elle fait, me semble un bon moyen de s’y prendre.

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