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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Un tueur à gages devenu délateur craint d’être ciblé

Il avait entre autres tenté de coincer le mafioso Andrew Scoppa avec les policiers

Marie-Josée Viau et Guy Dion à leur arrivée au Centre judiciaire Gouin, à Montréal, la semaine dernière
Marie-Josée Viau et Guy Dion à leur arrivée au Centre judiciaire Gouin, à Montréal, la semaine dernière Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2021-08-17T18:30:39Z
2021-08-17T22:51:54Z
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Un tueur à gages devenu délateur continue de craindre que la mafia décide de l’éliminer, a-t-il confié mardi au procès d’un couple qui l’aurait aidé à assassiner deux frères en Montérégie.

« Les gens encore vivants du groupe [du mafieux Andrew] Scoppa vont vouloir se venger de moi », a affirmé le délateur mardi au Centre judiciaire Gouin, à Montréal.

L’individu, que l’on ne peut identifier et qui est sous la protection de la police, témoignait au procès de Marie-Josée Viau et Guy Dion, accusés d’avoir participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, en juin 2016.

Selon la preuve de la Couronne, les accusés de 46 et 49 ans auraient laissé le tueur assassiner les deux frères dans le garage de leur propriété à Saint-Jude, pour ensuite se débarrasser des cadavres en les incinérant dans leur cour.

La police a nagé en plein mystère pendant trois ans, jusqu’à ce que le tueur se rende à la police et devienne agent civil d’infiltration.

En juillet et août 2019, le délateur a rencontré les accusés et les a enregistrés à leur insu, obtenant de leur part des déclarations incriminantes.

Moments de noirceur

Or, si l’opération a mené à l’arrestation de Viau et Dion, le délateur ne s’est pas gêné pour critiquer avec virulence le travail des policiers, qui auraient fait fi de ses problèmes de santé mentale afin de poursuivre l’enquête.

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« J’ai eu de gros moments de noirceur [pendant l’infiltration], s’est-il plaint en ajoutant n’avoir jamais eu accès à un avocat. C’est pas normal, on n’est pas dans un pays du tiers-monde ! »

Même s’il ne s’est pas gêné pour déblatérer sur les policiers tout au long de l’enquête, il a quand même poursuivi sa collaboration avec eux.

C’est dans ce cadre qu’il a révélé avoir fait partie d’un plan pour coincer le mafieux Andrew Scoppa, entre autres.

Le but était de l’enregistrer à son insu, tel qu’il avait été fait avec Viau et Dion, selon ce qui a été dit à la cour.

Pour ce faire, le délateur a communiqué avec Scoppa.

Déménager ou tuer tout le monde

« Soit tu déménages avec ta femme et tes enfants, soit tu fais la guerre et tu tues tout le monde », aurait-il dit au mafioso.

Les policiers auraient ensuite tenté de mettre le mafieux sur écoute, sans succès selon le témoin.

Plus encore, ils auraient ensuite continué à écrire à Scoppa avec le téléphone du délateur, sans ce dernier.

« Avec moi, il aurait été fait », a-t-il dit avec assurance aux jurés, expliquant s’être ensuite retiré de l’opération.

Et tout comme la veille, le témoin ne s’est pas gêné pour insulter copieusement les policiers dans son dossier, leur reprochant entre autres de ne pas avoir assez enquêté sur des gens qui l’auraient agressé sexuellement.

À un moment, il avait même prévenu ses contrôleurs qu’il allait saisir le mouvement #MeToo et l’ancienne ministre de la Justice Me Sonia LeBel pour la « violation de ses droits ».

Il a également continué ses récriminations envers une ex-copine, intervenante auprès de détenus, qui lui aurait transmis une maladie vénérienne.

C’est entre autres dans le but qu’elle fasse l’objet d’une enquête qu’il s’était rendu aux policiers afin de devenir délateur pour coincer Viau et Dion.


Le procès, présidé par le juge de la Cour supérieure Éric Downs, se poursuit mercredi.

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