Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

De la surveillance avec l’auto de l’accusé avant un meurtre

Le délateur a expliqué au jury comment il tentait d’établir la routine de ses cibles

Le délateur se rendait parfois à la résidence des accusés Marie-Josée Viau et Guy Dion (en mortaise). Il a dit au jury avoir essayé des armes entre le garage et l’autre bâtiment sur la gauche de la photo, afin d’étouffer le plus possible les bruits de tirs.
Le délateur se rendait parfois à la résidence des accusés Marie-Josée Viau et Guy Dion (en mortaise). Il a dit au jury avoir essayé des armes entre le garage et l’autre bâtiment sur la gauche de la photo, afin d’étouffer le plus possible les bruits de tirs. Photos courtoisie de la Cour et d’archives
Partager
Photo portrait de Valérie Gonthier

Valérie Gonthier

2021-08-06T23:34:36Z
Partager

Avant d’exécuter ses contrats pour le compte de la mafia, un tueur à gages repenti qui témoigne samedi pour la poursuite effectuait une surveillance minutieuse sur ses victimes, n’hésitant pas à emprunter le véhicule de la femme accusée d’avoir nettoyé les traces de certains de ses meurtres.

C’est ce que le jury a appris vendredi au procès de Marie-Josée Viau, 45 ans, et Guy Dion, 49 ans, ce couple accusé d’avoir participé aux meurtres des frères Giuseppe et Vincenzo Falduto.

Le tueur à gages, dont l’identité est protégée par un interdit de publication, a accepté de devenir délateur pour la police en 2019.

Il a expliqué au jury qu’en 2016, il avait reçu de la part du mafieux Salvatore Scoppa un « menu », soit une liste de gens à éliminer. Tous étaient des Siciliens avec qui les Calabrais étaient alors en guerre.

Il a ainsi admis avoir participé à des meurtres en 2016, dont ceux des frères Falduto, abattus dans le garage des accusés Viau et Dion.

Auparavant, il avait aussi assassiné Rocco Sollecito en pleine rue, à Laval.

Avant d’y arriver, le tueur à gages effectuait « de la watch », soit une étroite surveillance de sa cible.

Publicité

Établir la routine des cibles

« Faire de la watch, c’est regarder les sujets, regarder leur routine, les adresses où ils se tenaient, leur cache où ils allaient », a-t-il expliqué vendredi, au Centre judiciaire Gouin, à Montréal.

Ce travail était essentiel afin de pouvoir piéger la cible au bon moment, a-t-il affirmé. Mais une fois, il a donné le contrat à d’autres individus, « des idiots » qui se sont finalement trompés de cible. « On a été faire de la surveillance chez M. Spagnolo. Le gars s’est trompé, il a tiré le père plutôt que le fils, Nick », a-t-il déploré.

Dans le cas de Sollecito, le délateur se levait à 4 ou 5 h pour le suivre. Ses complices et lui utilisaient différents véhicules afin de ne pas se faire remarquer. Parfois, ils s’en débarrassaient après des « rounds de surveillance ».

« Au début, on a commencé avec un Mazda gris avec les vitres teintées. On prenait aussi la Mazda à Marie-Josée », a-t-il détaillé, en faisant référence à l’accusée.

C’est finalement à Laval, près de chez lui, que Rocco Sollecito a été abattu.

Aidé de deux autres individus, le délateur l’a piégé en pleine rue, l’attendant à un arrêt d’autobus.

Il s’est ensuite enfui à l’arrière d’une moto conduite par un homme dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication. Ceux-ci sont ensuite allés se débarrasser des casques de moto et de leurs vêtements chez Marie-Josée Viau et Guy Dion, à Saint-Jude, en Montérégie. 

Tirs chez les accusés

D’ailleurs, le tueur à gages a admis être allé à quelques reprises chez le couple, parfois pour essayer des armes.

« On a essayé des [armes de calibre] .22 avec silencieux, que Sal [Salvatore Scoppa] avait achetés, ils étaient faits maison, ils bloquaient tout le temps », a-t-il rapporté, ajoutant que des traces de projectiles doivent être encore visibles sur place.

Il a précisé que l’un ou l’autre des accusés était toujours présent lorsqu’il s’y rendait. « Je n’y serais pas allé, sinon, c’est une question de respect », a-t-il insisté.

Son témoignage poursuit lundi.

Publicité
Publicité