Scotty Bowman: quand Jean-Guy Talbot lui a fracturé le crâne et mis fin à sa carrière
Le défenseur Jean-Guy Talbot lui avait asséné un violent coup de bâton à la tête lors d'un match en 1951


Marc de Foy
Une carrière de joueur avec le Canadien apparaissait dans les astres pour Scotty Bowman dans sa jeunesse. Mais un jour de 1951, il subit une fracture du crâne lors d’un match entre le Canadien junior et les Reds de Trois-Rivières.
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Les Montréalais détenaient une confortable avance lorsque Bowman s’échappa vers le filet des Trifluviens. Le défenseur Jean-Guy Talbot, qui pourchassait le joueur de centre du petit Canadien, lui ouvrit la boîte crânienne d’un violent coup de bâton.
Un article du Detroit Free Press datant de 2008 rapporte qu’un morceau de crâne se trouvait à côté de Bowman, qui gisait inconscient sur la glace. Il restait une trentaine de secondes à écouler et Talbot, frustré par la tournure du match, avait déjà écopé de quatre pénalités mineures.

Bowman a été transporté d’urgence à l’hôpital, où les médecins lui ont inséré une plaque de métal permanente dans la tête. Bowman a effectué un retour au jeu la saison suivante, mais il n’était plus le même joueur.
«Jean-Guy a perdu le contrôle de ses émotions, a raconté Bowman au journaliste Mitch Albom, une des meilleures plumes aux États-Unis.
«Il me l’a expliqué dans une longue lettre émotive qu’il m’avait envoyée. Je présume que cet incident a devancé ma carrière d’entraîneur d’une quinzaine d’années.»

Aucune rancune
Les autorités québécoises du hockey de l’époque ont suspendu Talbot un an.
«On m’a convoqué à une audience pour m’interroger sur mon état de santé, relate Bowman.
«Je leur ai signifié que je me sentais bien et que j’étais prêt à passer à autre chose. Au retour de sa suspension, Jean-Guy est devenu professionnel avec les As de Québec et il a connu ensuite une longue carrière [16 ans] dans la Ligue nationale [de hockey].»
Bowman n’en a jamais voulu à Talbot.
«Ce sont des choses qui arrivent dans le feu de l’action», l’excuse-t-il
Bowman me l’avait dit une première fois dans une entrevue que j’avais réalisée avec lui il y a environ 25 ans. La plus belle preuve est qu’à sa première saison derrière le banc des Blues de St. Louis, il a demandé à son patron Lynn Patrick de faire l’acquisition de Talbot pour renforcer sa brigade défensive.
Les Blues se sont rendus en finale de la Coupe Stanley trois années consécutives avec Talbot dans leurs rangs.
Les années ne les ont pas éloignés.
«Jean-Guy m’appelle chaque année à mon anniversaire», confie Bowman.
C’est ce qu’on appelle avoir le sens du pardon.