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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Scotty Bowman: payé 4200$ à ses débuts, il aurait fait plus d’argent comme vendeur de peintures

Son employeur Sherwin-Williams lui aurait versé un salaire plus élevé que celui offert par le Canadien en 1956

Scotty Bowman en compagnie de son mentor Toe Blake, qui a mené le Canadien à huit conquêtes de la coupe en 13 saisons derrière le banc. Belle moyenne!
Scotty Bowman en compagnie de son mentor Toe Blake, qui a mené le Canadien à huit conquêtes de la coupe en 13 saisons derrière le banc. Belle moyenne! Photo fournie par Scotty Bowman
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2023-09-16T04:00:00Z
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Une carrière ne se bâtit pas seule. C’est ce que dit Scotty Bowman quand il trace le bilan de ses 62 années de carrière dans la Ligue nationale de hockey.

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« J’ai eu beaucoup de chance, déclare-t-il, modestement.

« Le timing joue un grand rôle dans la vie. Il faut être au bon endroit au bon moment. Et ça prend des personnes qui vont vous aider en cours de route. Personne ne réussit sans recevoir l’appui de gens qui croient en nos capacités. »

Et ça commence souvent par un détail.

Vendeur de peintures

Lorsque la carrière de joueur de Bowman a pris fin, la direction du Canadien lui a offert de lui payer des études universitaires.

« Mais je ne voulais pas faire de longues études, continue Bowman.

« Mon désir était de gagner de l’argent le plus vite possible. J’ai suivi un cours du soir en commerce. »

Le jour, il travaillait. 

Il a été employé de Trans-Canada Airlines, l’ancêtre d’Air Canada ; il a aussi travaillé chez Bell et au Canadien National. En 1954, il faisait son entrée chez Sherwin-Williams, compagnie de production de peintures basée aux États-Unis.

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« Je voulais être vendeur, enchaîne Bowman.

« Je me destinais à vendre de la peinture dans les quincailleries du Québec. C’est ce que je voulais faire. J’étais bilingue, je me débrouillais en français. »

Merci M. Burrows, merci Dick et Toe !

Mais il avait encore le hockey dans le sang et le Forum n’était qu’à un jet de pierre de son bureau. Son patron Robert Burrows lui permettait de prendre son heure de lunch plus tôt pour lui permettre d’assister aux entraînements du Canadien.

L’entraîneur Dick Irvin père puis Toe Blake, qui l’a pris sous son aile, l’accueillaient.

Scotty Bowman et Toe Blake en 1969
Scotty Bowman et Toe Blake en 1969 (Montreal Gazette) 1998 (fls)ROY

« Mais je ne pensais pas à faire carrière dans le hockey, affirme Bowman.

« Mon travail me permettait de bien vivre. »

4200 $ pour commencer

Bowman possédait une propriété sur rue Foch, à Verdun. Ses parents, John et Jean, y coulaient des jours heureux. Malgré ses nombreuses occupations, il trouvait le temps de diriger des équipes mineures. Il a été entraîneur de formations bantam et midget à Verdun et d’une équipe junior B identifiée au Parc-Extension, qui faisait partie de la Ligue métropolitaine de Montréal. 

« En 1956, j’ai été très chanceux que Sam Pollock m’offre un poste dans l’organisation du Canadien. L’équipe venait de remporter la première de sa série de cinq coupes Stanley consécutives, se rappelle-t-il.

« Sam m’a demandé comment je gagnais chez Sherwin-Williams. Mon salaire annuel était de 3600 $ et une augmentation de 3000 $ était prévue avec la promotion qui m’attendait. Sam m’a indiqué que je commencerais à 4200 $ avec le Canadien.

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« Avoir su, je lui aurais dit que je gagnais plus chez Sherwin-Williams! »

Ses premières fonctions consistaient à seconder Pollock dans son travail d’entraîneur du Canadien junior de Hull-Ottawa. Cette saison-là, il a fait la connaissance d’un chanteur de 14 ans qui allait devenir une vedette internationale. Paul Anka allait au coffee shop qui appartenait à son père et son oncle à Ottawa.

Bowman fait une parenthèse. 

« Il donne encore un bon show à 82 ans, indique-t-il.

« Il m’a reçu dans sa loge à Las Vegas. »

Naissance d’une légende

Le Canadien avait succédé aux Red Wings de Detroit à titre de puissance de la LNH, qui ne comptait alors que six équipes. Après ses cinq conquêtes d’affilée de la coupe, de 1956 à 1960, les équipes de Toe Blake ont repris le légendaire trophée en 1965 et en 1966.

Pendant ce temps, Bowman se faisait la main derrière le banc dans le vaste réseau de filiales du Tricolore. 

« Je n’ai rien eu à voir avec les six championnats remportés par le Canadien pendant mon premier séjour de 10 ans avec l’organisation. Mais c’est avec beaucoup de confiance que j’ai pris le chemin de St. Louis en 1967 », dit-il.

Tout le monde prête oreille à ce que peut dire Scotty Bowman. Dans ce cas-ci, on reconnaît le grand Jean Béliveau.
Tout le monde prête oreille à ce que peut dire Scotty Bowman. Dans ce cas-ci, on reconnaît le grand Jean Béliveau. Photo JdeM

La LNH venait de doubler ses cadres en y ajoutant six nouvelles équipes. Pour vous montrer combien sa mémoire est profonde, Bowman raconte qu’avec Jacques Plante et Glenn Hall devant le filet en 1968-1969, les Blues n’ont accordé qu’un but 22 fois (fiche de 18-0-4) et ont blanchi l’adversaire en 14 occasions en 76 matchs. Ce n’est pas loin de la moitié du calendrier régulier.

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C’est à St. Louis que Bowman a fait la connaissance de celle qui allait devenir son épouse, Suella, dame originaire de Carbondale, en Illinois, qui déménagea à St. Louis pour pratiquer la profession d’infirmière. Ils ont convolé en 1969 et deux ans plus tard, Bowman revenait à Montréal en qualité d’entraîneur du grand club.

Une nouvelle légende du coaching venait de naître. 

La glorieuse carrière de Bowman a fait aussi des petits dans sa famille. L’homme de 90 ans est fier de dire qu’à ses 14 titres de la coupe Stanley comme entraîneur (9), directeur du personnel des joueurs (1) et conseiller (4) s’ajoutent les trois championnats remportés par son fils Stan à Chicago et un autre par son neveu Steve, qui est directeur du recrutement amateur chez les Capitals de Washington.

Une vraie famille de champions! 

Le Tableau d’honneur d’un grand champion 

Coupe Stanley
14, dont
9 comme entraîneur 

› Montréal (5)
1973, 1976, 1977, 1978, 1979

› Pittsburgh (2)
1991 (directeur du personnel des joueurs), 1992 (entraîneur)

› Detroit (4) entraîneur : 1997, 1998, 2002 ; conseiller : 2008

› Chicago (3) conseiller : 2010, 2013, 2015 


Trophée Jack-Adams | 2
Entraîneur de l’année

Montréal 1977

Detroit 1996 


Coupe Canada

Équipe Canada 1976 


Distinctions

Allée des célébrités canadiennes : 2003

Panthéon du hockey : 1991

Panthéon des sports du Québec : 2015

Ordre du hockey du Canada : 2017 


39 membres du panthéon dirigés dans la LNH 

St. Louis | 4
Glenn Hall, Doug Harvey, Dickie Moore, Jacques Plante

Montréal | 13
Yvan Cournoyer, Ken Dryden, Bob Gainey, Guy Lafleur, Rod Langway, Jacques Laperrière, Guy Lapointe, Jacques Lemaire, Frank Mahovlich, Henri Richard, Larry Robinson, Serge Savard, Steve Shutt

Buffalo | 4
Dave Andreychuk, Tom Barrasso (aussi plus tard à Pittsburgh), Phil Housley, Gilbert Perreault

Pittsburgh | 5
Paul Coffey (aussi plus tard à Detroit), Ron Francis, Mario Lemieux, Larry Murphy (aussi plus tard à Detroit), Mark Recchi

Detroit | 13
Chris Chelios, Dino Ciccarelli, Vyacheslav Fetisov, Dominik Hasek, Mark Howe, Brett Hull, Igor Larionov, Nicklas Lidstrom, Luc Robitaille, Brendan Shanahan, Mike Vernon, Steve Yzerman 


22 membres du panthéon dirigés avec Équipe Canada 

1976
Bill Barber, Gerry Cheevers, Bobby Clarke, Marcel Dionne, Phil Esposito, Bob Gainey, Guy Lafleur, Guy Lapointe, Gilbert Perreault, Bobby Hull, Lanny McDonald, Bobby Orr, Steve Shutt, Denis Potvin, Larry Robinson, Serge Savard, Darryl Sittler, Rogatien Vachon 

1981
Raymond Bourque, Mike Bossy, Marcel Dionne, Bob Gainey, Clark Gillies, Wayne Gretzky, Guy Lafleur, Gilbert Perreault, Larry Robinson, Bryan Trottier

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