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L'article provient de Salut Bonjour

Un prof qui crie et dénigre les élèves passe d’une école à l’autre à répétition

C’est le 4e établissement où des parents dénoncent l’attitude intimidante et l’absence de pédagogie de cet enseignant «exécrable»

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Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2025-06-25T04:00:00Z
2025-06-25T13:58:37Z
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Un enseignant du primaire qui crie, tape sur les bureaux et dénigre les élèves se trouvait encore en classe il y a deux semaines même si les parents de trois autres écoles s’étaient déjà plaints de lui.

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«On ne parle pas juste d’élever la voix. Il prenait soin de fermer la porte avant de crier», détaille François Courtemanche, un père de l’école Saint-Isaac-Jogues, à Montréal.

Sa fille fait partie des élèves d’anglais intensif de 6e année qui ont eu un enseignant aux nombreux comportements inadéquats.

L’enseignant, que nous avons choisi de ne pas nommer, aurait par exemple dit à un élève être étonné qu’il fasse du sport puisqu’il est «gros», ont rapporté plusieurs parents.

Démotivés

Le Journal a parlé à 6 parents de l’école, dont 5 qui se sont plaints au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

Les parents d’au moins trois jeunes du même groupe se sont aussi adressés au protecteur régional de l’élève, selon les correspondances examinées.

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Depuis l’arrivée de l’enseignant en janvier, tous ont observé une démotivation marquée chez leur enfant, voire une peur d’aller à l’école.

L'école primaire Saint-Isaac-Jogues, dans le quartier Ahuntsic, est le dernier établissement où l'enseignant problématique est passé.
L'école primaire Saint-Isaac-Jogues, dans le quartier Ahuntsic, est le dernier établissement où l'enseignant problématique est passé. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

La liste des doléances est longue : méthodes pédagogiques inappropriées, absence de rétroaction, sévérité excessive.

Par exemple, un horaire a dû être établi par la direction, car l’enseignant refusait régulièrement de laisser les élèves aller aux toilettes.

«Avant le mois de mars, notre fille n’avait jamais vu de copie corrigée de ses travaux», illustre M. Courtemanche.

Sur le tableau interactif, les élèves ont souvent pu voir l’enseignant utiliser ChatGPT pour composer ses évaluations ou messages, alors qu’il inondait les élèves de devoirs pour pallier sa désorganisation, rapportent les parents.

«Accompagné»

L’enseignant aurait à plusieurs reprises tapé sur son bureau et poussé certains élèves pour les faire asseoir ou sortir, ce qui témoigne d’une approche «deux poids, deux mesures» vis-à-vis de l’intimidation, note bien Nathalie Picard dans un de ses courriels au CSSDM.

Dans ses réponses aux plaintes, le CSSDM indique que l’enseignant «sera accompagné».

Malgré cela, il n’y a pas eu d’amélioration réelle et durable, s’entendent pour dire les parents interrogés.

 

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Or, ce n’est pas la première fois que l’attitude de cet enseignant est dénoncée. Le Journal a pu s’entretenir avec des parents de trois autres écoles du CSSDM et qui s’étaient plaints du même professeur à leur direction.

«Combien de plaintes il faut qu’on fasse?», se demande Nathalie Picard.

Le 13 juin, les parents ont reçu un courriel indiquant que l’enseignant sera absent «pour les prochaines semaines».

Ils ignorent toutefois s’il sera de retour dans une autre classe l’an prochain, ce qui les pousse à poursuivre leurs démarches.

LES ÉCOLES OÙ IL COLLECTIONNE LES PLAINTES
  • Saint-Isaac-Jogues. Janvier à juin 2025
  • Saint-Paul-de-la-Croix. Automne 2024
  • La Visitation. Janvier à juin 2023
  • Louis-Collin. Septembre à décembre 2022

Il aurait déjà enfermé des élèves dans une armoire

Des mères d’autres écoles du quartier Ahuntsic n’en reviennent pas que l’enseignant contre qui elles s’étaient plaintes dans le passé puisse encore sévir dans des classes du CSSDM.

«C’est révoltant, s’exclame Geneviève Martin. Pourquoi est-ce que deux ans plus tard, rien n’a été fait pour protéger les enfants?»

À l’école La Visitation, sa fille a eu le même enseignant d’anglais inadéquat de janvier à juin 2023.

Mêmes doléances

Elle avait d'ailleurs rapporté des comportements semblables à la direction, ce qu'a pu constater Le Journal dans des courriels de l'époque.

La même année, Sabrina Guadagnano s’était elle aussi plainte à la direction de La Visitation.

Son fils, qui souffre d’un trouble d’hyperactivité, aurait été enfermé dans une armoire par le professeur avec d’autres élèves en guise de discipline.

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«Je pensais que c’était une joke», se souvient-elle du moment où elle a appris l’incident, en 2023. «Je ne pouvais pas croire que c’est quelque chose qui pouvait arriver de nos jours.»

«T’es nul»

Avant ça, le même enseignant était passé par l’école Louis-Collin, en 2022.

«C’est un enseignant exécrable [...] Ce n’est vraiment pas drôle de voir ton enfant dépérir en quelques semaines», raconte Mélissa Fontaine, qui s’était plainte à la direction de Louis-Collin.

«Il disait “t’es nul’’ ou “tu n’iras nulle part’’ aux élèves», ajoute-t-elle. «J’en étais rendue à demander à ma fille de l’enregistrer.»

Pas plus tard que cet automne, il enseignait à l’école Saint-Paul-de-la-Croix, où la direction a aussi reçu de nombreuses plaintes de parents, selon une source bien au fait du dossier.

Comment expliquer qu’un enseignant adoptant de tels propos et comportements à répétition ait ensuite pu se retrouver à Saint-Isaac-Jogues?

Pour les parents interrogés, ce jeu de «patate chaude» illustre que ce cas est l’échec du système encore plus que celui d’un individu.

Au moment de publier, l'enseignant n'avait pas répondu au courriel du Journal.

De son côté, le CSSDM affirme ne pas pouvoir fournir de détails pour des raisons de confidentialité.

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Revoyez l'entrevue avec la présidente de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire, Kathleen Legault, dans la capsule ci-dessus

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