Carambolage sur l’autoroute 440 : un policier témoigne de l’horreur
Il a sauvé une femme coincée dans le carambolage qui a fait quatre morts en août 2019 sur l’autoroute 440


Valérie Gonthier
Confronté à un chaos inimaginable, un des premiers policiers sur la scène du carambolage monstre de la 440 a raconté vendredi avec émotions ses efforts pour sauver une jeune femme coincée dans son véhicule.
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« La scène était tellement grosse, il y avait du feu partout, même sur les côtés de l’autoroute, il y avait plein de véhicules détruits », a témoigné l’agent Martin Guénette, de la Sûreté du Québec.
Le policier a témoigné vendredi au procès de Jagmeet Grewal, le camionneur accusé de négligence criminelle causant la mort, en lien avec le carambolage monstre dans lequel quatre personnes ont péri le 5 août 2019 à Laval.

Lorsqu’il est arrivé sur les lieux, le policier a été frappé par l’ampleur des dégâts.
« C’est la plus grosse scène que j’ai vue de ma carrière », a-t-il dit, précisant qu’en tant que patrouilleur affecté au poste autoroutier depuis plusieurs années, il avait couvert bien des accidents de la route.

« Chaos total »
Sur place, plein de gens couraient dans tous les sens, se souvient-il.
« C’était un chaos total », a-t-il dit.
Il s’est alors dirigé vers une voiture complètement tordue par la force de l’impact. La conductrice y était coincée. Autour d’elle, des incendies faisaient rage.
« Je n’étais pas capable de la déprendre, il y avait trop de feu, trop de fumée », a-t-il témoigné.

Le policier a donc couru jusqu’à son autopatrouille pour récupérer une hache, puis est revenu et a tenté de libérer la dame.
Aidé d’autres premiers répondants, il a même accroché une corde à la voiture pour la tirer et ainsi l’éloigner le plus possible des flammes et de la dense fumée.
Ce sont finalement les pompiers qui ont réussi à sortir la dame de la voiture, à l’aide de pinces de désincarcération.
« Je me souviens de son regard... », a-t-il lancé, trop ému pour terminer sa phrase.
« Elle a survécu », lui a rappelé la juge Yanick Laramée, qui préside le procès, pour le rassurer.
Jamais arrêté
Sur la scène, le policier a aussi été interpellé par une personne, qui lui a dit : « C’est comme si le camionneur ne s’était jamais arrêté », a-t-il témoigné.
Par ailleurs, l’automobiliste qui suivait l’accusé dans les secondes avant la collision n’a jamais vu ce dernier freiner.
Frédéric St-Yves connaît bien cette portion de l’autoroute 440. Il sait qu’à l’approche de la bretelle pour prendre la 15, il y a souvent du ralentissement. Il a donc ralenti, mais pas le camion devant lui, conduit par M. Grewal.
« La distance entre moi et le semi-remorque s’est agrandie, a-t-il dit. Puis j’ai entendu un impact et j’ai vu des débris d’autos détruites dans les airs », a-t-il raconté, plus tôt cette semaine au palais de justice de Laval.
Pas de lumières de freinage
« Je ne l’ai pas vu utiliser les freins parce que je n’ai pas vu les lumières rouges s’allumer », a-t-il précisé.
Selon la théorie de la Couronne, le camionneur savait qu’il n’était pas apte à conduire. Il contrôlait mal son diabète et négligeait de prendre ses médicaments.
Il avait aussi déjà été déclaré inapte à vie à conduire un camion en raison de ses troubles mentaux. S’il a pu se retrouver derrière le volant d’un semi-remorque, c’est parce que la Société de l’assurance automobile du Québec lui avait remis son permis par erreur, a-t-on appris plus tôt au procès.
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