Carambolage mortel à Laval: le camionneur souffrait de troubles de concentration
Impliqué dans un carambolage, il avait déjà fait l’objet d’un rapport dévastateur

Jonathan Tremblay
Deux ans avant le carambolage qui a fait quatre morts sur l’autoroute 440 en 2019, le camionneur impliqué a fait l’objet d’un rapport psychiatrique dévastateur le qualifiant « d’inapte », même pour un simple travail « modéré », en raison de ses troubles de concentration.
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« J’ai conclu qu’il était inapte à n’importe quel travail, incluant celui de conduire un camion », a témoigné jeudi le Dr Serge Gauthier, au procès de Jagmeet Grewal, qui se déroule au palais de justice de Laval.
L’homme de 56 ans est accusé de négligence criminelle ayant causé la mort de quatre personnes et des lésions.
Le 5 août 2019, le chauffeur de poids lourds circulait sur l’autoroute 440 à 100 km/h. Pour une raison qui demeure inconnue, il n’a jamais réagi à la file de véhicules immobilisés qui se dessinait devant lui, à la hauteur de l’autoroute 15. L’impact allait engendrer le carambolage mortel.
Or, ce n’était pas son premier accident. Il avait été impliqué dans deux autres collisions aux États-Unis, en 2006 et 2012.

Troubles psychiatriques
Après le second, le camionneur avait été déclaré inapte, de façon permanente, à occuper son métier, notamment en raison de troubles psychiatriques.
Ses permis de conduire de classe 1 et 5 lui avaient par le fait même été révoqués.
Puis en janvier 2017, Grewal a rencontré le Dr Gauthier, dans le but de faire renverser une décision d’un tribunal administratif, pour un enjeu d’indemnités.
« J’ai constaté chez lui plusieurs symptômes anxieux, dépressifs, de syndromes post-traumatiques, et des limitations fonctionnelles, a énuméré le psychiatre. Il avait de la difficulté de concentration. »
« Je devais répéter mes questions à plusieurs reprises », a-t-il insisté.
Très limité
Selon l’expert, l’accusé avait tendance à s’isoler, souffrait de douleurs persistantes et de pertes de mémoire. Il était irritable et faisait des cauchemars. Il bénéficiait néanmoins d’un suivi psychologique et prenait de la médication.
« Il était très limité, physiquement et psychologiquement. Il présentait une lenteur psychomotrice », a dit le Dr Gauthier.
Il avait conclu que Grewal était incapable d’effectuer un travail demandant un niveau de concentration « même modéré ».
Pourtant, un an plus tard, Grewal faisait une nouvelle demande et obtenait un permis de classe 1, nécessaire pour conduire des camions, à cause d’une erreur de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Le procès se poursuit vendredi.
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