Pensionnats: la guérison n’est pas terminée pour ceux qui ont marché de Mashteuiatsh à Wendake
Treize marcheurs ont parcouru 260 km entre l’ex-pensionnat de Mashteuiatsh et Wendake

Jean-François Racine
À quelques heures de l’arrivée du pape à Québec, treize marcheurs ont complété mardi les 260 kilomètres séparant l’ancien pensionnat de Mashteuiatsh, le dernier à avoir fermé ses portes au Québec, et la communauté wendate de Wendake, en affirmant que la guérison n’est pas terminée.
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À travers les larmes, la douleur et les accolades, la plupart d’entre eux avaient peine à trouver les mots après cet intense périple entamé le 21 juillet.

Ce matin, les marcheurs de Puamun Meshkenu repartiront pour un dernier 15 kilomètres vers les plaines d’Abraham, où le pape doit faire une apparition.
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« Ce n’est pas terminé. Notre guérison n’est pas terminée. Celle des survivants, la plupart, non plus. Il reste beaucoup de travail à faire et d’actions à poser par nos communautés. Le mouvement est commencé. C’est important les excuses, mais c’est important aussi de respecter le processus de guérison de chaque personne », a expliqué l’une des participantes de la grande marche, Sarah Cleary.

La marcheuse affirme avoir fait le chemin avec beaucoup de colère.
« J’en ai laissé une partie. Je ne veux plus porter ça. Je le dois à mes futurs petits-enfants. On doit pouvoir guérir. On a marché pour les survivants. Pour les générations futures qui portent ces blessures intergénérationnelles. Il faut se relever et il faut être ensemble », a-t-elle conclu.

Un parcours pénible
« Il n’y a pas de mots. Le plus difficile, ça va être de se séparer en dernier », a lancé une autre marcheuse la voix éteinte devant le CHSLD de Wendake, le lieu de rassemblement en soirée.

Parmi le groupe, se trouvent notamment des gens qui ont vécu les horreurs des pensionnats.
Puamun Meshkenu est un organisme fondé par le Dr Stanley Vollant.
Avec cette marche, l’organisation espère mobiliser les Québécois autour des survivants des pensionnats.

« Ça m’a rouvert des plaies »
Cette visite du pape n’est pas une célébration, dit-il, mais un moment de recueillement.

« Moi, ça m’a rouvert des plaies. Ça fait deux semaines que je pleure. Plusieurs ont connu le pensionnat de Pointe-Bleue, malheureusement ma mère aussi. Elle n’a pas eu l’amour qu’elle méritait. Ils étaient 13 à marcher, mais ils étaient des milliers avec eux », a affirmé le chirurgien.
Dans la foulée de la visite du pape François à Québec, le Conseil de la Nation huronne-wendate avait aussi invité la population à une marche de solidarité envers les survivants des pensionnats autochtones et leurs familles, ainsi qu’en mémoire de tous les enfants disparus.

« C’est un événement distinct et on tenait à ce que ça soit dissocié de la venue du pape. Il y a des gens pour qui sa visite est très significative et d’autres non. Nous n’avons pas une communauté qui a été très affectée par le fait de se faire retirer ses jeunes des familles. Il faut respecter le choix des gens », a résumé Rémy Vincent, grand chef de la Nation huronne-wendate.

« La plus grande tache »
« C’est la plus grande tache de notre histoire comme Canadiens. Le gouvernement a offert ses excuses et il manquait le morceau de l’Église catholique », a aussi mentionné Gérard Deltell, député fédéral de Louis-Saint-Laurent.
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