Visite du pape: des excuses incomplètes et insuffisantes
Agence QMI
Les excuses du pape François sur le mal commis par l’Église envers les peuples autochtones au Canada sont incomplètes et insuffisantes, selon certains leaders des Premières Nations.
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Dans son discours, le Saint-Père a parlé «de violence physique, mentale et spirituelle, mais jamais de violence sexuelle», a regretté Michèle Audette, sénatrice et conseillère principale à la réconciliation à l’Université Laval.
Le pape a demandé trois fois pardon, mais, pour Mme Audette, il en manquait un quatrième «autour de faits qui sont malheureusement connus dans les archives à Rome et par ceux et celles encore vivants».
«Jamais on n’a mentionné ces mots extrêmement importants pour ceux et celles qui restent», a-t-elle déclaré en entrevue à TVA Nouvelles, mardi.
Elle estime toutefois que ces excuses, qui «rouvrent toutes sortes de plaies», sont importantes et permettent aux peuples autochtones de guérir.
«[Le pape] est ici dans un territoire où il y a eu beaucoup de souffrances et l’impact [des pensionnats] est encore palpable. Tous ces gens dans l’espace où j’étais, ils écoutaient et surtout filmaient. [...] J’ai trouvé les gens très courageux, très calmes ou résilients.»
La sénatrice a également évoqué le «courage» des survivants qui se rendront à Saint-Anne-de-Beaupré, jeudi, pour écouter le pape «mais surtout pour le rencontrer et voir sa sincérité au niveau du pardon».
«Ces gens-là ont souffert et cette présence-là va certainement les aider», a-t-elle déclaré, ajoutant que «ce moment-là leur appartient».
Un premier pas
De son côté, Konrad Sioui, ancien grand chef de la Nation huronne-wendat de Wendake, estime que les excuses du pape sont le premier pas vers «un vaste chantier nécessaire et obligatoire».
«On a besoin d’entendre ces mots-là, on a besoin de voir qu’aujourd’hui il y a une main qui se tend», a-t-il dit en entrevue à TVA Nouvelles.
«Ce qu’on a apprécié dans son discours c’est que tout était ouvert, les archives étaient ouvertes, qu’il était capable maintenant de nous aider à faire la fameuse enquête pour savoir», a-t-il ajouté.
M. Sioui dit avoir discuté avec d’anciens chefs nationaux, concernant le passage du pape à Edmonton; il assure que «tout le monde est satisfait pour une première» et juge que «le discours était honnête».
Pour l’ancien chef de la Nation huronne-wendat, ses excuses ne sont toutefois pas suffisantes.
«Je souhaite de voir le pape, lorsqu’on va être à Sainte-Anne-de-Beaupré, non seulement réitérer [ses excuses], mais aussi aller plus loin dans son discours», a-t-il indiqué.
Il souhaite notamment savoir «comment l’Église va jouer son rôle comme partenaire, comment l’Église va, non seulement ouvrir ses livres, mais ouvrir son cœur [...] et on ne va pas se le cacher, la question territoriale est aussi au cœur du débat».