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L'article provient de 24 heures

Un ouvrage prônant l'écosabotage: on nous explique comment pratiquer cette forme d'activisme radical

En février dernier, des militants avaient bloqué l'entrée du site Northvolt, à Saint-Basile-le-Grand, au Québec.
En février dernier, des militants avaient bloqué l'entrée du site Northvolt, à Saint-Basile-le-Grand, au Québec. Facebook Rage Climatique
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Photo portrait de Élizabeth Ménard

Élizabeth Ménard

2024-04-09T09:00:00Z
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L’ecosabotage, une forme de désobéissance civile qui a pour but de freiner la destruction de la planète, est nécessaire et essentielle estime l’auteur Anaël Châtaignier (un pseudonyme) qui publie cette semaine ou ouvrage prônant ce type d’activisme et prodiguant des conseils sur la meilleure façon de le pratiquer. 24 heures s’est entretenu avec lui.

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Qu’est-ce que l’écosabotage?

«C'est un type d’action qui arrive comme une manière de continuer à se battre alors que les résistances des forces opposées sont trop dures ou trop immobiles. C’est, avant tout, un geste qui sert à déplacer les lignes et à venir agir au-delà d’une certaine forme de légalité, mais dans le respect profond de la vie humaine, pas dans un geste soi-disant de violence, mais comme une manière de sommer les adversaires de prendre en compte les revendications et de déplacer le débat.»

Quel genre d’actions prônez-vous?

«Par exemple, dans le sud de la France, on a une lutte emblématique contre la construction d’une autoroute, l’A69, et il y a tout un tas de militants qui se mobilisent pour empêcher ce chantier, absurde et démesuré. En suivant la montée progressive de l’obstination politique à s’entêter contre le bien commun, on peut être dans la manifestation, le boycott, la pétition, on peut aller dans des arbres, comme le font certains militants courageux pour empêcher les machines d’avancer. Puis, si des militants précautionneux, attentifs, veulent pratiquer des dégradations sur des machines, ça peut avoir du sens.»

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À votre avis, il est justifié d’aller vers ce genre d’actions ?

«On est, aujourd’hui, en 2024, dans une situation assez catastrophique. Nous nous dirigeons collectivement vers une situation possible d’effondrement, vers des ruptures en cascade, climatiques et écologiques. C’est dans ce contexte que l’écosabotage redevient une question qu’il faut soulever pour faire bouger les lignes. Ce n’est pas un geste isolé, un peu fou, mais au contraire un acte réfléchi qui vient accompagner cette possibilité de déplacer les lignes. On n’en vient pas à l’écosabotage par plaisir ou romantisme, on le fait parce que c’est le dernier recours. Malheureusement, aujourd’hui, nous sommes dans une situation où cette question de l’écosabotage est là pour sauver des vies face à des gens ou des organisations qui les détruisent et nous condamnent à une situation morbide, collectivement.»

Vous insistez beaucoup sur la non-violence dans votre ouvrage. Mais l’écosabotage n’est-il pas une forme de terrorisme?

«Je pense qu’arriver sur un territoire, polluer toutes les rivières, détruire des cours d’eau, raser des forêts en l’espace de quelques heures, empêcher les gens qui vivent sur place de pratiquer la subsistance, d’avoir un potager, d’avoir accès à l’eau: ça c’est terroriste. Et organiser ça collectivement en empêchant toute possibilité de sortir de cette impasse collective, ça c’est un acte terroriste. Terrorisme, c’est une formulation qui ne correspond, ni à la réalité, ni à la façon que j’ai de pratiquer et d’envisager la question de la lutte pour notre survie collective. Il y a une instrumentalisation évidente de ces questions et, moi, je tiens à rappeler que je suis du côté de la vie et de la paix.»


√ NDLR: Les propos ont été édités à des fins de concision. 

√ Écosabotage: de la théorie à l’action est publié aujourd’hui chez Écosociété.

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