Un moment déterminant


François-David Rouleau
Après avoir raflé toutes les épreuves en poursuite à la Coupe du monde l’an dernier et dans l’espoir de démystifier sa coéquipière Isabelle Weidemann, Valérie Maltais a tenté un grand coup.
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Les relations humaines sont parfois complexes. Pour également souder l’esprit d’équipe et améliorer la communication, elle l’a donc invitée à une rencontre au sommet.
«Elle m’a invitée à dîner. Elle m’a posé des questions très difficiles et très directes, a raconté Isabelle avec calme et émotion, ses trois médailles accrochées autour du cou. Sans menace et manipulation, elle voulait simplement avoir une conversation. J’ai réalisé qu’elle voulait surtout me supporter et apprendre à mieux me connaître.»
Quelles étaient ces questions? On ne le saura pas tout à fait. On peut toutefois apprendre que Valérie cherchait à comprendre ses sentiments, sa pensée et ses émotions. Weidemann ne laissait rien transpirer.
Isabelle en est sortie grandie. Valérie, quant à elle, a obtenu ses réponses afin que l’équipe débarque aux Jeux de Pékin sans regret.
Explications
«Je lui ai fait comprendre que j’étais là pour l’aider. Parfois, avec l’ego, certaines choses sont mal perçues quand on veut s’améliorer. Le côté humain est très important. Je voulais aussi être bien et en confiance», a expliqué la rassembleuse de 31 ans.
«J’ai mon bagage d’expériences. J’ai vécu des moments difficiles quand on m’a laissée de côté pour l’épreuve en équipe en 2010. À cette époque, je ne communiquais pas. J’ai appris à le faire par la suite. Je voulais partager ça avec elle. Il fallait qu’on parvienne à y arriver ensemble.»
«Je voulais aussi qu’Izzy me dise ce qu’elle attendait de moi. J’étais prête à prendre la critique, car on travaillait dans un but commun. Si elle avait juste parlé business sans s’ouvrir, ç’aurait été correct, tant que le côté humain était respecté.»
«Cette rencontre fut un élément déclencheur», confirme Isabelle.
Elle a coopéré. Elle s’est ouverte et s’est mise à partager ses émotions. Entre autres, car elle ne pouvait plus tout faire seule. Parmi l’élite mondiale, elle souhaitait s’améliorer. Cet objectif passait par la confiance envers son entourage, dont ses coéquipières, avec qui elle devait foncer tête baissée vers la victoire.
Tâche impossible
«J’ai mis du temps à m’exprimer et à partager les choses difficiles, mais j’ai appris à faire confiance. C’est la plus importante courbe d’apprentissage de ces quatre années. Valérie et Ivanie comptent beaucoup pour moi», a assuré la triple médaillée olympique.
Elle n’aurait jamais pu remporter ces breloques sans apporter ces changements personnels, croit-elle. Et elle ne voulait surtout pas revivre les erreurs du passé, alors qu’elle s’était écrasée trop souvent en février.
«Faire confiance à mes coéquipières aura définitivement été la meilleure chose. C’était une grande étape dans ma vie. J’ai appris à partager. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas pu célébrer ça.»
Cette médaille d’or gardera Ivanie, Isabelle et Valérie unies pour la vie.