Les fougères : des plantes saisissantes pour l'ombre dense et les lieux humides


Albert Mondor
En plus d’apporter une touche d’exotisme aux jardins, le feuillage finement découpé des fougères leur confère beaucoup d’élégance et de légèreté.
Rarement utilisées comme points focaux dans les aménagements paysagers, les fougères sont néanmoins particulièrement efficaces pour créer des liens entre les diverses parties d’un jardin et pour mettre en valeur la floraison ou le feuillage de certains végétaux vedettes.
Les associations les plus saisissantes sont assurément celles qui impliquent des fougères et des plantes au feuillage géant. Ainsi, la matteuccie fougère-à-l’autruche et l’athyrie fausse-thélyptère n’ont pas d’égales pour mettre en valeur certaines vivaces à grandes feuilles telles que l’astilboïde, le darmera ou la rodgersie. Ce type d’association végétale crée une atmosphère particulièrement exotique qui plonge automatiquement l’observateur en pleine époque jurassique!

Certaines fougères créent un effet absolument saisissant lorsqu’elles sont plantées en compagnie d'hostas au feuillage bleuté. L’une des associations les plus remarquables est sans contredit celle dans laquelle la fougère peinte du Japon, aux jolies frondes argentées, figure aux côtés de cultivars d'hostas aux feuilles bleutées tels que ‘Blue Angel’, ‘Halcyon’ ou ‘Love Pat’. Les heuchères et les heuchèrelles se combinent aussi très bien aux fougères. Par exemple, l’heuchère ‘Ring of Fire’ et l’heuchèrelle ‘Kimono’ forment de beaux mariages avec les divers cultivars de dryoptère fougère-mâle.

Ombre dense
Sous les épinettes et les érables matures, l’ombre est généralement très dense et peu hospitalière. Peu de plantes peuvent pousser dans de telles conditions, car, en plus de bloquer les rayons du soleil et une grande partie de la lumière ambiante, le feuillage épais de ces arbres provoque la sécheresse en empêchant la pluie de se rendre au sol. De plus, l’imposant système de racines des arbres entre en compétition féroce avec les petites radicelles des plantes vivaces pour s’approprier les rares éléments nutritifs et le peu d’eau contenue dans le sol.
La dryoptère à sores marginaux et le polystic faux-acrostic figurent parmi les rares fougères à pouvoir survivre dans de telles conditions. On peut les planter en compagnie de l’asaret gingembre du Canada, du géranium à fleurs noires et du sceau-de-Salomon odorant, trois plantes qui tolèrent bien l’ombre dense et la sécheresse passagère.

Lieux humides
Les frondes finement découpées de certaines fougères contrastent magnifiquement avec le feuillage effilé des iris des milieux humides, comme l’iris des marais, l’iris versicolore et les divers cultivars d’iris de Sibérie. Les fleurs violettes et les feuilles vertes teintées de violet de l’iris versicolore ‘Gerald Darby’ forment une scène empreinte d’une grande noblesse lorsqu’elles sont disposées devant l’osmonde cannelle ou l’osmonde royale. Ce mariage peut être réalisé dans une fosse de biorétention des eaux de pluie ou dans une simple platebande au sol riche et humide, au plein soleil comme à l’ombre légère.
Près d’un étang artificiel, on peut aussi marier l’onoclée sensible à des primevères candélabres, telles que la primevère japonaise et la primevère de Bulley. Soyez toutefois vigilant, puisque l’onoclée sensible a la réputation d’être un brin envahissante, bien qu’il s’agisse d’une plante indigène du Canada.


Rocailles
Certaines fougères, telles que la woodsie de l’île d’Elbe et le polypode de Virginie aiment le contact de la pierre. En fait, ces fougères poussent sans difficulté dans les anfractuosités et les fissures des rochers, là où une petite quantité de matière organique s’est déposée. La woodsie aime les rocailles situées au soleil tandis que le polypode a une nette préférence pour l’ombre.
