Trump met fin aux négociations commerciales: «Ce ne sera pas facile pour le Canada»
TVA Nouvelles
Le Canada pourrait être contraint de faire des concessions afin de calmer les tensions commerciales ravivées vendredi par Donald Trump, qui a annoncé mettre fin aux négociations avec son voisin au nord.
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En entrevue à LCN, la professeure à l’école d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, estime que cette annonce du président américain, 20 jours avant la date butoir prévue lors du G7, constitue une stratégie afin d’obtenir un meilleur accord commercial.
«On connaît monsieur Trump et on connaît ses déclarations, dit-elle. On dit une chose de son contraire assez rapidement. J'ai l'impression que c'est une question de tactique de négociation. Ce n'est pas la première fois qu'il monte, qu'il tape du poing sur la table puis qu'il dit "ok ça suffit, je n'ai pas ce que je veux".»
«Maintenant à force de toujours faire ces déclarations-là, on peut se demander si ça va être efficace, ajoute-t-elle. On voit que les négociations sont tendues. Monsieur Trump a très certainement une idée derrière la tête.»
La tâche ne sera pas pour autant facile pour le premier ministre Mark Carney, qui avait pourtant paru en contrôle depuis sa victoire à l’élection fédérale d’avril.
Le chef libéral a d’ailleurs fait preuve de prudence vendredi en se contentant de répondre que son gouvernement allait «continuer de participer aux négociations complexes avec les États-Unis».
«C'est sans doute la chose à faire, avance Mme Tellier. Est-ce qu'on aurait dû nous aussi frapper la table du poing? La question se pose. Ce ne sera pas facile pour le Canada. Est-ce que là, on doit effectivement donner un peu de choses qui ne font pas nécessairement notre affaire?»
La protection de la gestion de l’offre vient d’ailleurs tout juste d’être ajoutée à la loi fédérale, rendant ce sujet intouchable lors des pourparlers du côté canadien.
«Ça enlève aussi une pièce dans la négociation, fait remarquer l’analyste politique. Est-ce qu'on veut toujours être un petit peu plus fort et ferme sur nos positions?»
C’est notamment pourquoi elle se dit surprise du niveau de prudence de M. Carney.
«Jusqu'à présent, chaque fois qu'il y avait des déclarations fracassantes de monsieur Trump, on le voit essayer de se cogner, aller sur la place publique puis dire "non non non, on va défendre les intérêts des Canadiens puis on maintient le cap"», explique-t-elle.
«Cette fois-ci, oui, on est plus prudent, continue-t-elle. Peut-être justement parce qu'on est en négociation. Puis rappelez-vous, lors du G7, on avait conclu entre le Canada et les États-Unis qu'on se donnait 30 jours pour négocier.»
Chose certaine, le premier ministre canadien dispose d’une cote de popularité impressionnante, ce qui lui donne plus de flexibilité dans les négociations.
Il se hisse d’ailleurs en tête du classement des politiciens «chouchous» des Québécois réalisé par le Journal.
«J'ai l'impression que monsieur Carney aussi étudie un peu le sentiment des Canadiens et pour l'instant, ça l'aide, affirme Mme Tellier. Je n'ai pas l'impression que les Canadiens veulent un changement tactique. Ils sont à mon avis exaspérés par la situation, par les déclarations de monsieur Trump.»
«Il y a quand même un appui de la population derrière monsieur Carney, peu importe ce qu'il va décider de faire, et donc il n'est peut-être pas obligé de céder tout de suite, renchérit-elle. Maintenant combien de temps ça va durer cet appui-là, c'est ça qui est moins clair.»
Voyez l’analyse complète dans la vidéo ci-dessus.