Les tensions reprennent entre Trump et le Canada

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Après quelques semaines d’accalmie, Donald Trump reprend le Canada en grippe en mettant abruptement fin aux négociations commerciales entre les deux pays. Doit-on s’en surprendre?
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Cela aura donc pris 10 jours à Trump pour remettre en question le délai de 30 jours que le premier ministre Carney a annoncé afin d’en arriver à une entente, durant le G7 de Kananaskis.
La raison donnée par Donald Trump n’est pas une énorme surprise.
Provocation
Le Canada doit commencer à percevoir une taxe sur les géants du numérique de 3% dans les prochains jours.
«En raison de cette taxe scandaleuse, nous mettons fin à TOUTES les discussions commerciales avec le Canada, avec effet immédiat», a écrit le président sur sa plateforme, Truth Social.
«Nous indiquerons au Canada dans les sept jours les droits de douane qu’ils devront payer pour faire des affaires avec les États-Unis d’Amérique», a-t-il ajouté.

Trump et ses amis de circonstances milliardaires, propriétaires d’Amazon, Google, Apple, Meta (Facebook) ou encore Microsoft, ragent sur cette taxe depuis des mois, sinon des années.
La taxe vise les géants du web uniquement, c’est-à-dire ceux qui génèrent un chiffre d’affaires mondial annuel de plus de 1,1 G$ et qui gagnent des revenus au Canada d’au moins 20 M$ par année.
Des membres de la communauté d’affaires des États-Unis, mais aussi du Canada, ont averti que la taxe sur les services numériques qui visent aussi des compagnies comme Uber et Airbnb n’allait que compliquer les négociations avec Washington.
Mais le gouvernement Carney ne semble avoir aucune intention de plier.
Le ministre des Finances François-Philippe Champagne défendait la mesure pas plus tard que la semaine dernière.
Le Parlement a aussi adopté très récemment, à l’initiative du Bloc Québécois, une loi protégeant la gestion de l’offre sur le lait, les œufs et la volaille, une partie intégrante de notre système agricole.
Une autre initiative que la Maison-Blanche percevra comme une provocation.
Volatile
L’annonce de Washington doit-elle être perçue comme un recul dans la relation entre Mark Carney et Donald Trump, qui avaient des communications privées directes sur la question des tarifs?
Le bureau du premier ministre Carney a accouché d’une déclaration laconique en réponse à la rebuffade de Trump.
«Le gouvernement canadien continuera à s’engager dans ces négociations complexes avec les États-Unis dans le meilleur intérêt de nos travailleurs et de nos entreprises», a-t-on affirmé.
Dans tous les cas de figure, la nouvelle tirade du président à l’endroit du Canada reflète le caractère volatile des négociations avec Donald Trump.
Bien loin semble l’époque où Mark Carney espérait conclure une entente durant le G7, qui a pris fin... la semaine dernière.