3e lien: des projections tenaient compte du télétravail dès avril 2022


Marc-André Gagnon
Le Bureau de projet du troisième lien disposait, dès le printemps 2022, de simulations de déplacements interrives tenant compte des effets de la pandémie et du télétravail, qui prévoyaient malgré tout une détérioration du temps d’attente sur le pont Pierre-Laporte.
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C’est du moins ce que permet de croire un document sur le tunnel Québec-Lévis daté du 14 avril 2022, rendu public par le ministre des Transports de l’époque, François Bonnardel, lors de sa mise à jour annuelle sur le troisième lien.
Dans le document résumant les «constats à l’origine du projet», on lisait qu’en «tenant compte des effets de la pandémie et du télétravail sur les habitudes de déplacements, les simulations de déplacements interrives démontrent une détérioration marquée des temps d’attente moyens dans la région de Québec au cours des prochaines années».
Il était ensuite précisé qu’en «2040, le temps d’attente sur le pont Pierre-Laporte sera de 28,2 minutes», une donnée comparable au temps d’attente prévu sur le pont Champlain, dans la région de Montréal, pourtant «plus populeuse».
Données actualisées
Pendant toute la dernière campagne électorale, le premier ministre François Legault a répété que les études de circulation devaient être actualisées en fonction de l’impact du télétravail.
Des résultats préliminaires obtenus en janvier dernier avaient toutefois été jugés incomplets par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui avait renvoyé ses experts au travail.
Selon ce que notre Bureau parlementaire a appris, de source sûre, Mme Guilbault annoncera aujourd’hui que ces données ne justifient pas un tunnel routier, puisque les temps de déplacements analysés entre Québec et Lévis ont tous diminué.
Ils demeurent inférieurs à ceux observés avant la pandémie, même aux heures de pointe.
Pourtant, selon nos sources, il y a encore quelques semaines, lorsque les fonctionnaires du MTQ ont rencontré les villes de Québec et de Lévis, l’impact du télétravail ne remettait pas en question la pertinence d’un tunnel autoroutier pour répondre aux besoins des prochaines décennies.
Vers un retour à la normale?
À moyen ou à long terme, pourrait-on assister à un retour à des périodes de congestion routière, après l’accalmie observée depuis la pandémie? C’est une des questions auxquelles la ministre Guilbault devra répondre aujourd’hui.
Les plus récentes données publiques indiquent qu’en 2022, le débit journalier moyen annuel (DJMA) – principal indicateur de référence – sur le pont Pierre-Laporte était de 107 000 véhicules (comme en 1996), alors qu’il se situait à 126 000 en 2019, et à 127 000 de 2016 à 2017.
Au printemps 2022, le Bureau de projet du troisième lien estimait qu’en 2036, 143 000 véhicules traverseraient le pont Pierre-Laporte. «Le statu quo n’est pas une option», insistait le gouvernement, en soulignant que la plupart des villes similaires à Québec ont plus de trois liens interrives.
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