Traversiers: de l’impatience entre Québec et Lévis

Après l’abandon du volet autoroutier du troisième lien, l’impatience se fait sentir chez les usagers de la traverse Québec-Lévis qui souhaitent une alternative crédible à la voiture pour franchir le fleuve Saint-Laurent.

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Devant un nouveau projet strictement dédié au transport en commun, certains usagers du traversier ne peuvent décrier un lien qui serait plus fiable. Au contraire.

Encore hier, et jusqu’à la mi-juin, le service Québec-Lévis n’est assuré que par un seul navire au lieu de deux. La situation perdure depuis un incident survenu en février à L’Isle-aux-Coudres.

« Prendre l’autobus d’un centre-ville à l’autre, ça prend plus d’une heure, alors ce n’est pas envisageable. On est plusieurs à compter sur le traversier, mais il faut admettre que le service est loin d’être optimal », affirme Jean-François Gosselin, un client quotidien de la Société des traversiers du Québec (STQ).

Depuis 15 ans, il monte à bord des bateaux de la traverse pour se rendre au travail, à Lévis, plutôt que de s’y rendre en voiture. Au fil du temps, il n’a pas l’impression que le transport en commun entre les deux rives a été pris au sérieux.

« Le troisième lien, ce n’est pas demain qu’on va le voir, poursuit Jean-Michel Turcotte, un usager fréquent de la traverse. En attendant, il va falloir faire quelque chose pour la population qui fait l’effort de ne pas prendre sa voiture pour le bien de la planète. »

Des rénovations

Difficile de dire si la fiabilité du service est en cause, mais de nombreux usagers rencontrés ne sont pas des clients réguliers. « On le prend deux fois par année », a mentionné une conductrice qui n’a pas voulu s’identifier. En pleine heure de pointe hier, le navire n’était pas bondé.

À quelques reprises au cours des dernières années, notamment pour des travaux, les véhicules ne pouvaient monter à bord et la traverse était réservée aux piétons et aux cyclistes.

« On l’utilise pour le fun, juste pour essayer », a lancé Philippe Michaud, un motocycliste.

« Le gouvernement veut investir des milliards dans le troisième lien, mais elle existe déjà, l’infrastructure pour le transport en commun. Ils ont mis de l’argent pour rénover les gares fluviales dans les dernières années et ça coûterait pas mal moins cher d’acheter de nouveaux bateaux », fait valoir M. Gosselin.

Il aimerait que la région de Québec prenne exemple, « à plus petite échelle », sur les grandes villes maritimes du monde. À ses yeux, le fleuve devrait être considéré comme « une richesse » plutôt qu’un problème qui doit être surmonté.

Insatisfaction

Selon les données les plus récentes de la Société des traversiers, la satisfaction des usagers de la traverse Québec-Lévis a connu une baisse de 10 % depuis la réaffectation du NM Alphonse-Desjardins à la traverse de L’Isle-aux-Coudres, le 17 février dernier.

D’après le porte-parole de la STQ, Bruno Verreault, le taux de satisfaction « varie beaucoup ces dernières années » à la traverse Québec-Lévis en raison de plusieurs facteurs liés à la pandémie et aux modifications de service.

Pour Mireille Petit, de Lévis, les derniers mois ont été « la goutte qui a fait déborder le vase ». Alors que les services offerts sont réduits de moitié, les tarifs de la traverse ont augmenté de 3 %. Elle n’emprunte plus le traversier chaque semaine, comme elle en avait l’habitude depuis six ans.

« Ce n’est pas le montant qui me dérange, c’est le principe. Ils auraient pu se garder une petite gêne cette année avec les problèmes qu’on connaît à la grandeur du Québec. »

— Avec Jean-François Racine

Nouveau projet de 3e lien 

DES USAGERS DU TRAVERSIER SE PRONONCENT

« C’est un bon projet. Si c’est du transport en commun, c’est intéressant »

– Philippe Michaud, motocycliste

« Disons que le service est ordinaire en ce moment. Et le transport en commun n’est pas plus vite qu’en vélo »

– Réjean Rioux, cycliste

« Ça fait beaucoup plus de sens que ça ne soit que du transport en commun »

– Yannick Marsan, automobiliste

« Le lien cyclable par le pont de Québec n’est vraiment pas facile »

– Sandrine Delisle, cycliste