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3 femmes qui se sont sorties de l’itinérance témoignent: «Tout le monde a le droit d’avoir un toit»

Sonia et Cassandra au rassemblement pour sauver le Répit Basse-Ville.
Sonia et Cassandra au rassemblement pour sauver le Répit Basse-Ville. Léa Martin
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Photo portrait de Léa  Martin

Léa Martin

2024-04-19T18:39:45Z
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Elles se sont toutes les trois sorties de la rue, mais elles savent que la rue n’est jamais loin. Alors qu’un refuge pour personnes en situation d’itinérance menace de fermer à Québec faute de financement, Sonia, Cassandra et Marie-Soleil racontent leur histoire.

Pour Sonia, le Répit Basse-Ville, c’est plus qu’un organisme. C’est sa famille. Plus tôt cette semaine, les deux ressources d’hébergement du quartier Saint-Roch ont annoncé qu’elles devaient fermer leurs portes de manière temporaire.

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«Le répit de nuit, situé dans l’ancien bureau d’arrondissement de La Cité-Limoilou, pourrait être fermé quelques mois, tandis que le répit de jour, aménagé au sous-sol de l’église Saint-Roch, prévoit de rouvrir ses portes à la fin mai», nous apprenait Radio-Canada cette semaine.

L’annonce de la fermeture a créé une onde de choc, affirme Sonia, qui s’implique au refuge avec sa fille, Cassandra. Toutes deux ont connu l’itinérance. Dimanche, alors qu’elle travaillait au refuge, des bénéficiaires pensaient au suicide, assure la femme de 49 ans.

Sonia et sa fille Cassandra.
Sonia et sa fille Cassandra. Léa Martin

«Je l’ai fait la fermeture dimanche et y en a qui pensaient au suicide, dit Sonia, 49 ans, encore ébranlée. Le monde pleurait, criait de colère».

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Au rassemblement, il y avait plusieurs acteurs communautaires de la Ville de Québec, mais peu d’usagers du Répit Basse-Ville. «Ils ne sont pas venus aujourd’hui, dit Sonia. Ça me fait de la peine, mais je les comprends. Ils vivent la même chose à chaque année. Eux autres, ils n’ont pas l’espoir que ça va changer.

Des messages d'espoir laissés au rassemblement pour le Répit Basse-Ville.
Des messages d'espoir laissés au rassemblement pour le Répit Basse-Ville. Léa Martin

Sonia a réussi à se sortir de la rue. Elle vient de se trouver un logement pour elle et sa plus jeune fille de 16 ans.

«Tsé, c’est quatre murs, c’est du béton», raconte celle qui doit se contenter d’un logement dans lequel elle ne se sent pas bien. Elle ne peut rien s’offrir d’autre dans un contexte de crise du logement. «Tu pends celui qui passe, tu n’as pas vraiment le choix.»

Cassandra, 30 ans, a changé de logement quatre fois ces cinq dernières années. Le plus difficile pour elle, c’est de ne jamais pouvoir vraiment s’installer chez elle. Elle vit avec son amoureux qui a de gros problèmes de santé aux reins.

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Les nombreux déménagements compliquent encore plus l’accès au soin de son partenaire de vie qui doit vivre le moins de stress possible, indique-t-elle.

Selon la coordonnatrice du Regroupement pour l'Aide aux Itinérants et Itinérantes de Québec (RAIIQ), environ le tiers des employés ont dû être mis à pied pendant cette période de fermeture.

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Un rassemblement s’est tenu jeudi pour sauver le Répit Basse-Ville de la fermeture.

S’impliquer pour faire changer les choses

Marie-Soleil Fillion s’est retrouvée à la rue à deux reprises. La première fois, en 2019, puis lorsqu’elle transitionnait pour devenir une femme.

Marie-Soleil Fillion au rassemblement pour sauver le Répit Basse-Ville.
Marie-Soleil Fillion au rassemblement pour sauver le Répit Basse-Ville. Léa Martin

Aujourd’hui, elle a un toit. Mais avec la crise du logement et les loyers qui sont toujours de plus en plus chers, elle sait qu’un retour à la rue n’est pas impossible.

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«Je paye plus de 60% de mon revenu dans mon logement, pis je crève de faim», explique-t-elle à 24 heures.

Aujourd'hui elle souhaite faire de la politique pour faire avancer la cause des personnes trans et non-binaires, mais aussi pour faire en sorte qu’il y ait plus de diversité au sein de la classe politique.

Elle s'était déjà présentée comme candidate indépendante dans Taschereau en 2022. 

Gracieuseté de Marie-Soleil Fillion
Gracieuseté de Marie-Soleil Fillion

Selon elle, il est primordial que tous les groupes de la société soient représentés à l’Assemblée nationale, y compris les personnes trans et les personnes qui ont vécu l’itinérance, comme elle.

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