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L'article provient de 24 heures

Indignation à Hochelaga contre un nouvel édifice réservé en partie à Airbnb

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Photo portrait de Axel  Tardieu

Axel Tardieu

2024-03-06T19:48:20Z
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Une cinquantaine de Montréalais ont bloqué la circulation au croisement de la rue Ontario et de Chambly, mercredi midi, pour faire entendre leur mécontentement face aux autorités qui tolèrent un édifice réservé en partie aux locations de type Airbnb.

«La résistance est en train de s’affirmer» dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, lance Annie Lapalme, organisatrice communautaire à Entraide Logement, à l’initiative du rassemblement de ce mercredi. «Il y a une grande indignation», ajoute-t-elle.

Des militants ont brandi leurs banderoles face à l’édifice déjà vandalisé à fin du mois de février. «Fuck Airbnb» ou «Oser lutter», peut-on toujours y lire.

• À lire aussi: Impossible de trouver un logement à cause de leur mauvais crédit

Sur les 26 logements prévus dans ce nouvel immeuble au moins trois sont affichés sur Airbnb. Les propriétaires détournent la loi pour les louer en toute légalité, selon les opposants au projet.

Photos d'un des logements de Propriétés Strawberry sur la rue Ontario.
Photos d'un des logements de Propriétés Strawberry sur la rue Ontario. Capture d'écran du site Airbnb

«Alors qu’on est en pleine crise du logement et de l’itinérance, on voit un immeuble neuf qui va faire du Airbnb. Ces logements sont retirés du parc locatif pour loger des touristes et font augmenter les loyers. C’est très fâchant», avoue Annie Lapalme.

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Les loyers y ont plus que doublé dans le quartier en dix ans, selon l’organisme Entraide Logement Hochelaga-Maisonneuve.

«Je suis ici pour exprimer ma colère envers ce phénomène Airbnb qui grandit», indique Yaya Baumann, un manifestant. «C’est super difficile de trouver des logements.»

Yaya Baumann devant l'immeuble.
Yaya Baumann devant l'immeuble. Photo Axel Tardieu

525$ la nuit

Sur la plateforme de location Airbnb, les internautes peuvent d'ores et déjà réserver des logements de l’immeuble. Les tarifs pour une nuit peuvent atteindre 525$ en juillet, par exemple.

Pourtant, depuis juillet 2023, un règlement établit que tout hébergement touristique est interdit dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

• À lire aussi: Des locataires se font demander de l’argent pour visiter un logement: légal ou pas?

«Vous avez seulement le droit d’exploiter un logement pour faire de l’hébergement touristique de courte durée si ce logement est votre résidence principale», lit-on sur le site de la Ville.

Marie-Denise Duroseau, du groupe de défense collective de droits BAILS, est venue manifester contre ce phénomène. «On reçoit tous les jours des appels de gens démunis, en pleurs, qu’on ne peut pas aider parce qu’il n’y a pas assez de logements», dit-elle.

La foule devant l'immeuble.
La foule devant l'immeuble. Photo Axel Tardieu

Déclaration sur l’honneur

Officiellement, les trois logements de l’immeuble rue Ontario ont reçu l’autorisation de la municipalité et de la Corporation de l'industrie touristique du Québec (CITQ), car les propriétaires ont déclaré qu’il s’agissait bien de leur résidence principale.

«Ces propriétaires mentent, selon Annie Lapalme. L’arrondissement n’a pas les moyens de vérifier et renvoie la balle à Revenu Québec qui sanctionne très peu.»

Une manifestante devant la porte d'entrée.
Une manifestante devant la porte d'entrée. Photo Axel Tardieu

Un règlement à appliquer

«Les autorités ne prennent pas leurs responsabilités. Le maire [de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve] Pierre Lessard-Blais se targue d’avoir fait un bon règlement, mais concrètement, il ne fait rien», estime Yaya Baumann.

«C'est à Revenu Québec de faire respecter la loi», rappelle au 24 heures le maire Pierre Lessard-Blais. «Nous n'avons pas les outils légaux pour vérifier s'il s'agit d'une résidence principale ou non. Revenu Québec doit vite embaucher des inspecteurs pour vérifier ces dossiers. Ce sera payant pour le gouvernement. Les amendes pour les propriétaires commencent à 5000$». 

En 2023, l'arrondissement a déposé une douzaine de plaintes à Revenu Québec concernant des logements Airbnb sur son territoire.

De son côté, l'opposition appelle l'administration à se doter rapidement d'une équipe dédiée au respect des règlements sur l'hébergement de courte durée. «[Le maire Lessard-Blais] rejette la responsabilité sur Revenu Québec. En se déresponsabilisant, ce sont les citoyens qui en payent le prix, en pleine crise du logement».

La société d'investissement immobilier derrière l'immeuble en question, Propriétés Strawberry, n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevues.

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