Tout ce qu’on ignore sur le 3e lien
Retour à la planche à dessin pour le tunnel Québec-Lévis dédié entièrement au transport collectif


Taïeb Moalla
Si on excepte le fait qu’il sera réservé au transport en commun, on sait bien peu de choses sur la nouvelle mouture du projet de tunnel qui doit relier Québec à Lévis.
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LE FLOU PERSISTE : QUEL TYPE DE TRANSPORT ET COMBIEN ?

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, a évoqué l’image d’un « napkin » pour parler de la nouvelle « vision » peu étayée du troisième lien.
Le brouillard semble en effet assez épais. On ne connaît pas le tracé du futur tunnel.
Le gouvernement du Québec est muet quant à ses coûts et on ne sait toujours pas quel type de transport y sera offert même si le maire de Québec, Bruno Marchand, aimerait bien qu’un tramway y circule.
S’il peut sembler logique que le troisième lien se connecte au futur tramway de Québec, les endroits où le tunnel sortirait ne sont pas connus, que ce soit sur la Rive-Nord ou la Rive-Sud.
« Je n’ai plus aucun temps à perdre avec le projet déposé ce matin [jeudi]. Je vais travailler sur des projets de ma Ville qui ont des chances d’avancer », a tonné M. Lehouillier, jeudi, en disant s’être senti trahi.
L’ÉVOLUTION DES COÛTS
Dans son point de presse de jeudi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a expliqué que le gouvernement a dû abandonner le projet « bitube » avec un volet routier, car il aurait coûté jusqu’à 10 G$.
Pourtant, ce même projet était évalué à 6,5 G$ en avril 2022.
Un an plus tôt, au printemps 2021, on parlait d’un tube avec un diamètre de 19,4 mètres qui serait construit grâce à un des plus gros tunneliers au monde afin d’accueillir six voies superposées sur deux niveaux.
Son coût devait être compris entre 6 et 10 G$.
Si on recule de quelques années, à l’été 2018, juste avant l’élection qui a vu les caquistes prendre le pouvoir, les libéraux avaient dit étudier cinq corridors différents pour faire passer le troisième lien.
Aucun coût de construction n’avait été avancé.
En 2016, le professeur Bruno Massicotte évoquait un coût de 4 G$ pour un tunnel à l’est.
UNE CITATION QUI A MAL VIEILLI

« Ils sont dans la continuité de ce qu’ils font depuis le début, c’est-à-dire essayer de retarder le projet autant que faire se peut [...] Tout le monde sait que le corridor naturel, c’est la pointe de l’île. »
– Éric Caire, député caquiste, le 14 août 2018, en réaction au projet présenté par les libéraux
QUEL TRACÉ ?

Le tracé pour la construction du futur troisième lien, qui sera entièrement consacré au transport collectif, n’a pas été dévoilé.
Les études laissent entendre qu’il pourrait s’étendre du quartier Saint-Roch aux Galeries Chagnon, à Lévis, sur environ 6 km.
Au fil des années, le tracé du troisième lien a régulièrement changé. Pendant longtemps, on parlait d’un tracé à l’est.
C’est d’ailleurs l’objet de l’étude du professeur Bruno Massicotte en 2016.
En 2018, les libéraux avaient identifié cinq corridors possibles (quatre à l’est et un à l’ouest).
En 2018 et 2019, le nouveau gouvernement de la CAQ évoquait plutôt un tunnel sous-fluvial de 6,5 kilomètres entre Beauport, dans l’est de Québec, et la route Lallemand, à Lévis.
On avait également relié le projet de troisième lien avec celui de la reconstruction du pont de l’Île-d’Orléans.
Un an plus tard, début 2020 juste avant la pandémie, il était plutôt question d’un tunnel reliant le centre-ville de Québec au centre-ville de Lévis.
ON NE PARLE PLUS D’ÉCHÉANCIER
Aucun échéancier n’a été fourni jeudi par la ministre des Transports pour la réalisation de la nouvelle mouture du tunnel.
Au fil des ans, plusieurs années ont été ciblées pour une mise en service du troisième lien.
On a ainsi longtemps parlé de 2030, puis de 2032.
Désormais, on ne s’avance plus du tout.
LES RELATIONS ENTRE QUÉBEC ET LÉVIS
Officiellement, rien ne change dans les relations entre Québec et Lévis.
Gilles Lehouillier a assuré jeudi qu’il n’en voulait pas à son homologue Bruno Marchand pour sa tiédeur sur le projet « bitube » abandonné.
Le maire de Lévis a candidement avoué que son opinion ainsi que celle de M. Marchand n’ont pas dû peser bien lourd dans la balance lorsque le gouvernement a pris sa décision.
« Au fond, le gouvernement a pris sa décision indépendamment des maires. J’en suis la preuve », a-t-il lancé mi-figue mi-raisin.
M. Lehouillier a par ailleurs assuré que la Zone économique métropolitaine Québec-Lévis, créée le mois dernier, ne souffrira pas de cette situation.
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