Labeaume est convaincu que le 3e lien réservé au transport collectif ne verra jamais le jour

Jean-Luc Lavallée
L’ex-maire de Québec, Régis Labeaume, est persuadé que le gouvernement Legault enterrera aussi le troisième lien réservé au transport collectif, comme il vient de le faire avec le tunnel destiné aux automobilistes.
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«Le tunnel pour le transport collectif, ça ne se fera jamais. C’est impossible. Un tube sur deux, ça coûte 5 G$ aujourd’hui, pour 8,3 kilomètres, avec tous les risques que ça comporte d’aller creuser un tunnel sous le fleuve... Jamais le fédéral ne va payer pour un projet fou de même, oubliez ça», lâche-t-il en entrevue.
Celui qui a dirigé la capitale pendant près de 14 ans jusqu’en 2021, et qui se qualifie aujourd’hui de «gérant d’estrade» et d’«observateur» en plus de collaborer avec divers médias, n’a jamais vraiment été au diapason avec le gouvernement Legault sur le tunnel Québec-Lévis durant son règne.
En février 2018, il lâchait une petite bombe en affirmant qu’un tel ouvrage sous-fluvial pourrait coûter jusqu’à 10 G$.
Très sceptique, il lançait alors une mise en garde à François Legault, qui n’était pas encore au pouvoir, l’invitant à être «réaliste» pour ne pas décevoir les électeurs. L’avenir lui aura finalement donné raison, se plaît-il à rappeler.
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Régis Labeaume fait donc partie de ceux qui ne sont pas du tout tombés en bas de leur chaise, jeudi matin, en entendant la ministre des Transports Geneviève Guilbault confirmer l’abandon de la composante autoroutière du projet, dont le coût frôlait désormais les 10 G$. «Pour moi, il n’y a rien de surprenant là-dedans. J’avais dit que ça ne se ferait pas et ça ne se fera pas.»
Deux ans plus tard, rappelons cependant qu’il s’était rallié à la CAQ suivant le dévoilement d’une nouvelle mouture du projet unissant les deux centres-villes, avant de déchanter à nouveau par la suite et de suggérer à M. Legault de «changer d’idée», en fin de carrière.
La pandémie, un faux prétexte?
Selon lui, la pandémie évoquée par le gouvernement, afin de justifier l’abandon du volet autoroutier, n’est qu’un «alibi». «Si ça n’avait pas été ça, ça aurait le fédéral ou autre chose mais ça fait longtemps, selon moi, que la décision est prise que ça ne se fera pas.»
Régis Labeaume dit avoir toujours été convaincu que le besoin était insuffisant pour justifier un tel projet. Et il croit que l’achalandage ne sera pas plus là pour un tunnel dédié à 100 % au transport en commun. «Démographiquement, c’est dans l’ouest que ça se passe», insiste-t-il, rappelant que «75 % des gens de Lévis qui travaillent sur la rive-nord restent à l’ouest et travaillent à l’ouest de Québec».
«Les automobilistes, ils vont continuer à prendre les ponts parce qu’ils ne s’en iront pas dans un champ plus à l’est pour prendre un tramway ou un trambus. Voyons donc! Pourquoi ces gens-là rouleraient plusieurs kilomètres de plus pour aller prendre un transport collectif plus à l’est, en se stationnant là, pour se ramasser dans le centre-ville de Québec et ensuite prendre le tramway pour aller au travail? Ils ne gagneraient pas une minute.»
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Une «pilule pour amortir le choc»
À ses yeux, le nouveau projet de troisième lien – dont on connaît bien de choses – n’est qu’une diversion. Régis Labeaume affirme toujours qu’on devrait prioriser la gestion dynamique des voies sur le pont Pierre-Laporte aux heures de pointe afin d’atténuer la congestion et investir massivement dans le transport en commun sur la Rive-Sud pour faciliter la traversée des ponts actuels.
«L’affaire du tunnel pour le transport collectif, c’est la pilule pour amortir le choc. Les politiciens vont partir en peur. Ça n’arrivera jamais, mais ça va entretenir notre univers politique pendant quelques années parce qu’on aime ça radoter. On s’en reparlera dans dix ans. Ça ne se fera jamais...», insiste-t-il, avec l’assurance qu’on lui connaît.
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