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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

TFI: «On ne vide pas le siège social, on ne déménage pas les gens», martèle le grand patron

Le grand patron de TFI défend sa décision de redomicilier l’entreprise aux États-Unis

Les installations de Canpar, une filiale de TFI International, à Boisbriand.
Les installations de Canpar, une filiale de TFI International, à Boisbriand. Photo MATHIEU BOULAY
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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2025-02-21T05:00:00Z
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Le PDG de TFI International, Alain Bédard, «remercie» ses actionnaires québécois pour leur soutien, mais il insiste: il n’a d’autre choix que de relocaliser le siège social de l’entreprise de camionnage aux États-Unis.

• À lire aussi: Un géant québécois déménage son siège social aux États-Unis

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«On ne vide pas le siège social [de TFI à Montréal]. On ne déménage pas les gens. Ce n’est pas comme Sun Life dans les années 1970 ou le CP dans les années 1990», affirme M. Bédard au cours d’un entretien avec Le Journal, évoquant deux cas célèbres de délocalisation de centres décisionnels.

«On laisse les gens en place et c’est très clair pour tous nos employés que c’est business as usual», précise le dirigeant. Outre Montréal, TFI compte du personnel de direction à Toronto, à Calgary et aux États-Unis.

Photo COURTOISIE
Photo COURTOISIE
Pas la faute de Trump

«Ça n’a rien à voir avec [Donald] Trump et ce qu’il va faire», ajoute-t-il.

Et que dit Alain Bédard à la Caisse de dépôt et au Fonds de solidarité FTQ, qui ont investi des centaines de millions de dollars pour appuyer TFI au fil des ans? La Caisse a déjà exprimé son «mécontentement» à l’entreprise.

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De son côté, Québec n’a pas l’intention d’intervenir «pour le moment», indique-t-on au cabinet de la ministre de l’Économie, Christine Fréchette.

«C’est sûr qu’on remercie nos actionnaires canadiens, qui nous ont soutenus tout ce temps-là, déclare le PDG. On ne leur dit pas de s’en aller. On leur dit: "On est obligés d’évoluer".»

Au début de 2020, TFI a inscrit ses actions à la Bourse de New York. «En cinq ans, notre actionnariat a changé du tout au tout, explique M. Bédard. Aujourd’hui, on se retrouve avec 49,9% de nos actions qui sont détenues par des Américains.» Selon lui, la barre des 50% sera franchie au cours des prochaines semaines.

Les installations de Canpar, une filiale de TFI International, à Boisbriand.
Les installations de Canpar, une filiale de TFI International, à Boisbriand. Photo MATHIEU BOULAY
Exit l’AMF...

Une fois que ce seuil sera franchi, TFI devra respecter les règles du gendarme américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), une obligation qui s’ajoutera à l’encadrement de l’Autorité des marchés financiers (AMF) du Québec.

Mais surtout, une redomiciliation aux États-Unis permettra à TFI de faire partie des indices boursiers américains, ce qui pourrait accroître la valorisation de l’entreprise. Celle-ci tire 70% de ses revenus au sud de la frontière.

Même si le taux d’imposition est plus faible dans des États comme la Floride ou le Texas, une redomiciliation n’engendre «aucun avantage fiscal», assure Alain Bédard, en rappelant que les revenus sont généralement imposés là où ils sont générés.

En furie

Au-delà des considérations financières, un autre élément a pu jouer un rôle dans la décision de TFI, admet M. Bédard: la question des «chauffeurs inc.», ces chauffeurs autonomes qui concurrencent les entreprises de camionnage au Canada.

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«C’est un cancer qui est rampant et puis [Justin] Trudeau, [François] Legault et compagnie, qu’est-ce qu’ils font pour nous aider contre un système gris, illégal, qui tue nos employés et TFI?» lance-t-il.

TFI en quelques dates

  • 1996 Alain Bédard et des partenaires reprennent les activités de Cabano Kingsway, qui était insolvable.
  • 1999 La Caisse de dépôt devient actionnaire de l’ancêtre de TFI. Elle détient aujourd’hui environ 4% de l’entreprise.
  • 2008 Le Fonds de solidarité FTQ prête 100M$ à TransForce, qui deviendra TFI. L’institution a récemment cessé sa relation d’affaires avec l’entreprise.
  • 2020 Alain Bédard redevient résidant québécois après avoir passé plusieurs années en Floride et en Alberta
  • 2021 TFI réalise un grand coup en achetant une filiale d’UPS pour 800M$US.
  • 2023 Hydro-Québec accorde un contrat de 23M$ à TFI pour du transport d’huiles minérales.
  • 2024 Alain Bédard encaisse un profit de près de 25M$ grâce à des options d’achat d’actions de TFI.
  • 2025 L’action de TFI chute de plus de 20% après la diffusion de résultats trimestriels que M. Bédard qualifie lui-même de «désastreux».

D’autres fleurons québécois qui ont déplacé ou dépeuplé leurs sièges sociaux

  • Molson Coors 
  • Bell Canada
  • Banque de Montréal
  • Alimentation Couche-Tard 
  • AEterna Zentaris

– Avec Nicolas Brasseur, Agence QMI

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