Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Taxes à la pompe: les PME québécoises disent non

Partager
Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2025-05-22T00:00:00Z
Partager

La grogne monte chez les petites et moyennes entreprises (PME) du Québec. Dans un contexte où les coûts de l’énergie ne cessent de grimper, 78% d’entre elles lancent un message clair : la taxe sur les carburants, c’est assez.

• À lire aussi: Couche-Tard donne 10 cents de rabais sur l’essence aux Québécois enragés par le prix à la pompe

• À lire aussi: Pas question de baisser les taxes sur l’essence au Québec, prévient le ministre des Finances, Eric Girard

C’est ce que révèle un sondage mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Pour les dirigeants de PME, le prix du carburant est devenu un obstacle majeur à la compétitivité. Pas moins de 83 % affirment que ces coûts grugent leurs marges et nuisent à leur capacité de rivaliser avec les entreprises d’autres provinces.

En comparaison, l’Ontario a déjà abaissé ses taxes sur les carburants, une décision que de nombreuses PME québécoises aimeraient voir imitée ici. Pour François Vincent, vice-président Québec de la FCEI, il est temps d’agir : « La fiscalité énergétique empêche les PME de croître et freine la productivité. Il faut suivre l’exemple des autres provinces. »

Photo d'Archives Stevens LeBlanc
Photo d'Archives Stevens LeBlanc

Un frein à la relance

Le point chaud : la taxe carbone. Unique au Québec depuis que le fédéral a mis fin à la sienne, elle fait l’objet de vives critiques. Les PME dénoncent une surcharge qui pèse davantage ici qu’ailleurs au pays. Plus de deux entreprises sur trois (68 %) refusent d’en payer davantage pour financer le Fonds vert du gouvernement.

Publicité

Est-ce que ça pourrait devenir un problème de compétitivité pour les entreprises québécoises, si elles sont seules à payer la taxe carbone où son équivalent? « Oui, absolument. Ça va être un problème de compétitivité », répond Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

Le professeur rappelle toutefois l’utilité de la taxe pour l’environnement. « Moi-même, j'ai une voiture et je trouve ça frustrant, mais d'un autre côté, les taxes sur l’essence c'est là pour corriger une erreur du marché, une externalité négative. Allez en Europe et vous allez voir qu’il y en a des taxes, pas mal plus élevées qu’ici sur l'essence ».

Que feraient les entreprises?

Et si on supprimait la taxe carbone? Selon les entrepreneurs, une baisse allant jusqu’à 10,7 ¢ le litre pourrait avoir des effets concrets, selon le sondage :

· 36 % baisseraient leurs prix pour les clients;

· 27 % augmenteraient les salaires;

· 24 % gagneraient en compétitivité dans les marchés publics;

· 24 % investiraient dans la productivité.

Depuis la fin de la taxe carbone fédérale, l’inflation a ralenti à 1,7 % en avril, selon Statistique Canada. Et en décembre 2024, Ottawa avait déjà redistribué 2,5 milliards de dollars aux PME, soit une moyenne de 4 000 $ par entreprise — sauf au Québec et en Colombie-Britannique, souligne la FCEI.

« Le message des PME est sans détour : elles veulent un allègement fiscal rapide. À leurs yeux, le gouvernement du Québec doit cesser d’avoir le régime de taxation le plus pénalisant du pays. Pour les entrepreneurs, c’est une question de survie », conclut François Vincent.

Publicité
Publicité