«T'étais où Serge?»: 5 confidences de Serge Thériault tirées du documentaire
Le comédien retraité s’est livré pour la première fois depuis plusieurs années
Raphaël Gendron-Martin
Retiré des projecteurs depuis plusieurs années en raison d’un trouble bipolaire, Serge Thériault se livre pour une rare fois dans le nouveau documentaire T’étais où Serge?.
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Voici cinq citations marquantes tirées du documentaire T'étais où Serge?:
«Je n’étais jamais déprimé sur scène»
«Si ça n’avait pas été de la maladie, je continuerais à jouer. J’aime ça, jouer. Juste jouer, je ne suis plus moi, je suis en dehors de mon corps, je ne suis plus Serge Thériault. Étant une autre personne, c’est plus facile pour moi de m’envoyer en l’air. [...] Je n’étais jamais malade, je n’étais jamais déprimé sur scène. J’étais ce que le rôle me demandait de faire. J’aimais tellement ça jouer, d’être en dehors de moi-même. Le temps où j’étais sur scène, on dirait que je n’avais aucune autre porte de sortie que de jouer. [...] Finalement, c’était le pire métier que je ne pouvais pas choisir compte tenu de la maladie que j’avais. Quand je sortais de là, j’étais épuisé.»
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«Ma mère disparaissait pendant une semaine»
«Ma mère était un peu neurasthénique. Y’a des bouts où elle n’était pas là, elle disparaissait parfois pendant une semaine, deux semaines. Elle s’en allait dans sa chambre et elle dormait, elle ne voulait pas voir personne. [...] Ma mère, qui était dans la trentaine, ne pouvait pas se faire diagnostiquer nulle part. À cette époque-là, la bipolarité, je ne suis pas sûr que c’était dans l’air du temps. Elle a souffert terriblement sans savoir ce qu’elle avait, c’est ça qui est difficile à accepter. Mais qu’est-ce que tu veux, c’étaient les connaissances médicales de l’époque.»
«Il était là pour se suicider»
«Il avait une bonne écoute, mon père. C’était sa plus grande qualité. Tu sentais toujours qu’il y avait de la place pour t’accueillir, jamais pressé avec ses enfants. Je me suis toujours senti libre de faire ce que je voulais faire. C’était un être très chaleureux avec les personnes de sa famille, c’était un grand cœur, mais discret. [...] Un soir, il m’a amené sur le bord du fleuve, dans le port de Montréal. Je me souviens, j’avais eu peur de voir l’eau, ce trou noir-là. J’avais regardé mon père, son visage était comme fermé, il était là et pas là en même temps. Je lui ai dit: papa, j’ai froid. J’ai mis ma main dans sa main. C’est comme si je l’avais sorti d’une affaire. En y repensant plus tard, il était là pour se suicider...»
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«Tu tombes sous l’influence de la coke»
«Les grosses années de la coke, j’en ai pris comme tout le monde. T’étais sous l’influence de la dépression et après ça, tu tombes sous l’influence de la coke. Ce n’est pas bien, bien mieux. Quand t’as pas le goût de rencontrer du monde, c’est la drogue parfaite pour contrecarrer ça. Tu t’en sors mais tu tombes dans un autre piège. Je commençais à être erratique sur le plan du travail.»
«Je suis très bien dans ma solitude»
«Y’a des semaines où je n’ai pas le goût de voir grand-monde. Puis d’autres bouts, je me sens comme: j’aimerais ça faire ci, j’aimerais ça faire ça. Mais il ne faut pas oublier non plus que j’ai mon âge, j’ai 76 ans [il a eu 77 depuis]. Le corps vieillit aussi. [...] Je suis solitaire, mais je suis très bien dans ma solitude. Pour l’instant, je suis bien, ça va, c’est correct.»
T’étais où Serge?, scénarisé et réalisé par Catherine Proulx, sera offert dès vendredi sur ICI TOU.TV EXTRA, puis diffusé le samedi 14 mars sur ICI TÉLÉ.