Sylvie Potvin a vécu sans électricité pendant 10 mois
«À propos d'Antoine» saison 2 disponible sur illico+.

Marjolaine Simard
Sylvie Potvin fait partie de la distribution de la deuxième saison de la série À propos d'Antoine. À 70 ans, cette aventurière, qui a fondé sa première compagnie théâtrale alors qu’elle n'avait que 14 ans, déborde d'énergie et de projets. Son parcours fascinant l'a menée de la côte ouest américaine à Montréal pour devenir la comédienne aux talents multiples que l’on connaît. Elle nous livre ici le récit captivant de son cheminement.
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Sylvie, parlez-nous du personnage que vous incarnez dans la série À propos d’Antoine...
Ç’a été une expérience vraiment joyeuse! J’incarne Annie, la mère de Julie; elle accueille sa fille chez elle après sa séparation. Que dire? Il régnait une ambiance de bonheur sur le plateau. L’équipe était formidable: les techniciens, les costumiers, les maquilleurs... Tout le monde était heureux d’être là. Et Cathleen Rouleau... Quelle belle personne! Elle a un courage incroyable de partager son histoire et sa vie avec Antoine, le fils polyhandicapé de son amoureux. Cette fille dégage une énergie fantastique!
Quand avez-vous découvert votre passion pour le jeu?
Ma passion a débuté dès mon enfance! Et dès l’adolescence, à l’âge de 14 ans, j’ai fondé une compagnie de théâtre: Le Cerf-Volant. Nous produisions des spectacles pour enfants: on créait les décors et les costumes, et on écrivait les textes... Et surtout, on s’amusait énormément. À cet âge, on a encore une part d'enfance. Et notre envie de jouer était plus forte que tout. L’amitié entre nous, dans la troupe, était très forte aussi, ce qui a permis à l’aventure de durer quelques années. Notre compagnie était située en Outaouais!
Vous êtes originaire de l’Outaouais?
En fait, je viens d'Ottawa, de la Côte-de-Sable. On a dû arrêter la compagnie quelques années plus tard lorsque des membres ont été acceptés à l'École nationale de théâtre. Jacques L’Heureux faisait partie de la troupe. Pour ma part, à cette époque, je n'avais pas encore trouvé ma voie. Je faisais partie de ceux qui prennent leur temps. J'avais besoin de voyager, d'explorer différentes choses, notamment les arts visuels. J'ai donc fait un bac en arts visuels, où j'ai touché à la peinture, à la sculpture, à la photographie, au cinéma, aux performances...
Est-ce après cette formation que la comédie est revenue dans votre vie?
Pas encore! Je n’ai pas fait d’école de théâtre. Le chemin que j’ai emprunté, je ne le recommande pas forcément. Quand je donnais des ateliers d’impro et que je voyais des gens se démarquer par leur bonheur de jouer, je leur disais: «Va dans une école de théâtre!» Honnêtement, ne pas passer par l’école, ce n’est pas la meilleure idée. Je suis une grande curieuse. Alors, j’ai eu besoin de voyager, de vivre des expériences différentes, comme pêcher le saumon, vivre sur la côte ouest américaine et canadienne, parfois sans électricité. J'ai vécu aux îles de la Reine-Charlotte (qui s’appellent aujourd’hui Haïda Gwaii), à Prince Rupert, à Vancouver, à Victoria, et même en Californie. Je ressentais le besoin de vivre dans une commune, d’être une «tripeuse», une hippie!
Racontez-nous ce qui vous a amenée à Montréal...
Après une belle année de bohème, dont 10 mois sans électricité, je me suis rendu compte que j'avais besoin de vivre en français. C’est ce qui m’a poussée à revenir. J'avais été une hippie, et le moment était est venu de passer à autre chose. Je suis arrivée à Montréal en janvier 1979, avec 29 $ en poche. J’étais tellement heureuse!
Que s’est-il passé pour vous à cette époque?
J’ai vu Paul et Paul de Claude Meunier, Serge Thériault et Jacques Grisé, et là, j’ai eu un coup de foudre! Puis, j’ai découvert les matchs d’impro, et ce fut pareil. Comme j'avais des contacts dans le milieu théâtral, on m’a proposé de monter un spectacle. En 1981, avec huit personnes, on a créé Montréal Transport, un spectacle qui a eu un grand succès. Des membres de la LNI et Claude Meunier sont venus voir le show. C'est là que tout a commencé: l’impro que j’ai pratiquée pendant 20 ans et ma collaboration avec Claude Meunier qui m’avait demandé de jouer des rôles féminins aux Lundis des Ha! Ha!.
Puis un jour, vous êtes devenue Linda Gaudette dans La petite vie...
Linda, je l'ai créée quand j'avais environ 12 ans. J'imitais la cousine de mon père, qui venait du Massachusetts. Elle faisait partie de ces francophones expatriés aux États-Unis qui revenaient en vacances l'été. J'adorais sa façon de parler. Linda était également un personnage de Montréal Transport que Claude Meunier adorait. C’est de là que vient ce personnage.
Vous n’interprétez pas que des rôles comiques. Vous avez joué dans L'amour avec un grand A de Janette Bertrand en 1981.
C'était une émission avec Sylvie Léonard et Ghyslain Tremblay. Je jouais l'amie de Sylvie, une femme témoin de la violence conjugale subie par son amie. Ç’a été pour moi l’occasion de travailler avec Janette, une femme extraordinaire! Son amour, sa jeunesse d'esprit, sa détermination ... Quelle inspiration! Ensuite, j’ai fait beaucoup d’émissions jeunesse, puis dernièrement j’étais de la distribution d’Indéfendable et d’À cœur battant.
Parlez-nous des organismes dans lesquels vous êtes impliquée...
Je suis co-porte-parole de la Semaine québécoise intergénérationnelle.On souhaite faire en sorte que des personnes plus âgées rencontrent des personnes plus jeunes en faisant des activités. Une autre chose importante, c'est que je suis bénévole au Chaînon. J'encourage les gens qui ont du temps dans la vie à faire partie de cette chouette équipe.
Vous avez eu 70 ans cette année. Comment vous sentez-vous?
Oui, j’ai eu 70 ans et j’ai plein de projets! J’ai commencé, entre autres choses, à fabriquer des marionnettes en bois et en terre. Je suis en train de la bâtir avec l’aide de Claude Rodrigue, qui est conceptrice, factrice et professeure de marionnettes. C’est une grande passion!