Cathleen Rouleau: Une poignée de main l’a menée à L’Olympia de Paris
«À propos d'Antoine» saison 2 disponible sur illico+

Marjolaine Simard
Enfant, Cathleen rêvait de fouler les planches. Si elle nourrissait le projet d’une formation théâtrale, un concours de circonstances l’a finalement conduite à l’École nationale de l’humour, dont elle a obtenu son diplôme en 2006. Plus tard, l’un de ses numéros se démarque: il raconte son quotidien aux côtés d’Antoine, le fils polyhandicapé de son conjoint. Elle ne se doutait pas alors que ce numéro deviendrait une série télé — À propos d’Antoine — et qu’elle le reprendrait des années plus tard sur la prestigieuse scène de L’Olympia de Paris. Rencontre avec une femme pétillante aux multiples talents.
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Dans la première saison de ta série, tu as mis en lumière ton quotidien auprès d’Antoine, le fils de ton conjoint, Sylvain Parent-Bédard, le président et fondateur de ComediHa! Que peux-tu nous révéler sur la deuxième saison, qui a pris son envol sur illico+?
Dans cette deuxième saison, j’ai voulu approfondir le thème de la famille. Ce que traverse Antoine n’affecte pas que lui, mais tout son entourage, que ce soit dans les moments de joie comme dans les drames. Chaque nouvelle étape de son parcours a des répercussions sur les membres de la famille. Dans la nouvelle saison, on découvre également Annie, la mère de Julie, qui est incarnée par Sylvie Potvin.
Avais-tu envie de mettre en lumière ta réalité familiale, celle que tu vis réellement au quotidien?
Exactement! On a une grande famille 2.0. On voyage ensemble, on part au chalet, on fête Noël, on a même été confinés ensemble. Et tout ça dans une ambiance très saine. C’est vraiment magnifique! La mère des enfants (incarnée par Fanny Mallette dans la série) est une amie proche dans ma vraie vie. Elle était chez nous hier soir pour fêter l’anniversaire de ma fille. Cette complicité familiale, je voulais vraiment la partager, car elle m’inspire profondément. Cette saison, on découvre aussi une nouvelle condition médicale chez Antoine, ce qui aura un impact important sur la suite de l’histoire.
Lors de la finale de la première saison, Julie décide de quitter Marc et repart à Montréal.
Elle prend cette décision entre autres après avoir appris du médecin qu’il y a un espoir pour la guérison d’Antoine. Julie réalise que cette famille mérite une seconde chance. Elle se sent de trop! Est-ce qu'elle restera à Montréal? Reviendra-t-elle avec Marc? Attendez-vous à un gros retournement dès les premières secondes du premier épisode!
Est-ce qu’Antoine était heureux de reprendre son rôle?
Au moment du tournage, Antoine traversait une phase de médication complexe. Après un certain temps, il s’habitue à ses médicaments, mais nous étions dans une phase d’ajustement lorsque les tournages ont commencé, ce qui a rendu les choses un peu plus difficiles. Cela dit, on a abordé le travail de la même manière que lors de la première saison, c’est-à-dire avec beaucoup de bienveillance et d’écoute envers lui.
Que notes-tu de différent sur le plateau cette saison, outre le fait que la réalisation est maintenant assurée par Claude Desrosiers?
Pendant le tournage de la première saison, les comédiens me demandaient: «Si je m’approche d’Antoine, c’est-tu correct? Est-ce que je peux le toucher?» Cette année, les comédiens arrivaient et ils criaient «Antoine!», pleins d’enthousiasme. Les gens étaient beaucoup plus détendus parce qu’ils savaient à quoi s’attendre. Parfois, Claude Legault me disait: «Ouais, il est fragile aujourd’hui!» Cela démontre qu’il est à l’écoute et sensible. Et Claude Desrosiers est arrivé avec une ouverture d’esprit et une humilité formidables. On a tous adoré son approche!
Te destinais-tu à devenir humoriste ou scénariste étant plus jeune?
Je souhaitais devenir comédienne. J’ai passé des auditions dans les écoles de théâtre. À ce moment-là, j’étais au cégep et je devais reprendre deux cours qui m’ennuyaient profondément pour obtenir mon diplôme. Je me suis dit que j’allais mourir si je devais me consacrer juste à ces deux cours. J’en ai donc suivi un autre, le soir, à l’École nationale de l’humour. Ce fut une révélation et j’ai décidé de m’inscrire à temps plein en interprétation. Aujourd’hui, je fais exactement ce que j’ai toujours voulu faire: jouer, faire de la télé, de l’humour et écrire. J’ai aussi publié des romans pour la jeunesse.
Tu as cessé de monter sur scène pendant six ans. Pourquoi?
Il y a six ans, je vivais une séparation. Une véritable traversée du désert.
Tu parles de la séparation avec celui que tu as nommé Léandre, incarné par Iannicko N’Doua, dans ta série?
Exactement! Même si c’est moi qui suis partie, ç’a été très difficile de gérer les conséquences de cette rupture. Ça m’a éteinte! Je ne savais plus ce que j’avais envie de dire sur scène, et je n’avais plus le goût de rire. C’est à ce moment-là, en 2018, que j’ai décidé de retourner sur les bancs de l’École nationale de l’humour pour suivre une formation en scénarisation. J’ai alors écrit un numéro sur mon quotidien avec Antoine, qui a inspiré la création de la série que je coécris avec Benoît Pelletier.
Et tu viens de présenter ce même numéro sur la mythique scène de L’Olympia de Paris!
C’est complètement fou pour une fille qui a évité la scène pendant six ans. Un jour, je suis allée voir un spectacle de Jarry, à Montréal. On se connaît, c’est un ami, et je suis allée lui souhaiter de s’amuser. Et là, il me dit: «Je veux que tu viennes faire ma première partie à L’Olympia, en octobre, à Paris!» Je lui ai répondu: «T’es fou, on n’a pas du tout le même style ni la même énergie! Je viens de reprendre doucement la scène... Je ne sais même pas ce que je pourrais présenter!» Et là, il ajoute: «Si tu me serres la main, tu ne peux pas reculer!» Dans un élan, je lui ai serré la main. Je l’ai regretté instantanément. J’avais peur, je me disais que j’allais me planter. Puis, quelques jours plus tard, après mon gala à Québec, où je présentais mon numéro de 2018 sur Antoine, Jarry vient me voir en coulisses. Il me prend par les épaules et me dit: «Meuf, c’est ta place! Fais exactement ce numéro à L’Olympia, ça va déchirer!»
Tu t’es donc retrouvée en première partie du spectacle Bonhomme, de Jarry, à Paris...
Le soir où je faisais la première partie, juste avant de monter sur scène, je me suis dit: «OK, je suis un tigre!» Et je suis arrivée sur scène avec cette image en tête. Ç’a été formidable. Les Français ont tout compris, ils ont tout accepté. C’était magique! Puis, quand je suis retournée m’asseoir dans la salle avec ma famille pour voir le show de Jarry, toute une section du théâtre m’a applaudie. À ce moment-là, je me suis dit: «Ça a marché! C’est reparti!»