Subvention au Starlink d’Elon Musk: pas moyen de toucher les 2000$ que Québec lui doit
Le député responsable invite les Québécois à lui écrire directement


Julien McEvoy
Comme à bien des endroits au Québec, la qualité de la connexion internet est un problème à Grenville-sur-la-Rouge. Les villageois peuvent s’abonner à un service satellite et s’en faire rembourser une partie par le gouvernement, sauf que parfois, le chèque n’arrive jamais.
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«Après 20 courriels et autant d’appels, je n’y crois plus», lance Benoit Dufour, un résident de ce village situé à mi-chemin entre Ottawa et Montréal, au sujet du Secrétariat à l'Internet haute vitesse, qui gère la subvention de Québec.
Le consultant en ressources humaines s’est abonné à Starlink en janvier 2022. Il en avait assez de devoir sauter dans son camion et de se rendre près de la rivière des Outaouais, à 10 km de la maison, pour capter du signal et assister à ses réunions Zoom.
En attendant que Bell passe la fibre optique dans son coin des Laurentides, il s'est équipé d'une soucoupe à 691,12$ qui donne accès à une connexion de 100 mégabits (Mbit/s).
Starlink appartient à Space X Canada, elle-même propriété du milliardaire américain Elon Musk. Sa constellation de satellites qui tournent à 550 km autour de la Terre offre un délai de transmission de données équivalent aux réseaux de fibres optiques.
Ces objets aussi techno que volants ont un prix : 160,97$ par mois. À Grenville-sur-la-Rouge, Benoit Dufour a payé 3566,43$ pour 22 mois de service.
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La CAQ à votre service
Neuf mois après son abonnement, il a appris qu’il se qualifiait pour une nouvelle subvention de Québec. Le coût de sa soucoupe était couvert et on lui offrait un tarif préférentiel.
C'est plus de 2000$ qui lui revenaient. Mais les mois ont passé et le chèque n’est jamais arrivé, on le renvoie du ministère à Starlink et vice-versa.
«Mon voisin est dans la même situation. C’est ridicule», raconte celui qui a déposé une plainte auprès d’une fonctionnaire à Québec, sans succès.
Le système n’est pas parfait, reconnaît-on au gouvernement. Le député caquiste responsable du dossier, Gilles Bélanger, invite les Québécois qui vivent le même problème à lui écrire personnellement.
«Je suis capable de faire débloquer les dossiers», a indiqué l’élu d'Orford au Journal, lundi, avant d’ajouter qu’il traite «au moins» 20 cas de la sorte chaque semaine.
De Québec à Elon Musk
Le gouvernement Legault a donné 136 M$ à l’entreprise d’Elon Musk depuis 2022 dans sa quête de brancher tout le Québec à l’internet haute vitesse.
L’argent sert à payer la soucoupe aux «foyers orphelins» qui se qualifient. Il sert aussi à s’occuper d’une partie des mensualités, afin de les maintenir à 90$ par mois maximum.
Quand la CAQ est arrivée au pouvoir en 2018, le Québec comptait 248 000 foyers non branchés. Le gouvernement Legault a investi sans compter afin de créer une carte interactive qui les répertorie.
Ce service de première ligne est offert par courriel et ne dispose d’aucun centre d’appel. C’est pourquoi le député Bélanger le gère à la mitaine.
Si Benoit Dufour profite maintenant de la fibre optique installée par Bell à Grenville-sur-la-Rouge, il lui reste à écrire au député d'Orford pour récupérer sa part des 136 millions $ offerts à Elon Musk.
L’adresse courriel de Gilles Bélanger est le gilles.belanger@assnat.qc.ca
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